Avec l’expiration de l’ultimatum des pays ayant boycotté le Qatar pour le contraindre à accepter leurs doléances, on peut parler de plusieurs scénarios qui pourraient être réalisés contre Doha.
Selon l’agence de presse iranienne Arya News qui cite un article du journal arabophone londonien Rai al-Youm, la suspension du membership du Qatar au sein du Conseil de coopération du golfe Persique (CCGP) et l’arrêt de la diffusion de la chaîne Al-Jazeera, sur les satellites Arabsat et Nilesat, font partie des cinq scénarios les plus plausibles qui pourraient avoir lieu, une fois cet ultimatum terminé.
Pour l’éditorialiste du journal Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, la réaction de Doha a été sérieuse, à tel point que le ministre qatari des Affaires étrangères, Mohammed ben Abderrahmane Al Thani, a affirmé, lors d’un point de presse à Rome, que les revendications des pays arabes ont été rédigées de manière à entraîner le rejet du gouvernement qatari et pour mettre en cause la souveraineté même du Qatar.
Il parait très peu probable qu’après toutes ces menaces, les ennemis du Qatar fassent preuve de patience avant de passer à l’étape suivante. Au contraire, on pourrait imaginer qu’il existe un plan sérieux sur lequel les pays ayant boycotté le Qatar sont parvenus à une parfaite entente et ce plan, on pourrait le résumer ainsi :
- Suspension du membership du Qatar au sein du CCGP
Le ministre saoudien des Affaires étrangères en a déjà ouvertement parlé. Il reste juste à obtenir l’avis positif du Koweït et d’Oman.
- Arrêt définitif de la diffusion de la chaîne Al-Jazeera sur les satellites Arabsat basé à Riyad et Nilesat, au Caire
Rappelons que l’Arabie saoudite avait pris auparavant une mesure pareille contre les chaînes satellitaires proches de l’Iran et la Syrie.
- Recours à la CPI
Les ennemis du Qatar pourraient élaborer à La Haye des documents sur l’implication de certaines personnalités qataries dans le financement des groupes terroristes.
- Sanctions économiques
Ces pays pourront intégrer le nom du Qatar sur la liste des sanctions économiques, à l’instar des mesures prises par des pays arabes, face à Israël, avant de passer à l’étape de la signature des accords de paix. Ils pourront également mettre les compagnies internationales dans l’obligation de choisir entre deux options : travailler avec Doha ou avec la coalition composée de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de Bahreïn et de l’Égypte.
- Attaque financière
Cette étape consiste à vider les comptes émiratis et saoudiens auprès des banques qataries et à bloquer à la fois les biens du Qatar dans les 4 pays précités.
Atwan fait ensuite allusion aux déclarations de l’ancien général saoudien, Anwar Eshki, très proche encore des milieux décisionnaires de Riyad, d’après lequel, des mesures punitives s’exerceront contre le Qatar sur deux plans : des mesures ouvertement annoncées et celles qui restent confidentielles, pour l’instant.
Cette deuxième catégorie de mesures punitives pourrait aussi comprendre l’option militaire. Les estimations d’Anwar Eshki laissent largement imaginer ce scénario : « La mission des forces turques qui viennent au Qatar, étant donné leurs équipements militaires, ne consisterait pas à écarter une ingérence militaire étrangère, mais à intervenir en cas d’émeutes internes».
Bien qu’assez vague, cette analyse permet, selon Abdel Bari Atwan, de présager que le plan de Riyad et ses alliés pour le Qatar consistera à y inciter un coup d’État interne avec l’appui d’une faction de la famille royale au pouvoir ou de certaines puissantes tribus qataries.
Quoi qu’il en soit, les responsables qataris savent bien qu’ils vont devoir s'attendre à des jours difficiles. Ils ont pourtant décidé de s’opposer à la liste de 13 doléances des pays arabes, pour rendre difficile la mission de leurs ennemis.
Pour finir, l’éditorialiste de Rai al-Youm précise qu’il resterait juste à attendre quelques heures pour découvrir lequel des scénarios déclarés ou secrets anti-qataris verra le jour, mais cette affaire risque de déstabiliser toute la région du golfe Persique.