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Ben Salmane détrône Ben Nayef

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le prince Ben Salmane désigné "prince héritier". (Photo d'illustration)

Le limogeage par décret royal du prince héritier saoudien, Ben Nayef, au profit du fils du roi Salmane est qualifié par des milieux politiques de "coup d'État". En effet, l'initiative est inédite depuis la formation du royaume saoudien dans la mesure où le pouvoir se transmet de frère en frère. Ben Nayef et son clan ont été écartés du trône au terme de trois ans de querelle intestine qui n'a jamais quitté toutefois les palais. 

Ben Salmane a monté les échelons un par un : il a débuté au ministère de la Défense avant d'être désigné "successeur" du prince héritier. Cette montée en puissance s'est faite bien sûr sur le dos de Ben Nayef, de plus en plus isolé sur la scène politique et écarté de toute manifestation publique. Ben Salmane s'est donc érigé en successeur "légitime" du roi, en occupant partout le devant de la scène bien que son action ne soit jamais à la hauteur. 

C'est Ben Salmane qui a déclenché la guerre au Yémen, signant les néoconservateurs US dont il dit s'inspirer. Quant au dossier syrien, Ben Salmane est à l'origine d'un virage encore plus belliciste par rapport à ses prédécesseurs. Et les relations avec l'Iran? La politique saoudienne du temps de Ben Salmane s'est voulue résolument anti-iranienne. Le nouveau prince héritier au profit de qui le roi pourrait bien abdiquer avant terme a juré haine et animosité à l'Iran : il veut même, le cas échéant, "porter la bataille sur le sol iranien". Un dernier tweet signé par Ben Salmane, juste après sa désignation, confirme d'ailleurs cette ligne guerrière. Cette déclaration de guerre a précédé d'ailleurs de quelques semaines le double attentat terroriste qui a frappé le Parlement iranien et le mausolée du fondateur de la République islamique. 

Mais l'Iran n'est pas l'unique pays contre qui Ben Salmane a déclaré la guerre. Le Qatar, pourtant allié et frère de Riyad, a subi lui aussi les foudres de Ben Salmane. Bahreïn, les Émirats et l'Égypte, plus les pays satellites qui entourent l'Arabie saoudite imposent depuis bientôt un mois un blocus maritime, terrestre et aérien au Qatar. 

En ce sens, la nomination de l'enfant terrible du trône saoudien à la tête d'un royaume économiquement en crise et qui navigue à vue, ne promet rien de bon pour l'avenir de la région. Au Yémen où plus de 12 000 civils ont perdu la vie sous les bombes, la guerre "stérile" risque de perdurer. Idem pour les liens saoudo-iraniens qui pourraient virer à un conflit ouvert. Le Qatar, lui, ne pourra pas non plus s'attendre à ce que la voix de la raison se fasse entendre de sitôt au royaume des Saoud. 

Est-ce une bonne nouvelle pour les Saoudiens? Rien n'est moins sûr : avec un déficit de près de 80 milliards de dollars, et plus de deux tiers de l'argent publique engouffrés dans des dépenses militaires et surtout à la faveur d'une diplomatie du chèque en blanc, l'Arabie saoudite est mal partie surtout si elle décidait de suivre aveuglément et comme à son habitude "Big brother américain" .... 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV