La fraction "Badr" au Parlement irakien, liée à l'axe de la Résistance a condamné l'attaque au missile US contre le territoire syrien à titre d'acte de guerre par procuration.
Selon cette fraction, c'est Israël qui est derrière cette décision car c'est lui qui en est le principal bénéficiaire. Même son de cloche du côté de toutes les composantes de l'axe de la Résistance qui ont décerné à travers cette violation flagrante de la souveraineté d'un État indépendant, un acte destiné à " protéger Israël ". D'autres informations véhiculées par la presse libanaise cautionnent cette version des faits : à croire ces journaux, les États-Unis et la Jordanie préparent en ce moment même des " opérations militaires héliportées pour s'emparer du sud de la Syrie ", soit de la province stratégique de Deraa, limitrophe de la Jordanie et surtout d'Israël.
C'est depuis 2011 qu'Israël se bat contre l'armée syrienne et son allié, Hezbollah, dans cette région par terroristes interposés ou encore via des raids aériens qu'il y mène de temps à autre. Mais pourquoi ? Deraa est une province stratégiquement importante puisqu'elle est en rapport avec le Golan occupé, ces riches plateaux syriens que le régime israélien occupe depuis plus de 40 ans et qui, à la faveur de la guerre contre la Syrie, compte annexer, dès que l'occasion se présente. D'où l'idée de créer une zone tampon dans le sud syrien qui est venu à l'esprit du président américain Trump et qui l’obsède au point de vouloir héliporter des soldats et des équipements sur les frontières de la Jordanie pour s'emparer de Deraa. Car une fois séparée du reste de la Syrie, ce serait la région de Deraa où l'armée syrienne et le Hezbollah tiennent une large présence militaire, qui constituerait les frontières entre la Syrie et Israël. Cette perspective est, on ne peut plus attrayante pour un Israël qui ne cesse de convoiter la terre syrienne et libanaise et tout ce que celle-ci renferme en tant que richesses naturelles.
Les frappes US contre un aérodrome de Homs qui ont fait suite à une nauséabonde mise en scène chimique à Idlib ne trompent pas les analystes : après Alep, la vraie guerre dans le sud syrien, c'est entre Israël et la Résistance qu'elle est en phase de se dérouler. Avant le récent embrasement sur le front syrien, on se rappelle d'une information qui a fait le tour du monde : la mort, au cours d'une attaque au drone de l'armée israélienne, d'un des commandants de " Défense populaire ", Yasser Hossein Al-Seyyed. Un homme que les Israéliens ont voulu faire passer pour l'un des hauts commandants du Hezbollah s'est avéré être l'un des membres de la branche du Golan des forces populaires syriennes. En mettant l’accent sur le grade militaire de la victime, Israël a tenté en réalité de suggérer une chose : il existe une armée formée par le Hezbollah et au-delà de lui, par l’Iran dans le Golan occupé d’où la nécessité pour Israël d’attaquer le sud syrien pour y créer une zone tampon.
Peut-on parler d'une vraie guerre au Golan ?
Oui sans l'ombre d'un doute. Il faut le dire, l’embrasement auquel le monde assiste en Syrie a comme l’une des principales raisons la guerre « larvée » qui se déroule en ce moment même entre Israël et la Résistance au Golan occupé. C’est une guerre secrète mais trop sensible pour les deux côtés. La Résistance a la ferme intention d’élargir son front jusqu’aux portes d’Israël puisqu’elle y voit le seul moyen destiné à faire échec aux plans du démembrement des États de la région alors qu’Israël fait tout pour éviter qu’au Golan s’ouvre un nouveau front de guerre. C’est en ce sens qu’il faudrait comprendre l’assassinat de plusieurs figures de la Résistance dans la région du Golan dont Yasser Al-Seyyed.
Cette guerre secrète qui ne dit pas son nom se répercute directement sur la crise syrienne mais aussi sur d’autres crises dans la région. Plus grandes seront les victoires de l’armée syrienne et du front de la Résistance dans le sud de la Syrie et dans des régions proches du Golan, plus intenses seront les efforts de l’axe arabo-occidental pour provoquer de nouveaux rebondissements et empêcher la solution de la crise.
Où en est donc à ce stade, cette guerre larvée ? En d’autres termes, qui en est le gagnant ? La Résistance semble avoir pris l’initiative. Après l’engagement militaire russe en Syrie en 2015, Moscou a soigneusement évité les régions du sud syrien. Aucun n’y a vu les signes d’une « entente tacite » entre Israël et la Russie, hypothèse qui a à vrai dire constitué pendant longtemps une source d’inquiétude pour la Résistance. Mais la donne a nettement changé depuis les récents événements : l’abattage d’un chasseur israélien par un S-200 syrien dans le ciel d’Israël après des frappes israéliennes, la convocation de l’ambassadeur israélien en Russie, suivies de frappes US contre le territoire syrien, et l’émergence officielle d’un front de contre-attaque Russie/Syrie/Iran qui se réserve le droit de riposter à tous raids aériens, ont assuré la Résistance de la justesse de ses positions.
À mesure que la crise syrienne évolue, le Golan semble se situer au cœur du problème : dans les heures suivant les frappes US contre l’aérodrome de Homs, les officiels Israéliens ont prétendu qu’il y avait là un « message direct à l’adresse de l’Iran et du Hezbollah ». Ils n’ont peut-être pas totalement tort car le scénario d’une guerre d’usure contre la Syrie, l’une des composantes de l’axe de la Résistance a été concoctée pièce par pièce pour créer un périmètre de sécurité autour d’Israël, aussi grand que toute la région du Moyen-Orient. En créant « Daech et Cie », le Mossad, la CIA et leurs alliés voulaient provoquer l’implosion des États « résistant » de la région pour offrir à Israël de quoi assurer sa survie. Or la tournure qu’ont pris les événements a inversé la donne : au lieu de se débarrasser du Hezbollah et de la Syrie, Israël se voit planter sous son nez ( au Golan) une vraie armée qui se nomme « Armée de libération du Golan ». Le péril « golanais » pourrait donc pousser les Israéliens à user de tout leur poids et influence pour contraindre l’axe arabo-occidental qui est de leur côté, à « mettre un terme à toutes les crises dans la région » et à « se concentrer uniquement sur le Golan ». Ou alors à l’inverse, Israël pourrait être tenté d’étendre la crise à d’autres régions pour amortir la pression sur le Golan. Et c’est là qu’apparaît l’ampleur de l’erreur stratégique que les États-Unis de Trump viennent de commettre : viser directement la Syrie revient à couper tous les ponts d’entente avec la Russie et à décider Moscou à s’engager pleinement aux côtés de l’axe de la Résistance.