Alors que le printemps n'est même pas entamé, plusieurs milliers de migrants venus de Libye ont débarqué en trois jours dans le sud de la Méditerranée, faisant craindre un nouveau front dans la crise des migrants.
L'Italie et son île de Lampedusa, qui avaient vu plus de 150.000 migrants débarquer en 2015, reviendraient ainsi aux avant-postes de la crise migratoire en Europe.
Ces nouvelles arrivées vers le sud de l'Europe interviennent en plein marchandage de l'Union européenne avec la Turquie pour tenter de juguler l'autre grande route des migrants sur le flanc sud-est du continent, via la mer Egée et la Grèce.
Réunis vendredi à Bruxelles autour de la chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini, les dirigeants de six pays européens ont évoqué à cette occasion la situation politique et sécuritaire préoccupante en Libye.
Jeudi soir, le président français François Hollande a jugé le risque très sérieux, si le chaos demeure en Libye, qu'il y ait de nouveaux mouvements de populations passant par Malte, l'Italie et demain, une fois encore, des pays comme l'Allemagne et la France.
« C'est évident, le printemps va ramener beaucoup de migrants depuis la Libye », prévient l'amiral Alain Coldefy, directeur de la revue Défense Nationale.
Après plusieurs semaines de calme relatif dans le sud de la Méditerranée, sans pratiquement aucun départ des côtes libyennes, plus de 3.100 migrants ont été secourus depuis mardi et ramenés sur les côtes italiennes, poursuit l'AFP.
Les inquiétudes de Paris sont exprimées alors que les analystes politiques pointent de doigt à l'unanimité l'Otan en général et la France en particulier d'avoir fait de la Libye un foyer d'immigration. Les frappes lancées en 2011 contre l'Etat libyen en a détruit les fondements, l'exposant au risque d'un démembrement de facto. Pays clès du nord de l'Afrique et de la région méditerranéenne, la Libye est devenue depuis la principale voie de transit pour les terroristes takfiristes qui s'y rendent en provenance de la Syrie et de l'Irak. Ces terroristes pourront potentiellement se mêler aux foules des migrants avant de se rendre en Europe.