Le président français, Emmanuel Macron a prononcé lundi un très long discours de près d'une heure et demie devant les parlementaires où il a évoqué les conditions de son élection, les attentes des Français, sa conception du pouvoir, sa vision des institutions, son diagnostic de l'Europe, les grands défis du monde contemporain, la lutte contre le terrorisme ou encore le rôle des médias.
"J'appelle à en finir avec la chasse à l'homme où parfois des réputations sont détruites", a-t-il lancé en allusion transparente aux récentes affaires qui ont provoqué le départ de quatre ministres de son gouvernement. Deux parties ont toutefois attiré en priorité l'attention des analystes: la "réduction du nombre de députés" qui signifierait à terme un amoindrissement du poids du parlement et la manière dont il entend faire passer ses "réformes institutionnelles".
"Un Parlement moins nombreux, mais renforcé dans ses moyens, c'est un Parlement où le travail devient plus fluide (...) c'est un Parlement qui travaille mieux", a-t-il assuré en prônant "action" et "efficacité" à tous les niveaux du pouvoir.
Quant aux réformes institutionnelles, le président Macron, en mettant en garde des parlementaires, a affirmé qu'ils seront appelés à voter ces textes: "Si cela est nécessaire, je recourrai au vote de nos concitoyens par voie de référendum." Soucieux de cajoler les Français, il a encore précisé que le droit de pétition serait revu "afin que l'expression directe de nos concitoyens soit mieux prise en compte".
L'exposé inhabituel du président français a provoqué l'ire de l'opposition qui dénonce une "dérive autoritaire". En effet, certains sièges des 577 députés et 348 sénateurs restaient vacants lundi, notamment ceux des députés du parti de gauche radicale La France insoumise et des parlementaires communistes, qui ont décidé de boycotter la session.
L'opposition se réfère à la constitution de la Ve République, qui réserve la réunion du Congrès à des actes solennels. Pas à la présentation du programme du quinquennat. En décidant d’annoncer son programme dans ces conditions, Emmanuel Macron, selon l'opposition, mettrait sens dessus dessous l’ensemble de l’édifice constitutionnel français, un édifice qui veut que le gouvernement, et son chef, le Premier-ministre, déterminent et conduisent la politique de la Nation.
L'opposition dénonce aussi le refus inhabituel de Macron de prononcé un discours à l'occasion du 14 juillet. A travers cette interview, le Président s’adressait en effet "directement au peuple et non à ses représentants" au peuple qui est le dépositaire de la souveraineté nationale. Du coup, c'est la nature autoritaire des pratiques du président français qui est remise en cause.
La République en Marche et ses alliés trustent l’essentiel des postes. Avec la décision du Président de la République de présenter un message au "congrès" (l’Assemblée Nationale et le Sénat) réuni à Versailles, la boucle est bouclé. Les projets d’ordonnances et de lois viennent compléter le tableau, affirme l'analyste et économiste de renom, Jacque Sapir.
Avec Le Causeur et Le Figaro