Après la libération d'Alep les forces syriennes et leurs alliés se dirigeront très probablement vers Idlib, une province stratégique qui est en ce moment le théâtre d'importantes évolutions.
C'est une province qui partage en effet ses frontières avec la Turquie via le point de passage "Bab al-Hawa". Elle est limitrophe des provinces de Lattaquié, de Hama et d'Alep. Ce fut à Idlib que les premiers germes de la sédition contre l'Etat syrien ont poussé. En 2015, le chef-lieu de la province, la ville d'Idlib a fini par tomber dans l'escarcelle des terroristes d'Al Nora qui, à l'image de Daech avec Raqqa, voulaient en faire la capitale de leur "califat". Par ailleurs, cette province située sur les côtes de la Méditerranée et limitrophe de la Turquie et de la province d'Alep n'a cessé d'attiser les convoitises d'Ankara.
Le 30 mai 2015, le dernier rempart de la ville, à savoir la localité d'Ahira, tombe, lui aussi, entre les mains des takfiristes d'Ahrar al-Sham. Mais pourquoi Idlib intéresse autant les terroristes? Pour en savoir la réponse, il faudra se souvenir de l'Afghanistan et du chef d'Al Qaida, Ben Laden. A l'exemple de ce dernier, Al Nosra voulait se doter d'une base en plein cœur de la Syrie, une base inaccessible comme fut en son temps Tora Bora, ce réseau de cavernes situées dans les montagnes de Safed Koh dans l'Est de l'Afghanistan.
Quelques mois après la prise de la ville d'Idlib par le Front al-Nosra, les takfiristes l'ont rebaptisée le "Tora Bora syrien" en référence à cette région montagneuse afghane transformée en un bastion pour Ben Laden et ses disciples.
A y regarder de plus près, ce n'est pas par hasard qu'Al Nosra a mis la main sur Idlib. Les hauteurs entourant la ville la destinaient à devenir une vraie citadelle pour les terroristes d'Al Nosra qui se revendiquent d'Al Qaida. En effet, le plan consiste surtout à planter en Syrie Al Qaida, outre les groupes salafistes et takfiristes.
Neuf mois après la chute d'Idlib et l'infiltration des milliers de terroristes qaidistes dans cette ville, la Turquie et le Qatar sont également entrés en jeu. Leur mission? Fortifier la ville de façon à ce qu'elle mérite son appellation de "Tora Bora syrien".
Des millions de dollars ont alors été mobilisés pour permettre aux terroristes de construire un vaste réseau de tunnels souterrains à Idlib. En Afghanistan, les Qaidistes avaient mis pourtant trois ans à rendre des cavernes habitables; l'argent qatari et l'aide turque ont réduit au maximum cette durée. En outre les grottes des monts Al Zaiwia ont été rendues habitables. Outre des tunnels, des dizaines de routes et de voies de communication ont été construites.
Tous les centres stratégiques et les bâtiments publics ont été minés. Les lignes de connexion et de télécommunication ont aussi été renforcées. Mais ce n'est pas tout.
Outre cette gigantesque oeuvre de fortification de la ville, Al Nora a mis au point un plan B lequel consistait à changer le tissu démographique de la province d'Idlib. Les terroristes takfiristes ont ramené donc avec eux à Idlib, leurs familles tout en poussant les habitants à quitter la ville. Une autre facette de cette politique démographique consistait à peupler la région par des populations takfiristes et les terroristes chinois constituaient un choix idéal. A la faveur du soutien turc, des centaines d'ouighours radicalisés et endoctrinés par les muftis wahhabites ont pris le chemin d'Idlib. Il s'agit en effet des sympathisants du "parti islamique du Turkestan", nom choisi pour la province à majorité musulmane de la Chine, Xinjiang.
En décembre 2015, près de 1500 familles ouïghours se sont installées dans différentes localités d'Idlib comme Jisr al Choghour, Jabal al Zawiya, Ahssam, Al Moqara, Deir Sonbol, Bainin.
On comprend pourquoi ceux des terroristes qui ne déposent pas leurs armes à Alep-Est choisissent de se rendre à Idlib
Avec ce qui précède, il ne serait pas étonnant si l'armée syrienne et ses alliés choisissent Idlib comme prochaine cible de leurs opérations de libération.
Les terroristes évacués d'Alep choisissent tous Idlib comme destination. Idlib est donc une bombe à retardement plantée au cœur de la Syrie. D'ailleurs la Turquie a choisi Idlib comme principal point de concentration de ses mercenaires évacués d'Alep. La présence des dizaines de kilomètres de frontières communes avec la Turquie revient à dire que l'Etat turc compte, en dépit de toutes ses promesses, poursuivre son soutien aux terroristes et les aider, après la défaite d'Alep, à se remettre sur les rails. De surcroît, la frontière commune entre Idlib et la province stratégique de Lattaquié, composée essentiellement d'alaouites et le fait que Lattaquié se trouve sur les côtes méditerranéennes ne peuvent qu'attiser l'appétit des terroristes d'Al Nosra, eux qui cherchent depuis 2011 à accéder aux eaux libres. En plus, Idlib est limitrophe d'Alep. C'est à partir d'Idlib qu'il faudrait relancer des attaques contre Alep pour la reprendre.
De l'aveu des terroristes, Idlib est l'ultime bastion des anti-Assad.... si cette province est libérée, le rêve d'avoir un "califat" au cœur de la Syrie tombera définitivement à l'eau d'autant plus que la défaite d'Alep a atomisé définitivement au sens vrai du terme les rangs des terroristes....