L'institut de recherches stratégiques israélien " Begin-Sadat" met en garde l'Arabie saoudite : "le royaume va à sa perte pour cause de politiques irrationnelles et de ses crises à répétition au sein du monde arabe".
Depuis le rapprochement israélo-saoudien qui s'est fait sur le dos de la Palestine, les think tanks israéliens multiplient les études sur ce qui "ne va pas dans le monde arabe", comme si ce "monde arabe" leur appartenait et de diagnostiquer les maux arabes voire d'y trouver des remèdes! Il est surtout question pour ces centres de recherche d'attiser à travers leurs analyses le processus de "diabolisation" de l'Iran aux yeux des régimes arabes, état de choses qui, on s'en doute, bénéficie largement au régime israélien.
Ainsi l'institut précité tire la sonnette d'alarme sur la situation qui prévaut actuellement au sein du Conseil de coopération du golfe Persique et prévoit l'effondrement du régime de Riyad, "puisque ces politiques renforceraient en premier lieu la soi-disant "emprise iranienne" sur le golfe Persique. " La crise qui oppose le Qatar au Conseil de Coopération du Golfe (Persique) renforcera l'assise iranienne dans les capitales arabes, poursuit l'étude qui prétend que la prochaine " capitale arabe " à " être placée sous la férule iranienne serait Manama"! Cet argument servira évidemment de prétexte au régime de Bahreïn pour réprimer plus violemment sa population à majorité chiite.
Cette partie de l'analyse terminée, l'orientaliste Cohen se pose une question : " Un nouveau printemps arabe dans le Golfe (persique)? " et il répond : " à vrai dire, tout est possible. Les crises économiques sans précédent dans les pays du Golfe (persique) s'ajoutent aux prises de décisions souvent non rationnelles, ce qui fait craindre des soulèvements de masse dans la région. Il y a là le risque d'un réel "Printemps arabe" avec en toile de fond l’écroulement des régimes monarchiques de la région. Parmi ces monarchies, il y en a toutefois une qui est plus exposée : il s'agit de la monarchie des Al Saoud qui court à sa perte pour cinq raisons : la baisse du prix du baril qui a provoqué une profonde crise économique au royaume. Les largesses saoudiennes dont beaucoup de pays ont profité à commencer par l'Égypte de Sissi. Depuis mi-2013, des centaines de milliards de dollars d'aide financière ont nourri les caisses de l'État égyptien. Vient ensuite la guerre au Yémen, dévastatrice, dont les coûts pèsent de tout poids sur la balance budgétaire saoudienne. Et puis le népotisme propre à la famille des Al-Saoud ( il est surprenant de voir comment le chercheur israélien traite la famille royale connue toutefois pour sa sympathie envers Israël, NDLR), où princes et roitelets se rivalisent de zèle pour ramasser le plus d'argent possible. Et en dernier lieu, l'Israélien renvoie le lecteur à la crise de l'Arabie saoudite avec le Qatar, qui à le croire, a eu des "impacts très néfastes" sur l'état qui sévit au sein du monde arabe.
Et l'analyste d'ajouter :" les initiatives prises par Riyad pourraient finir par provoquer la colère du peuple saoudien avec à la clé un soulèvement populaire comme celui qui s'est produit fin 2010 début 2011 en Tunisie, au Yémen, en Égypte ou encore en Libye. Les mesures comme la réduction des salaires des fonctionnaires au sein des ministères ou de l'Armée d'ordre de 300 dollars ou encore la suppression des primes parallèlement à la hausse des impôts pourraient précipiter les protestations de masse."
Même les détails n'échappent pas à Cohen qui écrit : la taxation des conducteurs qui veulent se garer en pleine rue à Riyad est une chose nouvelle et passe très mal au sein de la population, idem pour ces impôts que les passagers saoudiens sont contraints de payer à chaque fois qu'ils veulent se rendre dans un pays voisin". Avant de finir son étude, l'auteur met en garde aussi les États-Unis contre une crise structurelle au sein des monarchies du golfe Persique, crise qui pourrait "renforcer non seulement l'assise iranienne ", mais aussi aider la Russie " à étendre son influence dans la région du Golfe (persique) au grand dam des Américains". Cohen demande donc très solennellement à Washington de " faire quelque chose pour éviter qu'un nouveau Printemps arabe n'éclate cette fois dans le golfe Persique où " les États-Unis détiennent de multiples bases militaires".
Plus de six ans après " Printemps arabe, il est clair que cet évènement a été un échec pour les peuples de la région. Les aspirations démocratiques des peuples ont été détournées de leurs objectifs premiers par les grandes puissances qui en ont profité pour provoquer l'effondrement de quelques pays riches et clés de la région, dont la Libye, la Syrie ou l'Égypte. Les prévisions du chercheur israélien donnent-elles un avant-gout de ce que serait le second volet de "Printemps arabe", visant cette fois les riches monarchies du golfe Persique? Et dans ce possible complot, qui est à craindre : L'Iran qui pâtira de toute instabilité à ses portes ou Israël qui gagnera en poids et en influence au cas d'affaiblissement de ses voisins?