La photo d’un tout jeune enfant Rohingya, retrouvé mort noyé sur une plage, publié ce mercredi 4 janvier a bouleversé le monde entier.
Cette photo rappelle le petit réfugié syrien Aylan Kurdi, gisant dans la boue sur une plage turque, une photo qui avait bouleversé la population mondiale aussi bien que les hommes d’État.
Cette nouvelle victime, appartenant à la communauté musulmane des Rohingyas en Birmanie, s’appelle Mohammed Shohayet.
Accompagné de sa famille, le petit Mohammed avait fui les violences, tout comme d’autres musulmans Rohingyas. Mais Mohammed, son frère de trois ans, sa mère et son oncle ne sont jamais arrivés à destination. Ils ont été noyés.
Interviewé par la chaîne de télévision CNN, le père de Mohammed a dit : « En voyant cette photo, je n’ai qu’une seule envie ; mourir ! Désormais la vie n’a plus aucun sens pour moi. »
Les musulmans Rohingyas habitant en Birmanie font l’objet des pires exactions et tortures de l’armée birmane sous le laxisme du gouvernement en place. Le gouvernement les considère comme étant des réfugiés originaires du Bengale oriental alors que les observateurs internationaux les classifient parmi les habitants locaux de l’État de Rakhine.
Le père de Mohammed continue ainsi : « Nous avons été pris pour cible des hélicoptères de l’armée dans notre village et les soldats birmans ont ouvert le feu sur nous. Nous ne pouvions pas rester chez nous. Nous avons donc pris la fuite et nous nous sommes réfugiés dans la jungle. Mon grand-père et ma grand-mère ont été brûlés vifs. L’armée a entièrement mis à feu notre village. Tout a été anéanti. Moi, j’ai marché pendant six jours. Je n’ai rien mangé durant quatre jours consécutifs sans même dormir un instant. L’armée birmane était à la chasse des musulmans Rohingyas et nous étions obligés de nous déplacer tout le temps. J’ai finalement rencontré un batelier et je lui ai demandé d’aider mon épouse et mes fils à traverser la rivière. J’ai contacté ma famille le 4 décembre. Elle était très déçue. C’était mon dernier contact avec eux. Quand la police birmane a appris que des musulmans voulaient traverser la rivière, elle a commencé à leur tirer dessus. Le batelier a rapidement fait monter les gens et le bateau surchargé a basculé. Quelques heures plus tard, j’ai été prévenu par téléphone de la mort de mon fils cadet, il avait été retrouvé mort. La personne qui m’appelait avait pris en photo le corps de Mohammed avec son téléphone portable. Je suis resté bouche bée. Seule la rivière connaît le nombre exact des Rohingyas noyés. »
Le récit de cette famille n’est rien comparé aux dizaines d’histoires douloureuses que vivent chaque jour les musulmans Rohingyas.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), presque 34 000 musulmans ont traversé, pendant les derniers mois, la frontière de la Birmanie pour se réfugier au Bangladesh.