Les Émirats sont certes prêts à quitter la coalition saoudienne, mais sans laisser de traces. Les divergences profondes qui opposent l'Arabie saoudite aux Émirats au sein de la coalition saoudienne dans le sud du Yémen ne sont plus un secret : depuis la chute d'Aden fin 2015 et sa prise par les mercenaires de Mansour Hadi, un jour ne s'est passé sans que Riyad et Abou Dhabi ne se livrent aux règlements de compte internes par mercenaires interposés.
La situation s'est même empirée à Aden après que Mansour Hadi a limogé le gouverneur pro émirati du port au risque de se mettre sur le dos des centaines d'hommes liges que paie Abou Dhabi pour qu'ils défendent ses intérêts dans le Sud yéménite face à une Arabie saoudite insatiables. Mais voilà que les Émirats jugent désormais la situation intenable.
Selon le site yéménite Nabâ' Al-Haqîqa (http://www.y.net.ye/naba/), qui fait publier un article signé Ababs al Zin , les Émirats arabes unis envisagent d'armer des groupes "salafistes" contre Riyad, façon de préparer son retrait de la coalition que dirige l'Arabie saoudite au Yémen. Il s'agit en effet des "brigades Abou Abbas" soutenus par Abou Dhabi qui ont réussi à reprendre le contrôle du front "Al Kadaha" dans la province de Taëz. Selon le site, les informations se succèdent sur un retrait des Émirats de la coalition dont le bilan militaire et humanitaire est de plus en plus critiqué.
À l'ombre des divergences croissantes qui l'opposent à Riyad, Abou Dhabi, au début attiré par l'appât de gain économique au Yémen, pense surtout à passer à une posture plus offensive : le fait de vouloir armer les groupes salafistes qui lui sont proches est significatif. Les Émirats comptent se retirer de la coalition en laissant derrière eux des milices paramilitaires capables de défendre militairement leurs intérêts face à Riyad, rapporte le site.
Des sources proches du bataillon 17 placé sous le commandement de Hadi confirment l'accord signé entre ce bataillon et les combattants des brigades Abou Abbas. Suivant cet accord, les bases militaires situées dans la région d'Al Kadha passeraient sous le contrôle des brigades précitées. Les brigades Abou Abbas reconnaissent aussi avoir reçu une grande quantité d'armes et d'équipements ces deux derniers jours depuis le QG de la coalition à Aden, et ce, sous l'influence des Émirats.
Dans les milieux pro-saoudiens, on veut faire croire que cette scission au sein des forces militaires de la coalition est plutôt liée à ce que Riyad cherche à se concentrer davantage sur sa guerre contre Ansarallah. Mais cette lecture des événements ne trompe personne : les convois d'armes et de blindés à destination des brigades Abou Abbas visent à équiper ces derniers face à Riyad au cas où Abou Dhabi quitterait la coalition. Pour le site, c'est l'Arabie saoudite qui partage de longues frontières avec le Yémen et non pas les Émirats. Si Abou Dhabi s'est impliqué dans la guerre, sa motivation reste de nature plutôt économique. Les Émirats envisagent de construire des ports et sites touristiques dans le sud du Yémen qu'ils souhaitent séparer du nord. Or pour Riyad, le territoire yéménite constitue son pré carré stratégique et le contrôle du détroit de Bab el-Mandeb se pose comme étant le principal objectif de son équipée militaire.