Le Conseil de sécurité national turc a annoncé mercredi la fin de l'offensive "Bouclier de l'Euphrate" dans le nord de la Syrie, offensive qui selon cette instance "est couronnée de succès". Sputnik qui reprend cette information citant toujours le Conseil de sécurité national turc poursuit : " On fait un constat, l'opération "Bouclier de l'Euphrate" a rempli ses objectifs qui ont été la protection de la sécurité nationale turque, l'endiguement de Daech, et le retour des réfugiés syriens en Syrie. Ces trois objectifs ont été atteints".
Les sources militaires sont toutefois moins optimistes qu'Ankara sur les réelles portées de cette offensive, déclenchée en septembre 2016 au nom de la lutte contre Daech et des séparatistes kurdes. Cette offensive, qui a été menée à l'aide des mercenaires d'Ankara, soit l'Armée syrienne libre à laquelle se sont ralliés les takfiristes turkmènes et arabes, visait à créer " une zone tampon incluant à la fois Jarablus, Al Bab et Manbij", soit une zone de 5000 km2 que la Turquie voulait en quelque sorte arracher " de la Syrie pour s'y implanter. Cette zone aurait dû servir évidemment d'enclave aux mercenaires d'Ankara qui se battent depuis 2011 contre l'État syrien et son armée. Un accord imprévu entre la Russie et les Kurdes de Syrie a pris de court Ankara qui après s'être emparé de Jarablus et d'Al-Bab, s'est arrêté net aux portes de Manbij.
Cette opération que la Turquie qualifie de succès a été toutefois parsemée de quelques mésaventures : la mort de soldats turcs au cours des raids russes et syriens ou encore un conflit interne qui a éclaté au sein du camp turc entre les soldats turcs d'une part et leurs alliés de l'ASL de l'autre et qui a largement contré la Turquie dans ses objectifs.
Binali Yildrim, Premier ministre turc, a lui aussi fait état de la fin des opérations dans le nord de la Syrie. Mais la Turquie va-t-elle retirer réellement ses troupes de la Syrie? Le Premier ministre turc n'a rien annoncé là-dessus, mais un retrait des troupes turques du nord de la Syrie étonnerait les analystes dans la mesure où Ankara n'a pas l'habitude de quitter des régions qu'il occupe dans les pays voisins. C'est le cas à Mossoul où les troupes turques refusent, en dépit des appels répétés de Bagdad, de quitter Bachiqa, une base militaire dans la banlieue nord de Mossoul. Cette annonce intervient alors que le secrétaire d'État US, Rex Tilleron est attendu aujourd'hui jeudi à Ankara où il devra s'entretenir avec les autorités turques. Certaines informations font état des accords préliminaires entre Ankara et Washington autour de la bataille de Raqqa, une bataille à laquelle la Turquie, allié de longue date des États-Unis et membre de l'OTAN refusait jusqu'ici de participer en raison de la présence des Kurdes. Les Américains ont-ils convaincu la Turquie de se battre aux côtés des Kurdes des FDS (Force démocratique syrienne) qu'elle considérait jusqu'à présent comme étant une branche du PKK, groupe qu'elle qualifie de séparatiste et de terroriste?
Une chose est sûre : la Turquie d'Erdogan fera tout pour assurer ses intérêts, composer même avec les Kurdes de Syrie si besoin est, pour plaire aux Américains.