Interviewé par Russia Today, le ministre iranien de la Défense a souligné que l’intervention militaire turque en Syrie sans le feu vert de Damas constituait « une violation flagrante ».
Le ministre iranien de la Défense Hossein Dehqan a déclaré que l’Arabie saoudite ne devait pas faire partie de la solution à la crise en Syrie.
Le général Dehqan s’est ensuite attardé sur la libération d’Alep, disant que cette ville stratégique était dès le début la cible des terroristes qui voulaient s’y installer pour pouvoir se rendre ensuite à Homs, Hama et Damas.
« Alep est une ville stratégique qui importe beaucoup à la Syrie sur les plans politique et économique. C’est pourquoi le gouvernement syrien a décidé de la placer à la tête de la liste des villes qui devraient être libérées. À Alep, les terroristes ont accepté de céder les armes par crainte d’être tués. Le retrait des terroristes d’Alep s’annonce une importante évolution dans la guerre antiterroriste et l’Iran et la Syrie poursuivent le même processus jusqu’à ce que tous les terroristes soient éradiqués d’autant plus que les groupes d’opposition pourront s’asseoir à la table du dialogue pour discuter de l’avenir de la Syrie. »
Interrogé pour savoir s’il existe un accord de cessez-le-feu élargi en Syrie, le général Dehqan a répondu qu’un tel accord nécessitait de vraies garanties : « Il faut que toutes les parties respectent le cessez-le-feu et qu’elles s’engagent à punir ceux qui violent la trêve. Premièrement, Daech et le Front al-Nosra, [rebaptisé Fatah Al-Cham, ndlr] ne font pas partie de l’accord de cessez-le-feu et deuxièmement, il faut lancer une série de dialogues politiques entre les groupes d’opposition et le gouvernement syrien. Pour lancer un dialogue politique en Syrie, il faut d’abord faire une distinction entre les opposants et les terroristes et ensuite lutter contre tous les groupes affiliés à Daech et au Front al-Nosra. En plus, toutes les parties concernées devront s’engager à mettre un terme à leur soutien financier, politique et militaire aux terroristes. »
Le ministre iranien de la Défense s’est ensuite attardé sur le rôle de l’Iran à Alep après sa libération.
Concernant le déploiement des Gardiens de la paix iraniens à Alep, il a répondu que l’Iran, la Russie et la Turquie respecteraient l’accord, récemment signé à Moscou.
« L’Iran n’a déployé aucun contingent à Alep, car c’est à l’armée syrienne d’assurer la sécurité de cette ville. L’Iran pourra fournir à Damas ses conseils militaires, si nécessaire », a-t-il indiqué.
Dans une autre partie de ses propos, le général Dehqan a martelé que l’Iran n’avait jamais coopéré avec les États-Unis, car la coalition qu’ils avaient mise sur place était de nature factice.
« Chez les Américains, il n’existe aucune volonté réelle pour lutter contre Daech ni en Irak ni en Syrie. Les avions de chasse américains ont bombardé les positions de l’armée syrienne à Deir Ez-Zor. Les Américains n’ont jamais respecté leurs engagements dans la lutte contre les terroristes. C’est les Américains qui ont formé les terroristes et c’est bien eux qui les encouragent à rester en Syrie. »
Concernant l’intervention militaire turque en Syrie, le ministre iranien de la Défense a déclaré : « Si les forces turques entraient en Syrie avec le feu vert du gouvernement syrien, elles devraient donc partir sur la demande de Damas. Sinon, il s’agirait d’occupation et de violation. »
Interrogé sur le rôle de l’Arabie saoudite dans le règlement de la crise en Syrie, le général Dehqan a déclaré : « L’Arabie saoudite ne partage aucune frontière commune avec la Syrie et tout ce qu’elle veut est de renverser le gouvernement Assad. Alors, il faut lui donner une riposte cinglante. »
Pour le ministre iranien, le règlement de la crise en Syrie dépend du respect de son intégrité territoriale et de la présence de Bachar Assad au pouvoir.
Le général Dehqan a ensuite rejeté les rumeurs selon lesquelles l’Iran aurait mis à la disposition de la Russie sa base aérienne à Hamadan : « L’utilisation par la Russie des bases aériennes contredit la Constitution et si jamais les forces aériennes russes le demandent, l’Iran devra réexaminer la situation et prendre une décision adéquate. »