Les ministres de l'Intérieur des pays de l'Union européenne se réunissent jeudi pour deux jours à Bruxelles pour discuter de l'affaire.
Le projet d'accord entre l'Union européenne (UE) et la Turquie sur le sort des réfugiés syriens a été accueilli par des réserves, voire de vives critiques mercredi au Parlement européen. Certains groupes politiques ont évoqué un «ignoble marchandage».
Le texte, qui a été discuté lundi à Bruxelles et qui doit être finalisé au Conseil européen des 17 et 18 mars, prévoit qu'Ankara reprenne tous les migrants arrivés en Europe via son territoire en échange d'une aide financière accrue et d'une accélération des négociations d'adhésion à l'UE.
Les critiques sont nombreuses
Pour les députés de droite, on ne peut promettre à la Turquie l’adhésion à l’UE alors même qu’une partie des citoyens européens n’en veut pas.
Concernant la suppression du régime de visas, il y a 72 critères à respecter et le Parlement européen a son mot à dire, rappelle-t-on ici.
Le co-président du groupe des Verts insiste : « Les migrants que nous accueillons ne représentent que 0,25% de notre population c’est 100 fois moins qu’au Liban. »
« On délocalise nos problèmes. Le sultan Erdogan détiendra désormais les clés des portes de l'UE », s'est insurgé Guy Verhostadt, à la tête de l'Alliance des libéraux et des démocrates européens (ALDE).
L'ancien premier ministre belge voit dans le projet «un refoulement collectif interdit par la Convention de Genève» et juge «très problématique» le fait de déléguer la gestion des réfugiés à un pays qui n'a pas ratifié tous les protocoles relatifs au droit d'asile.
L'Allemande Gabriele Zimmer, présidente de la Gauche unitaire européenne a qualifié l'accord «d'ignoble marchandage». Le Belge Philippe Lamberts, co-président du groupe des verts, a parlé de «faillite morale».
Mercredi Strasbourg, les eurodéputés de tout bord ont tiré boulets rouges sur le projet d'accord UE-Turquie, accusant les dirigeants européens d'avoir "cédé au chantage" d'Ankara.
Le Haut commissaire aux réfugiés de l'ONU, Filippo Grandi, s'est dit "profondément préoccupé par tout arrangement qui impliquerait le retour in-discriminé de gens d'un pays à un autre".
La Turquie pêche en eau trouble dont elle se trouve d'ailleurs elle-même à l'origine. Le gouvernement turc reste fortement impliqué dans la crise de migrants, avec tous ses soutiens sans faille aux terroristes actifs dans la région en l'occurrence en Syrie, sans oublier bien sûr le rôle des Occidentaux dans l'aggravation de la situation.