L’Arabie saoudite a agrandi le rôle et le poids iranien au Yémen pour pouvoir impliquer les Américains là-dedans, affirme le magazine américain The American Conservative.
Le magazine publie un rapport qu’il intitule « Détruire le Yémen à l’aide de Washington » dans lequel il dénonce « l’imposture saoudienne » : « Les États-Unis se sont laissé berner par l’Arabie saoudite et s’apprêtent à s’ingérer au Yémen sous prétexte de faire face à l’Iran. Le secrétaire à la Défense, James Mattis, examine en ce moment les modalités d’un soutien “large” et “sans pitié” à Riyad pour contrer ce qu’il qualifie d’“impact nocif de Téhéran”. Mais a-t-il raison ? »
The American Conservative répond : « Si le général Mattis croit marcher dans le sens des intérêts américains en réduisant en cendres le Yémen, il se trompe lourdement. S’il croit engager ses troupes au Yémen pour renforcer la “résistance du bon Riyad face au méchant Téhéran”, il faut dire qu’il s’est laissé berner. À vrai dire, Riyad a passé sous la loupe grossissante le rôle joué par l’Iran au Yémen. C’est son stratagème pour impliquer les États-Unis dans une guerre dévastatrice qui ne débouchera, in fine, sur rien, si ce n’est sur davantage de morts parmi les civils yéménites, ainsi que davantage de famine et de malheurs dans ce pays. »
Le magazine américain se focalise ensuite sur la stratégie militaire américaine du général Mattis : « Mattis se trompe non seulement au Yémen en apportant un soutien aveugle à l’Arabie saoudite, mais aussi sur l’Iran en faisant preuve d’une si grande susceptibilité à son égard. » Mattis a affirmé à plus d’une reprise voir « la main de l’Iran » dans « toutes les crises au Moyen-Orient ». L’obsession anti-iranienne de Mattis est de plus en plus critiquée dans les cercles militaires au Pentagone.
The American Conservative retourne d’ailleurs le discours du général contre Riyad et écrit : « Les crises que vit le Moyen-Orient s’enracinent, contrairement à ce que ne cesse d’affirmer le général, dans la politique saoudienne. Regardez le cas yéménite : un pays tombé en ruines sous les bombes saoudiennes où la mort se dispute à la désolation. »
Bien que l’article tente d’accuser l’Arabie saoudite d’avoir leurré le chef du Pentagone, l’offensive saoudienne contre le Yémen a fourni le prétexte nécessaire aux États-Unis pour avoir une présence renforcée dans le sud du pays, région limitrophe du détroit de Bab el-Mandeb. Il s’agit d’un des détroits les plus importants du monde, que les États-Unis rêvent de contrôler, ne serait-ce que pour harceler la Chine qui l’utilise largement pour faire passer ses marchandises.