Alors que la Turquie cherche à retrouver sa place dans les régions qui, jadis, faisaient partie de sa zone d’influence, le Parlement turc va bientôt examiner une série d’accords militaires avec d’autres pays.
Dans l’édition du 16 mai du website Al-Monitor, un article signé Fehim Tastekin fait allusion à la présence des délégations turques en Afghanistan, au Kosovo, en Bosnie et en Irak, dans le cadre de missions d’aides humanitaires. Mais la Turquie souhaite surtout donner un aspect militaire à ses missions étrangères et c’est pour cela qu’elle entend créer un centre d’entraînement militaire à Mogadiscio, en Somalie, et une base militaire à Doha, au Qatar.
Les partisans du parti AKP au pouvoir mais aussi les nationalistes turcs pourraient apprécier cette ambition, mais les détracteurs du gouvernement se demandent, quant à eux, pourquoi la Turquie devrait s’engager à assurer un parapluie de sécurité au Qatar, un petit pays riche en ressources gazo-pétrolières, et qui doit sa sécurité à quelque 10.000 soldats américaine dans la base aérienne d’al-Udeid.
L’article précise que la Commission des affaires étrangères du Parlement turc a approuvé, le 4 mai, un protocole de coopération pour former les forces de sécurité qatarie ainsi qu’un accord pour installer une base militaire dans ce pays. Néanmoins, l’avant-projet de ces accords devra être mis au vote au Parlement, avant leur adoption finale.
Selon le vice-ministre turc de la Défense, le général de brigade Ihsan Bulbul, entre 500 et 600 soldats turcs devront être déployés dans cette base qui sera dirigée par un général qatari, lequel aura un assistant turc. L’organisation des manœuvres conjointes et d’autres missions faisant l’objet de l’entente mutuelle ont été citées parmi les activités envisagées.
Le Qatar prendra en charge tous les frais de construction de cette base. Après dix ans, l’accord sera reconduit automatiquement de 5 ans, à moins que l’une des deux parties demande son annulation.
Par ailleurs, la teneur de l’accord est assez ambiguë, comme le précise un membre de la commission des Affaires étrangères du Parlement turc. En parlant des services à offrir au partenaire qatari, l’accord utilise des formules peu transparentes comme « toute sorte d’aide » ! Ni le ministère des Affaires étrangères, ni le ministère de la Défense turcs n’ont clarifié jusqu’ici à quoi exactement se réfère cette expression.
De ce fait, le parlementaire turc affirme que la création d’une base militaire turque au Qatar ne suit qu'une seule motivation: défendre le Qatar face à l’Iran. Et pour réitérer son argument, le parlementaire turc précise que « des efforts sont en cours sous le leadership de l’Arabie saoudite pour former un bloc sunnite » dans la région, ajoute Al-Monitor.