Cette semaine, un militaire allemand se faisant passer pour un réfugié syrien et soupçonné de préparer un attentat contre des étrangers a été arrêté à Berlin.
Cette affaire tourne au scandale dans le pays, pour l’armée et le système de contrôle des migrants.
La Bundeswehr vient d’être accusée de ne pas suffisamment lutter contre les tendances d’extrême droite dans ses rangs. En effet, un officier allemand a été incarcéré jeudi pour extrémisme.
Est montrée aussi du doigt, l’administration chargée de gérer le flux sans précédent de réfugiés arrivés dans le pays depuis 2015.
L’officier allemand, dont l’identité n’a pas été révélée, a été arrêté jeudi lors d’une vaste opération de police. Il est soupçonné, peut-être avec l’aide d’un autre homme de 24 ans, d’avoir préparé un attentat à l’arme à feu après avoir mené une double vie pendant plus d’un an.
Les médias évoquent un possible attentat contre des réfugiés ou visant une autre cible en faisant porter la responsabilité à des migrants. Le quotidien Bild parle samedi d’une « liste » retrouvée par la police de personnes à tuer, sur laquelle figurent notamment des militants de gauche.
L’homme avait réussi à se faire passer pour un demandeur d’asile syrien et obtenir en novembre, suite à un entretien, ce statut de l’Office allemand des migrations alors que ce dernier est censé procéder à des vérifications détaillées.
Ce statut lui a permis de percevoir 400 euros d’aide sociale par mois, ainsi qu’un logement, en plus de sa solde d’officier de 3 200 euros.
L’affaire est particulièrement embarrassante pour les ministres de l’Intérieur, Thomas de Maizière, et de la Défense, Ursula von der Leyen, mais aussi plus largement pour Angela Merkel.
Ce n’est qu’après son arrestation récente en Autriche, où il était venu récupérer une arme illégale, que la police allemande s’est intéressée à lui.
Fait particulièrement troublant, selon plusieurs médias, l’officier a réussi à tromper la vigilance de l’administration chargée de l’asile alors qu’il s’est présenté début 2016 comme un Syrien répondant au nom de David Benjamin.
Une identité pourtant peu crédible venant d’un ressortissant d’un pays arabe.
Il a affirmé être un Syrien chrétien d’origine française et parlé du coup à l’Office des migrations en français, qu’il connaissait du fait de son stationnement dans la base franco-allemande d’Illkirch, dans la banlieue de Strasbourg (est de la France). À aucun moment l’administration n’a vérifié qu’il parlait arabe.
Le ministère de l’Intérieur a reconnu une « erreur ». Il a promis de « retourner jusqu’à la dernière pierre » dans la procédure « pour comprendre comment cela a pu arriver et, s’il y en a, corriger les défaillances » du système, a souligné son porte-parole Tobias Plate.
Au sein de l’armée, le service de renseignement militaire est quant à lui accusé de ne pas avoir fait son travail pour déceler à la fois la double vie de l’officier, mais surtout ses tendances xénophobes, révélées notamment par le contenu de sa messagerie sur son téléphone portable.
Et ce, alors que la Bundeswehr a été plusieurs fois dans le passé ébranlée par des affaires sur la présence de sympathisants d’extrême droite dans ses rangs.
« L’environnement militaire » du lieutenant arrêté va être vérifié pour « déterminer s’il y a des tendances extrémistes et xénophobes », a dit jeudi le porte-parole du ministère de la Défense, Jens Flosdorff.
Avec Romandie