L'ambassadeur chinois aux États-Unis estime que Washington et Pékin devront éviter toute "suspicion stratégique" l'un envers l'autre.
"Il existe des gens ici aux États-Unis qui croient que n'importe quelle démarche entreprise par la Chine vise à défier la domination des États-Unis dans le monde. Et à l'inverse, il y a ceux qui accusent les USA de chercher tout le temps à contrer la Chine. Je crois que les deux visions sont fausses", a affirmé mercredi Cui Tiankai, à l'occasion de la projection d'un film qui célébrait la normalisation des relations Pékin-Washington en 1979.
En janvier 1979, Washington a transféré sa représentation diplomatique à Pékin affirmant que Taïwan faisait partie du territoire chinois.
Évoquant la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine; l'ambassadeur chinois a affirmé: "Après une saison politique inhabituelle, il est grand temps que la Chine et les États-Unis créent de nouveaux consensus et parviennent à trouver des terrains d'entente."
Trump a affirmé à plus d'une reprise vouloir endiguer l'influence chinoise aux États-Unis. Il a surtout promis d'imposer un droit de douane de 45% à toutes les marchandises chinoises. Trump a affirmé son intention de renforcer la présence militaire des États-Unis en Mer de Chine méridionale où Pékin et ses voisins se disputent la souveraineté de plusieurs îles.
Trump reproche aussi à la Chine d’attirer chez elle des entreprises américaines grâce à des accords commerciaux trop favorables aux Chinois. Il faut souhaiter que Trump parvienne à renégocier des accords avec la Chine. En cas d’échec des négociations, rompre avec Pékin risquerait d’accélérer le renforcement de la Chine.
L'ambassadeur Cui s'est toutefois voulu rassurant en émettant le vœu de voir les "relations bilatérales s'orienter vers une forme de stabilité et de juste mesure" en dépit des tensions et des défis actuels.
" La Chine et les États-Unis ont une commune responsabilité face au terrorisme qu'ils devront combattre. Et cette responsabilité commune s'étend aussi à la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive."
Les analystes politiques estiment qu'une entente avec la Chine va dans les intérêts de Trump et son équipe, rien qu'à voir le chiffre exorbitant du déficit entre les deux Etats.
"La Chine compte pour environ 15 % du commerce extérieur des États-Unis. En 2015, ils avaient un déficit commercial de 366 milliards de dollars avec la Chine. C’est près de 50 % de l’ensemble du déficit commercial américain", affirme le journal chinois Global Times dans une analyse.
Global Times évoque aussi diverses mesures de rétorsion contre les États-Unis que Pékin pourrait prendre si Trump optait pour la guerre. Les Chinois pourraient cesser par exemple d’acheter du maïs ou du soja américains. Ils pourraient ne plus commander d’avions Boeing et se tourner vers Airbus. Les automobiles américaines ou les appareils Apple pourraient subitement rencontrer toutes sortes de vexations sur le marché chinois: "Cependant, contrairement à une opinion très répandue, les Chinois ne devraient pas vendre leurs bons du Trésor américains (19 % du total des bons). Pourquoi? Entre autres, parce que vendre avant terme exposerait les Chinois à des pénalités gigantesques."
Mais une guerre commerciale contre la Chine paraît, selon les milieux d'affaire américains, bien "inévitable" car "il est vrai que la monnaie chinoise est sous-évaluée et que le déficit commercial des États-Unis avec la Chine est énorme". Cela dit, les véritables problèmes économiques américains sont d’ordre interne. Mais Trump le comprend-il ?