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Abdel Bari Atwan : Riyad a été battu sur tous les fronts

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Abdel Bari Atwan, écrivain et analyste des questions politiques du Moyen-Orient. ©Tasnim News

Abdel Bari Atwan, journaliste et analyste émérite du monde arabe, vient d’écrire aujourd’hui, vendredi 6 janvier 2017, un article dans le quotidien Rai al-Youm consacré à la place de l’Iran et de l’Arabie saoudite dans la région.

Atwan commence ainsi :

« L’année 2016 a été une mauvaise année dans tous les domaines, aussi bien pour l’Arabie saoudite que pour le reste des pays du Conseil de coopération du golfe Persique. Ceux qui n’admettent pas cela ferment les yeux, car la guerre au Yémen entre dans sa troisième année et le coût financier, militaire et humain de cette guerre ne cesse d’augmenter sans qu’il y ait le moindre signe d’une fin de conflit, que cela soit par une voie pacifiste ou autre. »

Il poursuit :

« La nouvelle année sera encore pire parce que l’Arabie saoudite a de moins en moins d’amis et de plus en plus d’ennemis. Il faut dire à ce propos que les relations saoudiennes sont plutôt mauvaises avec tous les pays voisins, ou du moins avec la majorité d’entre eux. »

Atwan ajoute :

« Avec la libération d’Alep par l’armée syrienne, l’accord de cessez-le-feu en Syrie conclu entre la Russie et la Turquie et les pourparlers de paix à venir à Astana entre le gouvernement syrien et les 10 groupes d’opposants armés soutenus par la Turquie, parmi lesquels ne figurent pas les membres de la délégation de haut rang des opposants syriens appuyée par l’Arabie saoudite et présidée par Riad Hijab, on voit bien que le rôle de l’Arabie saoudite est désormais très réduit dans la région du Cham (Syrie, Liban et Palestine).»

Le rédacteur en chef de Rai al-Youm a expliqué : « Les relations de l’Arabie saoudite avec l’Égypte sont également sous tension, alors même que Riyad a injecté plus de 35 milliards de dollars d’aide financière dans l’économie égyptienne. La politique extérieure de l’Arabie saoudite dans la plupart des pays du Maghreb est aussi à son niveau le plus bas. Et s’il n’y avait pas eu cette promesse de soutien financier saoudien au Soudan, qui n’a d’ailleurs toujours pas reçu l’aide en question, le Soudan ne se serait certainement pas joint à la coalition saoudienne pour faire la guerre contre le Yémen. »

Abdel Bari Atwan a poursuivi en ce sens : « L’Iran ne cesse de remporter des succès alors que l’Arabie saoudite ne cesse de subir des pertes. La puissance et l’influence de la coalition russe, à laquelle s’est joint l’Iran, croissent dans la région alors que la coalition américaine à laquelle l’Arabie saoudite était attachée se réduit comme peau de chagrin. Et Washington deviendra le pire ennemi de Riyad si jamais Donald Trump, le nouveau président des États-Unis, met en application ses menaces contre l’Arabie saoudite et la plupart des autres pays arabes du golfe Persique, menaces fondées sur l’impératif de payer des “impôts” ou des “frais” en contrepartie d’un soutien américain ; ou encore si Trump applique la loi JASTA, ce qui obligerait l’Arabie saoudite à payer des dommages-intérêts aux victimes du 11 septembre. Les analyses américaines montrent que ces dommages-intérêts pourraient atteindre cinq trillions de dollars. »

Dans une autre partie de son article, Atwan a affirmé, en rappelant que le wahhabisme était soutenu et propagé par Riyad, que l’Arabie saoudite suivrait en fait « une politique qui fonde ses valeurs sur celles de l’Occident dans l’objectif de ne pas être accusée d’être une source de terrorisme. »

L’expert des questions internationales a ensuite affirmé que ceux qui avaient mis les pays arabes sur la voie de la guerre et de la normalisation avec Israël, dans l’unique but de les opposer à l’Iran, devront rendre des comptes pour les dangers auxquels ils ont exposé leurs pays et leurs nations.

Puis Atwan a demandé si ce silence de Riyad et des autres pays arabes du golfe Persique sur le sujet palestinien n’était pas honteux, alors même que l’Iran, qui n’est pas un pays arabe, a posé cette bataille au sommet de ses priorités.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV