Le roi Salmane d’Arabie saoudite et son fils Mohammed ben Salmane, fraîchement désigné comme son successeur, n’assisteront pas au sommet des pays du G20 vendredi et samedi à Hambourg, a annoncé le lundi 3 juillet le porte-parole du gouvernement allemand.
Les médias des pays du golfe Persique mettent en avant la crainte d’un coup d’État en Arabie saoudite au cas où ses souverains quitteraient le pays pour assister au sommet du G20 en Allemagne.
Le roi Salmane redouterait un coup d’État fomenté par Mot'ab, fils du défunt roi Abdallah ben Abdelaziz et chef de la garde nationale.
La presse saoudienne a justifié le refus du roi Salmane de participer au sommet du G20 par la crise du Qatar, en s’abstenant de donner plus de détails. Mais cet argument n’a pas convaincu les plus fins observateurs qui ont tenu à percer le mystère.
Le sommet du G20 est pourtant d’une importance capitale pour l’Arabie saoudite qui est l’un des premiers producteurs mondiaux de pétrole. Il était prévu que le prince hériter Mohammed ben Salmane, qui centralise désormais tous les attributs de l’autocrate moderne, y assiste en tant qu’instigateur d’un vaste programme de modernisation du pays, Vision 2030, qui cherche, selon ses termes, à sortir de « la dépendance au pétrole ».
L’agence de presse allemande DPA évoque la crise diplomatique avec le Qatar comme principal motif de l’absence du prince héritier saoudien au G20. Par contre, le ministre des Finances, Mohammed al-Jadan, y représentera la monarchie saoudienne.
Pour l’heure, la menace vient de Mot'ab ben Abdallah, fils de l’ex-roi Abdallah ben Abdelaziz et chef de la garde nationale. La semaine dernière, le quotidien syrien Al-Watan évoquait les efforts de Mohammed ben Salmane pour évincer Mot’ab. La garde nationale en Arabie saoudite doit en fait être considérée comme une armée parallèle constituée de 150 000 militaires issus de tribus différentes. Les commandants de la garde sont des princes héritiers marginalisés ou ne faisant pas partie des fils et petits-fils d’Abdelaziz Al Saoud, le roi fondateur du royaume wahhabite.
Paradoxalement, la désignation de nouveaux commandants au sein de la garde nationale et l’éviction des anciens ne seraient pas une solution adéquate étant donné l’enchevêtrement de leurs liens parentaux et tribaux.
L’emprise de Mohammed ben Salmane sur la garde nationale n’est pas certaine, estiment les médias arabes, car une telle mainmise sans précédent signifierait que le roi Salmane s’est dressé contre toutes les traditions de la famille Al Saoud à l’égard des grandes tribus arabes.