Les provinces du sud du Yémen sont le théâtre de dangereuses évolutions: l'un des scénarios les plus diaboliques consisterait à créer un "État indépendant" à Aden, sous la triple tutelle émiratie, saoudienne et américaine. Le journaliste Abdel Fatah Haidara fait publier sur le site Al Marsad al-Anba un article où il évoque divers scénarios auxquels le peuple yéménite, victime de trois ans d'agression saoudienne, pourrait faire face.
L'article commence ainsi: "Regardez cette photo. C'est celle du gouverneur d'Aden, Idrus al-Zubaidi, enfermé dans un réduit aux parois en verre blindé. Le gouverneur est entouré de gardes du corps saoudiens, émiratis, saoudiens, américains et britanniques. Un peu au fond, ce sont les Israéliens qui lui assurent sa protection" . Et le journaliste d'ajouter: "Cette photo donne un avant-goût du plan que mijotent les puissances d'agression dans le sud du Yémen où elles projettent de créer un État composé de deux provinces d'Aden et de Bab el-Mandeb auxquelles ils comptent ajouter les côtes ouest de Taëz. Suivant ce plan, ce sont les cinq pays que sont l'Arabie saoudite, les EAU, la Grande-Bretagne, les États-Unis suivis d'Israël qui assureront "la protection" de cet État factice.
Divers scénarios sont évoqués dans les officines outre-Atlantique et israéliennes dans le cadre de ce plan: le premier pousserait à la dissolution du parti "Islah" (Réforme) lié aux Frères musulmans et à mettre hors d'état de nuire le Qatar. L'État d'Aden à faire naître, naîtra donc sous les auspices émiratis et saoudiens. Le plan reprend point par point la formule de l'envoyé onusien pour le Yémen, Malad Al Cheikh, laquelle plaide pour un "Yémen fédéral" et un "État autonome incluant Aden, Bab el-Mandeb et Taëz-Iuest".
Le deuxième scénario à concrétiser au cas de l'échec du premier, viserait à transférer dans le sud du Yémen, les terroristes d'al-Qaïda et de Daech, en action en Syrie et en Libye. Ce scénario, parrainé là aussi, par Riyad, Abou Dhabi et Tel-Aviv, devrait accuser dans son second volet le Qatar de soutien au terrorisme, façon de justifier la mise en place d'une "coalition anti-terroriste" dans le sud du Yémen.
Plus complexe est toutefois le troisième scénario qui activera trois axes différents toujours dans le sud yéménite: un premier axe, composé des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de l'Arabie saoudite, des EAU et d'Israël, axe chargé de créer l'État du Yémen et dont le membre le plus intéressé par ce projet est Abou Dhabi.
Le deuxième axe, toujours composé des États précités travaillera sur les courants séparatistes du sud de façon à les pousser à proclamer la naissance d'un État Adeniste indépendant. Quant au troisième axe, il serait formé par des mercenaires étrangers et yéménites de Riyad, facilement "soudoyables" et aptes à ouvrir un "front de combat" contre l'armée yéménite et Ansarallah. Ce troisième axe aura pour tâche de contrer toute tentative des forces yéménites destinée à maintenir l'intégrité du Yémen et à éviter son démembrement.
De toute évidence, le Yémen court droit vers une "soudanisation" avec en toile de fond la séparation du sud yéménite, cette région ultrastratégique qui comprend l'une des plus importantes voies maritimes du monde: Bab el-Mandeb.
Comme en 2011 pour le Soudan, Israël joue le rôle pivot dans les trois scénarios. C'est sous l'auspice des Israéliens que la rébellion sudiste a réussi en 2011 à faire naître aux forceps le Soudan du Sud et à scinder en deux le grand et pétrolier pays africain que fut le Soudan. Depuis, pas un jour ne passe au Soudan sans que les "sudistes" et les "nordistes" ne s'entre-tuent. L'emprise israélienne sur le détroit de Bab el-Mandeb est tout ce qui compte pour Israël et le démembrement du Yémen en est la solution.