Allié notoire des États-Unis, l’Arabie saoudite a dépensé des millions de pétrodollars de par le monde pour promouvoir le wahhabisme, une forme déviante et radicale de l’islam sunnite, qui a notamment inspiré le groupe terroriste Daech. Cette idéologie mortifère s’est désormais propagée au sein du petit État du Kosovo, note le New York Times.
« Alors qu’il a une population de seulement 1,8 million de personnes, le Kosovo a envoyé combattre et mourir en Irak et en Syrie un nombre proportionnellement plus élevé de ses jeunes gens que n’importe quel autre pays. Depuis 2012, 314 Kosovars ont rejoint l’État islamique, dont deux auteurs d’attentats, 44 femmes et 28 enfants. Même la Belgique, qui est largement perçue comme un important foyer de l’extrémisme après les attaques de Paris et de Bruxelles, arrive derrière lui en termes du nombre de recrues, » affirme le quotidien américain.
L’article poursuit en disant que « si le Kosovo est dans une telle situation, c’est en grande partie à cause de l’Arabie saoudite, » qui a dépensé sans compter pour promouvoir le wahhabisme « parmi les jeunes et les personnes vulnérables. »
« Le problème est qu’ils ont soutenu des penseurs qui prêchent la violence », a déclaré Fatos Makolli, directeur de la police antiterroriste du Kosovo, au New York Times.
Les États-Unis et l’OTAN ont investi beaucoup d’argent et d’efforts pour arracher la province historique du Kosovo à la Serbie en 2008. On y trouve notamment le camp de Bondsteel, plus grande base de l’OTAN en Europe, qui est en outre le premier fournisseur d’emploi du pays.
Qu’un territoire aussi fermement contrôlé par les forces occidentales puisse être devenu un des principaux terreaux du terrorisme en dit long sur la collusion existant entre les États-Unis, l’OTAN et les groupes takfiristes.
Le Kosovo, note le New York Times, était pourtant naguère connu comme une société tolérante. Depuis des siècles, la majorité musulmane du pays adhérait à l’école hanafite, la plus suivie au sein de l’islam sunnite traditionnel, et comptait de nombreuses confréries soufies. Mais cette tradition a été mise à mal par des imams, formés en Arabie saoudite et payés par de prétendues œuvres de bienfaisance saoudiennes, qui ont commencé à prêcher les conceptions wahhabites de l’islam, qui autorisent le meurtre des musulmans considérés comme hérétiques.
L’attitude du gouvernement, valet déclaré des États-Unis ne cachant pas sa corruption et son irréligiosité, et l’américanisation rampante de la société, qui en est souvent le corollaire, ont également contribué à radicaliser une partie de la population, en particulier les jeunes issus des milieux ruraux qui, devant les maigres perspectives de trouver du travail, ont pour beaucoup céder au chant des sirènes saoudiennes.
Bien que les États-Unis aient prétendu avoir pris des mesures pour réduire l’extrémisme au Kosovo après le 11 septembre, le New York Times remarque que les monarchies du golfe Persique n’ont cessé d’y accroître leurs financements en faveur des franges les plus dures du pays. Ainsi, « au moins deux imams radicaux continuent à prêcher dans la capitale kosovare, Pristina, et à attirer des foules de jeunes gens, » affirme le journal.
Dans l’immédiat, le monde semble donc condamné à récolter les graines de la discorde que les Saoudiens ont semées en propageant une idéologie sectaire qui, à terme, risque de se retourner contre eux.
D’ores et déjà, Daech, tout en bénéficiant des financements de Riyad, accuse la monarchie saoudienne de corrompre la « pureté » du wahhabisme et d’instrumentaliser la religion pour se maintenir au pouvoir. Les 20 attaques terroristes qui ont frappé l’Arabie saoudite depuis 2014, dont de nombreuses furent l’œuvre de Daech, sont-elles les prémices d’une lutte intestine au sein du wahhabisme, qui pourrait voir les têtes de la famille royale rouler sous la faux de la camarde daechiste ?