Jamais les questions de financement n’avaient pris tant de place dans une campagne. Depuis l’affaire Bygmalion, les candidats doivent répondre à une exigence de transparence accrue.
La campagne est-elle «polluée» par l’argent, comme l’a déploré Benoît Hamon lors de la présentation de son programme ? De fait, jamais le sujet n’avait occupé une telle place à la veille d’une présidentielle. Entre les enquêtes judiciaires sur le financement du Front national, la mise en examen de François Fillon pour «détournement de fonds publics» ou les soupçons sur le profil des donateurs d’Emmanuel Macron, l’argent est omniprésent. L’affaire Bygmalion, qui vaut à Nicolas Sarkozy d’être renvoyé en correctionnelle pour «financement illégal de campagne», a marqué durablement les esprits. L’heure est désormais à la sobriété et à un début de transparence, exigences renforcées par la loi de 2013, votée après l’affaire Cahuzac. Cette année encore, pourtant, la course à l’Élysée reste une longue course de fond(s) pour les onze candidats ayant recueilli plus de 500 parrainages, qui enchaînent meetings et déplacements jusqu’au premier, voire au second tour. Et pour beaucoup, l’argent reste le nerf de la guerre. Plusieurs «petits» candidats, comme Jean Lassalle, viennent à peine de toucher une avance de l’État. Le prêt d’Emmanuel Macron serait tout juste bouclé, selon ses proches. Quant à Jean-Luc Mélenchon, dont le budget est largement inférieur à celui de ses principaux rivaux, il pourrait se retrouver en graves difficultés financières en cas de qualification pour le second tour, faute de trésorerie suffisante. Dans ce sprint final, seuls François Fillon et Benoît Hamon sont parfaitement sereins.
Un suspense jamais vu s'empare de la campagne. Les résultats des derniers sondages sont historiquement serrés.... François Fillon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon peuvent tous se qualifier au second tour de l'élection présidentielle la semaine prochaine, les résultats des derniers sondages donnant un écart particulièrement serré entre les quatre candidats en tête. Dans le dernier sondage hebdomadaire "Pop2017" BVA-Salesforce pour la Presse régionale et Orange, dévoilé vendredi soir, Emmanuel Macron stagne à 23% d'intentions de vote. Il devance d'un rien Marine Le Pen, en baisse à 22%, elle-même suivie de très près par François Fillon et Jean-Luc Mélenchon, tous les deux en hausse d'un point, à 20% des voix. Le quatuor tient donc en une fourchette de trois points, autrement dit presque rien en tenant compte des marges d'erreur. Benoît Hamon perd encore du terrain et n'est plus qu'à 7,5%, devant Nicolas Dupont-Aignan à 3%, Philippe Poutou à 1,5%, Nathalie Arthaud, François Asselineau et Jean Lassalle à 1% et Jacques Cheminade, proche de 0. La dernière semaine de campagne présidentielle s'annonce donc tendue, même si dans leur livraison de ce vendredi, OpinionWay, Ifop, Ipsos ou encore Odoxa donnaient des écarts légèrement plus élevés, de quatre à cinq points entre le premier et le quatrième. Au second tour, BVA donne Emmanuel Macron vainqueur sur tous ses concurrents, Marine Le Pen (64% contre 36%), François Fillon (64% contre 36%) et Jean-Luc Mélenchon (58% contre 42%). Ces deux derniers sortiraient vainqueurs d'un duel face à Marine Le Pen (respectivement 58% contre 42% et 60% contre 40%). Mais Jean-Luc Mélenchon est donné gagnant en cas de duel face à François Fillon par 58% des voix contre 42%pour le candidat de la droite.
André Michel Chanclu, analyste politique et Alain Benajam, président du réseau Voltaire France s'expriment sur le sujet.