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Conflit syrien : choix cornélien pour Israël

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les chasseurs israéliens de type F16 (Photo d'illustration)

Pour le célèbre analyste arabe, Abdel Bari Atwan, la donne militaire frôle un grand bouleversement en Syrie et ce, après la riposte cinglante de Damas aux frappes aériennes d'Israël contre Palmyre, "riposte qui est propre à jeter les bases d'une nouvelle équation de dissuasion dans la région", quitte à isoler Israël, ce qui a terrorisé ce dernier au point de le pousser à tout faire.

Abdel Bari Atwan



Le missile S200 syrien qui a abattu un chasseur agresseur israélien dans le ciel d'Israël a littéralement rebattu les cartes et bouleversé rapports militaires et stratégiques sur le terrain. Plusieurs constats s'imposent rien qu'à suivre de près les commentaires israéliens et les commentaires de certaines presses arabes à la riposte-surprise de Damas :

1 . C'est un mélange de panique et d'inquiétude qui règne au sein de l'état-major israélien. Israël ne parvient pas à s'expliquer ce "culot militaire" de Damas qui est loin d'être spontanée mais au contraire a l'air d'une démarche parfaitement préméditée, une première d'une probable longue série à venir.

2 . La riposte balistique syrienne ne relève pas uniquement de la décision de Damas. Il y a derrière, un "axe" composé de la Russie, de l'Iran, du Hezbollah et peut-être même de l'Irak. Les dirigeants de Damas sont beaucoup plus intelligents pour avoir pris une décision d'une si grande portée stratégique et apte à déclencher une guerre totale seuls et sans avoir concerté au préalable les pays alliés.

3 . La convocation de l'ambassadeur israélien à Moscou au ministère russe des AE, une première dans les relations  entre la Russie et Israël, n'a pas eu lieu par hasard. Cette démarche signifie la profonde inquiétude et la vive colère de Moscou et son désir surtout de mettre un terme aux excès d’expansionnisme israélien en territoire syrien.

4 . La reprise ces derniers mois d'Alep, de Palmyre ou encore de la localité d'al-Waer à Homs par l'armée syrienne, et ses alliés russes, iraniens et du Hezbollah ont permis à l'armée syrienne de reprendre confiance en soi et se préparer à davantage de victoires militaires.

5 . Nous sommes donc au seuil d'un grand bouleversement de la donne militaire en Syrie. Israël ne restera pas les bras croisés face à la riposte balistique syrienne qui a jeté les bases d'une nouvelle formule de dissuasion laquelle isolerait à terme Israël et le menacerait dans son existence même. Les propos du ministre israélien des Affaires militaires qui dit détruire la DCA syrienne si cette dernière visait encore les chasseurs israéliens, menace reprise d'ailleurs par le Premier ministre israélien, témoignent de l'impasse dans laquelle se trouve Israël, un Israël qui s'est royalement pris au piège : le transfert d'armes ne s'arrêtera pas à destination du Hezbollah et tout raid israélien à venir sera riposté aussi bien dans le ciel syrien que dans le propre espace aérien israélien. 

 6 . Rappelons que la riposte syrienne ne sera pas la dernière car le refus de Damas de répondre aux prochaines frappes israéliennes sera infiniment dévastateur en termes d'images pour les dirigeants syriens. La réalité est que la présence du Hezbollah ne se réduit plus au Liban. Le mouvement libanais est désormais présent à travers tout le territoire syrien. Le champ d'action du Hezbollah s'étend du nord libanais au sud syrien et on ne peut écarter la possibilité de la présence des missiles hezbollahis en Syrie. Plus important encore, l'armée libanaise s'engagera aux côtés du Hezbollah au cours de toute confrontation à venir car le président libanais Michel Aoun est un allié de longue date de la Résistance libanaise.

La Syrie est le seul pays arabe à être potentiellement en état de guerre avec Israël, la Jordanie, l'Égypte et l'autorité autonome ayant déjà signé des traités de paix avec Tel-Aviv. Soutenu par l'Iran et le Hezbollah, Damas se trouve aussi sous l'ombrelle protectrice d'une Russie qui étend rapidement son influence au Moyen-Orient et au-delà en Afrique du nord. 

La coalition prorusse s'agrandit car le monde commence à comprendre que Poutine n'abandonne pas ses alliés. C'est sans doute sur cette base que Moscou a envoyé ses forces spéciales dans des bases à l'ouest égyptien pour venir en aide au Libyen Haftar, cet ex-général de Kadhafi qui se sent trahi par les Américains. Les informations font état des convois d'armes russes arrivés aux ports libyens et égyptiens en soutien à Haftar. C'est dire que la coalition made in Poutine s'élargit, puisqu'elle aspire confiance. Alors, difficile d'imaginer cette coalition tourner le dos à l'une des principales composantes de cette coalition, à savoir la Syrie. 

Osons le dire enfin : la sempiternelle impunité israélienne semble prendre fin . La base militaire de Palmyre devrait, partant de ce constat, être la dernière cible de l'aviation israélienne à moins que Tel-Aviv veuille exposer ses "colonies" aux missiles du Hezbollah, d'Al-Naqoura à Eliat en passant par le nord, le sud et l'est israélien....

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SOURCE: FRENCH PRESS TV