L’ancien ambassadeur iranien à Amman revient sur les raisons qui ont poussé les États-Unis à déployer leurs missiles HIMARS en Syrie, alors que ces engins étaient installés en Jordanie.
« Que les Américains s’ingèrent militairement dans la région, ce n’est guère une chose nouvelle. Ce qui est nouveau en revanche, c’est la décision américaine de déplacer les missiles HIMARS de la Jordanie en Syrie», fait remarquer Ahmad Dastmaltchian.
Le diplomate évoque le scénario américain qui consiste à « s’emparer de la ville d’al-Tanf » sur les frontières avec l’Irak, tout en cherchant à tirer profit de la situation à Raqqa, en armant les Kurdes des FDS.
« Les missiles HIMARS que les Américains ont décidé de déployer en Syrie laissent penser à des complications à venir. Les États-Unis sont vraisemblablement déterminés à faire traîner la guerre. Leur modus operandi et leur recours au système de missiles HIMARS trahissent leur volonté de pérenniser leur présence en Syrie et au-delà, dans la région.
Pour l’ancien ambassadeur iranien, « la nouvelle imposture américaine » n’est pas sans rapport avec les récents succès des forces syriennes et de la Résistance à atteindre les frontières avec l’Irak, là où elles auraient la possibilité de conjuguer leurs efforts de combat aux efforts des forces mobilisées irakiennes ». « Une fusion des forces syriennes, du Hezbollah et des Hachd al-Chaabi est le pire cauchemar qui puisse arriver aux Américains et aux Britanniques », selon le diplomate iranien.
Selon M. Dastmaltchian, « les États-Unis et la Russie auraient repris un dialogue en Syrie pour éviter tout clash entre leurs avions de combat ». Ces accords pourraient être rendus publics d’ici quelques jours. « Les négociations russo-américaines se sont déroulées à Amman. N’empêche que le déploiement des missiles HIMARS est une décision intempestive qui ne peut guère se justifier dans la mesure où ce déploiement « s’est effectué sans l’aval de l’État syrien ».
Les HIMARS impliqueront-ils la Jordanie dans la guerre ?
La Jordanie, selon l’ancien ambassadeur, est traditionnellement le pré carré des Britanniques. La Grande-Bretagne maintient via ses bases, une forte présence militaire dans ce pays. Ces dernières semaines, des dizaines de militaires américains et britanniques ont débarqué en Jordanie et c’est sur la frontière commune du royaume avec la Syrie que le Pentagone a installé les missiles HIMARS. Ce déploiement pourrait impliquer Amman dans la guerre en Syrie, en dépit des démentis officiels. Certes, la Jordanie est inquiète pour sa sécurité et se dit même prête à chasser les terroristes sur le sol syrien. Mais ceci pourrait ne pas être qu’un piège. Dans la logique de guerre qu’est celle de Trump, la Jordanie devrait servir de bouclier à Israël. Que les missiles HIMARS soient tirés contre les forces de la Résistance ou les Hachd al-Chaabi depuis la Jordanie, voilà le danger auquel Amman devra faire face. Car ce sera là un acte de guerre que ni la Résistance ni l’armée syrienne ne toléreront ».