Les attaques consécutives de Deach contre Deir ez-Zor depuis la libération d’Alep s’expliquent par un changement de tactique et de stratégie du groupe terroriste et de ses alliés.
La province de Deir ez-Zor se trouve dans la prolongation de deux grandes provinces irakiennes que sont Al-Anbar et Ninive. C’est une province qui abrite les champs et les installations pétrogaziers syriens tout comme les silos de céréales et de blé.
Le nouveau round des attaques de Daech a débuté il y a deux semaines suivant un plan préétabli et dans le strict objectif de s’emparer de la ville et au-delà de la totalité de la province. Daech a tenté d’abord de couper les liens entre l’aéroport militaire de Deir ez-Zor et la ville elle-même. Le plan prémédité que Daech poursuit se résume en quelques mots : les terroristes veulent pousser les forces syriennes à « évacuer » l’est de la Syrie, ce qui leur permettrait de s’en emparer. Une fois Daech bien installé, les États-Unis enverraient leur contingent « kurde », à savoir les « Forces démocratiques syriennes » à reprendre Deir ez-Zor. D’ailleurs cette même tactique a été appliquée avec succès à Hassaka, reprise totalement par les Kurdes. Les Forces démocratiques suivent aussi le même plan à Hassaka et c’est sous couvert de « libérer Raqqa » qu’ils cherchent à annexer cette ville à leur « futur État ».
Quelle aide Us pour Daech ?
La récente offensive de Daech contre Deir ez-Zor a une nouvelle fois prouvé le rôle et l’implication des Américains dans la crise syrienne, une crise où ils suivent pas à pas des objectifs fixés depuis longtemps. Même les médias outre-Atlantique n’ont pas honte de le dire : sans l’aide des États-Unis, Daech n’aurait jamais pu lancer son offensive contre Deir ez-Zor. En effet dans cette province, les combats se déroulent directement entre les forces syriennes et les forces US par Daech interposé.
En dépit de l’établissement d’une zone d’exclusion aérienne par la Syrie et la Russie au-dessus de Deir ez-Zor, les avions américains continuent de larguer armes et munitions pour Daech. Selon la presse américaine, l’appui US aux terroristes a pris une triple forme :
1- Les frappes du 16 septembre de l’aviation américaine contre les positions syriennes. Ces frappes ont permis aux terroristes de consolider leurs positions et de renforcer leur avancée. C’est après ces frappes que l’acheminement d’armes et de vivres en direction de l’armée syrienne a été profondément perturbé.
2- Les frappes aériennes des chasseurs américains ont visé les hauteurs d’Al-Sarda et elles ont duré pendant plusieurs heures. Il s’agissait d’anéantir les positions de l’armée syrienne dans le sud de l’aéroport militaire de Deir ez-Zor, frappes qui ont coûté la vie aux 100 soldats syriens et ont détruit une grosse quantité d’armes et de munitions et les Américains ont prétexté l’erreur humaine pour justifier ce violent raid. Ce fut d’ailleurs ce même raid qui a fourni aux terroristes de Daech la possibilité de lancer leur offensive contre l’aéroport militaire qui se trouve à proximité des hauteurs de Sarada. Depuis la chute de ces hauteurs, il n’y a plus aucune possibilité de secourir via le ciel les forces basées dans l’aéroport militaire.
Depuis le 17 octobre et le début de la bataille pour la libération de Mossoul en Irak, les États-Unis insistent pour garder ouvert le point de passage de l’ouest de Mossoul sous prétexte de laisser aux terroristes la possibilité de quitter Mossoul et de donner, ainsi, un coup de pouce aux opérations de libération. Partant de là, des milliers de terroristes de Daech ont réussi à fuir Mossoul, armes et équipements à l’appui et ce, sans que les forces kurdes d’Irak, alliées des États-Unis tirent une seule balle en leur direction. Ce sont ces mêmes daechistes qui se sont organisés progressivement et ont pris d’assaut l’aéroport et l’ont encerclé.
3- Alors que les médias occidentaux faisaient l’une des rares campagnes médiatiques en termes de violence et de contre-vérité contre Alep, Daech, lui, préparait son offensive contre Deir ez-Zor. Cela fait dix jours que les habitants de la ville n’ont reçu aucune aide humanitaire, mais les médias, si sensibles au sort des Aleppins, n’en parlent pas.
Mais ceci n’est pas toute l’histoire. Les frappes incessantes des États-Unis contre Deir ez-Zor ont réduit à néant la plupart des infrastructures de la ville dont et avant tout la centrale électrique. Cette destruction a plongé la ville et ses habitants dans l’obscurité en pleine saison froide.
L’offensive de Daech qui a impliqué selon certaines informations quelque 40 000 terroristes venus de Mossoul et de Raqqa a débuté sur l’axe occidental de l’aéroport militaire. Les terroristes ont progressé vers la localité d’Al-Makabar puis celle d’Al-Maal. Ils visent le siège de la brigade « Junaïd » puis le quartier des logements dans l’objectif de s’emparer de l’autoroute « Al Bour Saeed » surnommée l’autoroute « Aéroport -Deir-ez Zor ».
Daech a réussi à l’heure qu’il est à prendre le contrôle de toutes ces localités, ce qui a divisé en deux les quartiers contrôlés par l’armée syrienne : la partie orientale de l’aéroport, le village de Jafra et le quartier de Harabach d’une part, la partie occidentale qui abrite les quartiers contrôlés par l’armée syrienne, le siège du bataillon 137 de l’armée et la colline d’Al-Rawad de l’autre.
En prenant le contrôle de Deir ez-Zor, Daech vise à créer une « profondeur stratégique » dans les déserts syriens. L’emprise de Daech sur ces déserts revient à faciliter la libre circulation et sans danger de Daech depuis la banlieue de Soweida dans le sud jusqu’à Palmyre dans le centre et de là vers Raqqa dans le nord et Deir ez-Zor dans l’est de la Syrie. Et tout ceci le long des frontières communes entre l’Irak et la Syrie. C’est un plan que les États-Unis ont mis au point le 16 septembre.
Les Américains ont l’intention de créer un « émirat takfiri » cette fois dans l’est de la Syrie et l’ouest de l’Irak, une vaste région qui justifierait encore « pour longtemps » la présence militaire US. Car un tel émirat signifierait la suppression de l’armée syrienne à Deir ez-Zor et la libre action des Américains pour créer un État kurde à Hassaka, à Raqqa et à Deir ez-Zor. Cette vaste région est comme par hasard remplie de champs pétrogaziers, de terres agricoles et on comprend quels effets pourraient jouer la perte d’une telle région sur l’économie syrienne à moyen et à long terme.