Un groupe de soldats putschistes a affirmé vendredi soir avoir pris le pouvoir en Turquie, entraînant des affrontements qui ont fait des morts et des blessés à Istanbul et à Ankara. Mais peu après, le gouvernement a rapidement démenti.
La situation est "largement sous contrôle", a assuré le premier ministre turc Binali Yildirim, qui parle d'un acte terroriste. Un porte-parole du service de renseignements a de son côté évoqué un "retour à la normale". Mais la situation restait des plus confuses, quatre heures après l'annonce de la tentative de coup d'Etat.
Les violentes explosions et les tirs toujours audibles à Ankara et Istanbul faisaient douter d'une complète reprise en main de la situation par le pouvoir islamo-conservateur.
Dans la capitale turque, le Parlement, autour duquel des chars d'assaut ont été déployés, a été bombardé et 17 policiers ont été tués, a annoncé l'agence Anadolu. A Istanbul, des soldats ont ouvert le feu sur la foule, faisant des blessés, a constaté un photographe de l'AFP. Une trentaine de militaires putschistes ont par ailleurs déposé les armes après avoir été cernés par la police, place Taksim, selon Reuters.
Restaurer l'ordre constitutionnel
Des avions de chasse F-16 ont abattu un hélicoptère des putschistes, selon la télévision turque, après qu'un couvre-feu et la loi martiale ont été instaurés.
La tentative de coup d'Etat "idiote" menée par un groupe de militaires est "largement sous contrôle", a néanmoins affirmé samedi vers 03h00 (02h00 en Suisse) le premier ministre turc à la télévision.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui se trouvait en vacances à Marmaris, est rapidement rentré à Istanbul. Son avion s'est posé dans la nuit, selon des membres de son administration. Il a été accueilli par une foule nombreuse. Le chef de l'Etat a dénoncé un "soulèvement d'une minorité au sein de l'armée" et a appelé les Turcs à descendre dans les rues pour résister à la tentative de coup d'Etat.
Les putschistes ont, dans un communiqué publié sur le site Internet de l'état-major des armées, justifié leur "prise de pouvoir totale dans le pays" par la nécessité "d'assurer et de restaurer l'ordre constitutionnel, la démocratie, les droits de l'homme et les libertés et laisser la loi suprême du pays prévaloir".
Chef de l'armée séquestré
Le chef du gouvernement turc a imputé la tentative de coup d'Etat à des partisans de l'opposant Fethullah Gülen. Le mouvement de Gülen, qui vit en exil au Etats-Unis, a cependant nié toute implication dans la tentative de coup d'Etat.
M. Yildirim a en outre annoncé l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne à Ankara. Le premier ministre s'est exprimé à la télévision publique, dont les émissions ont repris après une interruption due à ce que son personnel a qualifié de prise d'otages de la part des putschistes.
L'agence de presse Anatolie et CNN Turquie font état d'une autre prise d'otages au quartier général de l'armée, à Ankara. Le chef d'état-major y serait notamment retenu, selon la première.
Les télévisions ont montré des foules importantes réunies près de l'aéroport Ataturk à Istanbul, se réjouissant de la tentative de coup d'Etat. Mais d'autres, notamment place Taksim, protestaient contre le putsch.
De nombreux habitants semblaient saisis d'inquiétude, voire de panique. Ils se sont précipités dans les magasins pour acheter bonbonnes d'eau et nourriture et aux distributeurs d'argent pour retirer des liquidités.
Source . AFP