Le Tribunal suprême fédéral du Brésil a rejeté, vendredi, la demande de Dilma Rousseff pour bloquer la procédure de destitution lancée à son encontre.
Cette décision a été prise par la majorité des magistrats de l’appareil judiciaire le plus haut du Brésil.
Dilma Rousseff avait demandé jeudi au Tribunal suprême fédéral de bloquer la procédure de destitution lancée à son encontre mais la demande a été rejetée vendredi par un vote unanime des magistrats.
L’opposition accuse notamment la présidente d’avoir maquillé les comptes publics pendant la dernière campagne présidentielle pour favoriser sa réélection en 2014. Mme Rousseff nie avoir commis un quelconque crime de responsabilité administrative prévu par la Constitution et invoqué par ses détracteurs pour justifier sa destitution. Elle se dit victime d’une tentative de coup d’Etat institutionnel sans fondement légal.
Les députés devraient normalement entamer à partir de vendredi une assemblée plénière jusqu’à un vote crucial dimanche soir. La première journée est consacrée à la présentation des arguments de la défense et de l’accusation ; samedi, chaque député dispose de trois minutes pour exposer sa position ; puis dimanche, les parlementaires passent au vote à partir de 19 heures (heure de Paris). Chacun à son tour, il annonce au micro s’il soutient la mise en accusation de la présidente devant le Sénat.
L’opposition devra réussir à mobiliser deux tiers des voix, 342 sur 513, pour que la procédure de destitution se poursuive au Sénat, faute de quoi les poursuites seraient définitivement enterrées.
Si la procédure suit son cours, le Sénat doit approuver ou non à la majorité simple (41 sur 81) la mise en accusation de la présidente, qui serait alors écartée du pouvoir pendant cent quatre-vingts jours au maximum, en attendant le vote définitif des sénateurs sur sa destitution. Ce serait alors le vice-président, Michel Temer, qui assumerait la présidence dans l’intervalle, avec toute latitude pour former un gouvernement de transition et proposer une nouvelle orientation politique au Parlement.
La présidente brésilienne Dilma Rousseff avait accusé mardi son vice-président Michel Temer d'être le « chef de la conspiration » visant à la destituer à quelques jours d'un vote très serré des députés sur son maintien au pouvoir.
Mme Rousseff a rebondi sur l'incroyable maladresse de son vice-président qui a fait fuiter lundi accidentellement l'enregistrement d'un discours à la nation anticipant sa succession à l'impopulaire dirigeante de gauche.
« Nous vivons des moments étranges de coup d'État, de farce et de trahison », a contre-attaqué Mme Rousseff lors d'une cérémonie à Brasilia, qualifiant sans le nommer Michel Temer de « chef conspirateur ».
« Le masque des conspirateurs est tombé. Le Brésil et la démocratie ne méritent pas une telle farce. Ce geste révèle une trahison envers moi et la démocratie, preuve que ce chef conspirateur n'a pas d'engagement envers le peuple », a lancé Mme Rousseff.
M. Temer succèderait à Mme Rousseff, 68 ans, si elle était destituée jusqu'aux prochaines élections générales prévues en 2018, conformément à la Constitution.
A 75 ans, cet homme d'appareil discret, avocat constitutionnaliste de formation, ne cache plus ses ambitions depuis plusieurs semaines.
Avec Le Monde et AFP