Les missiles S-300 russes n'ont pas été tirés quand les chasseurs américains ont bombardé Deir ez-Zor. Même apathie quand les avions de combat israéliens ont pris pour cible les positions syriennes à Quneitra.
L'un des points chauds qui pourrait déclencher une confrontation directe entre les Etats-Unis et la Russie reste sans aucun doute la Syrie, les autres étant respectivement l'est de l'Ukraine, la Crimée, la mer Baltique ainsi que l'Europe de l'Est.
Les deux pays continuent à mener des raids aériens en Syrie pour des objectifs diamétralement opposés : alors que les Américains voient dans des groupes terroristes un allié potentiel qui leur permettra de cibler l'armée et l'Etat syrien, la Russie soutient la Syrie qui lui sert de base au Moyen-Orient.
Depuis la fin de la seconde Guerre, Russes et Américains n'ont jamais cessé de se regarder en chiens de faïence, d'infliger les uns aux autres des coups de Jarnac.
Si la crise en Syrie perdure dans l'état actuel des choses, un combat aérien d'envergure entre Russes et Américains n'est pas à écarter.
Trois scénarios sont donc à envisager :
1- L'une des deux puissances pourrait se retirer de la Syrie et laisser à l'autre le soin de clore le dossier syrien.
2- Les chasseurs russes et américains pourraient aussi agir sous un commandement commun russe ou américain.
3- Les deux puissances pourraient finir par en découdre dans le cadre d'un combat très sanglant et sans pitié.
Le 16 juin 2016, l'aviation russe a bombardé une base des terroristes sur les frontières jordaniennes en dépit des avertissements du commandement américain. Le Pentagone a qualifié cette démarche de Moscou de "hautement provocatrice".
Les SU-24 ont alors largué des bombes sur cette base avant que les F-18 américains ne se rendent sur les lieux. Quelques minutes après le départ des chasseurs américains, un SU-24 russe est retourné dans la région pour bombarder de nouveau la base en question.
Cet incident témoigne à quel point les tensions sont vives entre les deux pays. D'ailleurs ces mêmes tensions ont fini par pousser Moscou et Washington à établir une "ligne de sécurité aérienne" de part et d'autre en Syrie. Mi-juin, 51 diplomates américains ont fustigé dans une lettre la politique syrienne d'Obama, lui demandant de viser directement les positions de l'armée syrienne. Pour Vladimir Vasilov, chercheur à l'Institut Amérique/Canada, "ce genre de lettres ne peut qu'attiser les combats et préparer le terrain à une confrontation russo-américaine".
Le chercheur ajoute : "Dès que les avions de combat américains se mettent à bombarder l'armée assadiste, les choses se gâteront rapidement et c'est cela le but recherché par l'administration américaine en cette période pré-électorale. On veut la chute d'Assad pour la vendre à l'opinion américaine comme un acquis de l'ère démocrate."
Le chercheur ne croit d'ailleurs pas que la fameuse lettre des diplomates soit autre chose "qu'une directive déguisée de l'administration démocrate".
Ceci dit, les impacts d'une confrontation directe entre Russes et Américains seront si dévastateurs que les deux parties réfléchiront à deux fois avant de prendre une quelconque décision. La prochaine fois que les F-16 américains bombarderont l'armée syrienne, ils pourront avoir la mauvaise surprise d'être pris pour cible des missiles S-400 syriens...