À Bahreïn, les forces du régime bahreïni s’en sont prises aux manifestants autour du domicile du cheikh Issa Qassem, l’éminent dignitaire religieux chiite, situé dans la localité d’al-Diraz.
De violents heurts, qui opposaient les Bahreïnis aux militaires du régime des Khalifa, ont coûté la vie à deux manifestants. Selon certaines dépêches, plus de 100 personnes ont été blessées dans l’attaque des forces du régime bahreïni.
Simultanément à l’attaque des forces de sécurité et des commandos du régime bahreïni contre la localité d’al-Diraz et à l’encerclement du domicile du cheikh Issa Qassem, certaines sources diplomatiques font part du feu vert des États-Unis et de Riyad à son arrestation.
Les forces de sécurité ont fait usage de balles fabriquées principalement par le Royaume-Uni et Israël et qui avaient largement été utilisées auparavant par les militaires israéliens contre les Palestiniens dans la mosquée al-Aqsa.
Un tribunal de Manama a condamné, le dimanche 21 mai, le cheikh Issa Qassem à un an de prison avec sursis assorti de la confiscation des fonds collectés à des fins caritatives, sous de fausses accusations de blanchiment d’argent.
Or, le verdict du tribunal bahreïni contre le cheikh Qassem a en fait réuni dans un même camp tous les opposants au régime, de différents courants ou penchants politiques, qui l’ont tous condamné, dénonçant unanimement un verdict injuste.
Des analystes politiques disent que ce qui est en train de se produire à Bahreïn relève d’une erreur stratégique commise par le gouvernement. Apparemment, Manama ne connaît pas bien la véritable place des sources d’imitation (maraji’) et des oulémas chiites auprès du peuple. Le gouvernement bahreïni se berçait de l’illusion que le cheikh Issa Qassem, sous l’intensification des pressions, finirait par accepter l’exil volontaire pour se sauver et créerait éventuellement une sorte d’opposition avec les Bahreïnis de la diaspora, probablement dans un pays de la région. Ce qui aurait pu fournir un prétexte à Manama pour prétendre que la révolution de Bahreïn est téléguidée depuis l’étranger.
Mais tous ces calculs sont tombés à l’eau avec la résistance et le dévouement du peuple et du cheikh Issa Qassem, ce qui a conduit le régime au pouvoir à se retrouver face à une nouvelle crise.
Pierre Dortiguier, politologue, et Philipe Hugon, reporter de guerre, analysent la situation.