En trois jours, de mardi à jeudi, plusieurs milliers de migrants venus de Libye ont été secourus en Méditerranée, faisant planer le spectre d'un nouveau front dans la crise des migrants en Europe.
Ces nouvelles arrivées vers le sud de l'Europe interviennent au beau milieu des négociations de l'Union européenne avec la Turquie pour tenter de juguler la route des migrants sur le flanc sud-est du continent, via la mer Egée et la Grèce.
Selon le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), 11.912 arrivées par la mer en Italie ont été comptabilisées depuis le début de l'année. Quasiment tous sont originaires d'Afrique noire, ce qui indique que ces flux sont indépendants de la fermeture de la route des Balkans, empruntée essentiellement par des Syriens ou ressortissants des pays voisins.
Un exode massif depuis la Libye pourrait bien avoir lieu, surtout avec l’arrivée du printemps et de son temps plus clément, ce qui serait un nouveau cauchemar pour les dirigeants européens, déjà englués dans la crise des réfugiés syriens.
En début de semaine, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a lui souligné le « risque majeur » que Daech organise le passage de migrants vers l'île italienne de Lampedusa depuis les zones qu'il contrôle sur le littoral libyen.
Alors que les attentats de Paris en novembre ont montré la capacité de Daech à infiltrer ses militants en Europe depuis la Syrie et l'Irak, « il y a une très forte possibilité que l'EI se serve de la Libye comme d'un tremplin vers l'Europe », en mêlant quelques-uns de ses combattants aux migrants, a également estimé jeudi le centre de réflexion Combating Terrorism center (CTC).
Pour rappel, la situation chaotique de la Libye découle de la catastrophique intervention militaire de l'ONU en 2011, qui en détruisait le pays a supprimé tous les freins jugulant l'immigration vers l'Europe des Africains via ce pays.