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Zoom Afrique du 19 décembre 2024

Zoom Afrique du 19 décembre 2024

Les titres de la rédaction :

  • La Côte d’Ivoire veut labelliser 3 produits agricoles de terroir en 2025
  • Sénégal : un programme de formation destiné aux professionnels du cinéma
  • Réseau ferroviaire transnational Soudan-Egypte : bientôt l'étude de faisabilité
  • Nigeria : le gouvernement expose 6 axes stratégiques pour réformer l’éducation

Les analyses de la rédaction :

1. Mali-Barrick : un bras de fer qui redéfinit la souveraineté malienne 

Depuis plusieurs mois, le Mali est engagé dans un conflit juridique et économique d'envergure avec la compagnie canadienne Barrick Gold, propriétaire de Loulo-Gounkoto, la plus grande mine d'or du pays. Ce différend s'inscrit dans une dynamique plus large : celle d'une affirmation de la souveraineté économique et politique du Mali face à des acteurs étrangers qui ont longtemps dominé le secteur minier national. 

Le gouvernement malien exige le paiement de 500 millions de dollars, montant estimé suite à un audit ayant révélé un manque à gagner colossal de 300 à 600 milliards FCFA. Bamako s’appuie sur le nouveau code minier adopté en 2023, qui renforce la participation de l’État dans les mines et vise à augmenter les recettes minières annuelles de 500 milliards FCFA. Ce cadre légal traduit la volonté de redonner au peuple malien une part équitable des richesses naturelles du pays, longtemps exploitées par des multinationales au détriment des communautés locales. 

Face aux présumées malversations financières de Barrick, Bamako a adopté une approche rigoureuse : arrestations d’employés, émission d’un mandat d’arrêt contre le PDG Mark Bristow et blocage des exportations d’or. Ces mesures, bien que fermement contestées par la compagnie canadienne, révèlent la détermination du Mali à imposer le respect des lois nationales. 

« Depuis le 25 novembre, plusieurs membres de l’équipe de direction malienne de Barrick sont emprisonnés sur la base d’accusations infondées », affirme Barrick dans un communiqué. Cependant, cette position contraste avec le fait que d'autres compagnies, telles que B2Gold, Allied Gold et Resolute Mining, ont déjà accepté de verser plus de 200 millions de dollars au Mali pour régler des litiges similaires. Cela renforce l’idée que Barrick se positionne en opposition frontale au changement, alors que la majorité des acteurs semblent reconnaître les exigences de Bamako. 

Cette confrontation ne se limite pas à une question de revenus fiscaux. Elle représente un véritable tournant pour le Mali, qui aspire à renforcer son contrôle sur ses ressources stratégiques. En défendant ses droits face à une multinationale influente comme Barrick, le Mali envoie un message fort : ses ressources naturelles ne sont plus des biens exploitables sans considération pour la prospérité nationale. 

Cette posture s’inscrit dans une logique d’indépendance économique et politique, à l’image de la refonte des relations internationales maliennes sous le gouvernement actuel. La mise en application stricte du code minier de 2023 est un jalon vers une exploitation plus responsable et plus bénéfique des ressources nationales. 

Malgré les conséquences possibles, notamment une baisse temporaire des revenus miniers en cas de suspension des opérations de Loulo-Gounkoto, Bamako fait preuve de leadership en favorisant une résolution à long terme. L’objectif est clair : mettre fin à des décennies de pratiques qui ont privé les Maliens des retombées de leurs ressources naturelles. 

Barrick Gold, en engageant une procédure auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), cherche à défendre ses intérêts. Cependant, cette démarche ne devrait pas faire oublier l’essentiel : le besoin impératif de justice économique pour le Mali. 

Le conflit entre Barrick et le Mali transcende la simple question d’une mine d’or. Il reflète une Afrique qui se lève pour revendiquer son droit à une gestion souveraine et équitable de ses ressources. Dans ce combat, le Mali montre la voie, affirmant que l’époque des concessions unilatérales est révolue. Cette lutte n’est pas seulement celle d’un pays, mais celle d’un continent en quête de dignité et d’indépendance économique. 

2. L’Afrique et le Conseil de sécurité de l’ONU : une injustice historique 

Le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), principal garant de la paix et de la sécurité internationales, compte cinq membres permanents avec droit de veto : les États-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni et la France. Une composition figée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui reflète davantage les équilibres de pouvoir d'un monde désormais révolu que les réalités actuelles. 

L'Afrique, qui représente plus de 1,4 milliard de personnes et plus de 54 pays, reste exclue de cette table décisionnaire, privée d'une représentation à la hauteur de son importance démographique, économique et politique. Pourtant, le continent est au cœur des enjeux mondiaux contemporains, qu’il s’agisse de la gestion des ressources naturelles, des conflits régionaux, ou des efforts pour faire face aux changements climatiques. 

Le récent engagement du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, marque une évolution majeure dans cette lutte pour la justice internationale. Lors d’une déclaration faite à l'agence de presse russe TASS, Guterres a affirmé que « les obstacles les plus importants à l’entrée des pays africains au Conseil de sécurité ont été surmontés » et qu'un consensus a été atteint pour intégrer deux pays africains en tant que membres permanents. 

Cette déclaration intervient dans un contexte où l’Afrique a renforcé son influence sur la scène internationale. Guterres a souligné que « l’influence du Sud sur les travaux de l’ONU est désormais cruciale », reconnaissant ainsi la place essentielle des pays africains dans la majorité des discussions mondiales. Cette tournée en Afrique australe et les célébrations prévues au Lesotho s’inscrivent dans une dynamique de reconnaissance de cette importance croissante. 

L’absence de pays africains parmi les membres permanents du Conseil de sécurité est non seulement une injustice historique, mais également une anomalie dans le fonctionnement des institutions internationales. Les cinq membres permanents actuels sont tous issus des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, une guerre qui ne reflète pas la réalité contemporaine où les enjeux mondiaux sont de plus en plus liés à l’Afrique. 

Le continent a souvent été au cœur des discussions du CSNU, mais toujours comme objet de débat, rarement comme sujet ayant une voix décisive. Il est temps que cette situation change. L’Afrique doit siéger à cette table en tant qu’acteur à part entière, avec les mêmes droits que les autres membres permanents. Ce serait non seulement une reconnaissance de l’importance du continent, mais également une mesure essentielle pour assurer une paix et une sécurité durables dans le monde. 

Alors que le processus semble évoluer favorablement, une question demeure : quels pays africains seront choisis pour représenter le continent au Conseil de sécurité ? Cette décision sera sans doute le fruit de négociations complexes entre les États africains eux-mêmes et la communauté internationale. Elle devra tenir compte de facteurs tels que l’influence régionale, la stabilité politique et la contribution aux efforts de paix internationaux. 

L’inclusion de l’Afrique au sein des membres permanents du CSNU serait un tournant historique pour la gouvernance mondiale. Toutefois, cette représentation devra s’accompagner d’une responsabilité accrue pour défendre non seulement les intérêts du continent, mais aussi les principes de justice, de paix et de coopération internationale. 

En dépit des défis, cette étape marquerait la fin d’une exclusion injuste et ouvrirait une nouvelle ère dans les relations internationales. L’Afrique, forte de sa diversité et de son dynamisme, est prête à assumer ce rôle. 

3. Le Niger, porte-étendard de la souveraineté face aux manœuvres néocoloniales 

Dans une allocution historique à la nation, ce mardi 17 décembre 2024, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), a dressé un tableau saisissant des défis auxquels le Niger est confronté depuis la réaffirmation de sa souveraineté. Son discours, à la fois solennel et combatif, a été une opportunité de galvaniser un peuple déterminé à prendre en main son destin. 

« La célébration de l’anniversaire de la proclamation de notre République intervient, cette année, dans un contexte particulier marqué par l’affirmation, par le peuple nigérien, de sa souveraineté suite à la prise de pouvoir par les Forces de Défense et de Sécurité regroupées au sein du CNSP », a rappelé le président Tiani. Dans un pays historiquement marqué par des ingérences étrangères, cette affirmation a été perçue comme un électrochoc pour ceux qui s'accrochent encore à des privilèges néocoloniaux. 

Depuis cette rupture, le Niger fait face à une adversité frontale : « D’un côté, de la part de tous les acteurs externes qui voudraient nous voir revenir dans leur giron ; et de l’autre, des traîtres internes qui se sont compromis avec les intérêts étrangers et se sont adonnés à l’accaparement frauduleux de nos ressources publiques », a déploré le Chef de l’État. 

Dans un discours sans complaisance, le Général Tiani a mis en lumière les mécanismes sournois employés par les ennemis du Niger pour tenter de le soumettre. Selon lui, ces acteurs, nostalgiques de leur domination passée, ont orchestré une série d'actions visant à affaiblir le pays sur tous les fronts : 

Une cabale médiatique contre le Niger et ses alliés, visant à dénigrer leurs dirigeants et à brouiller l'image de leur projet politique ; 

Des manœuvres pour saper la cohésion au sein du CNSP et entre le gouvernement et ses partenaires ; 

Une campagne diplomatique intense pour isoler le Niger sur la scène internationale ; 

Une guerre économique et financière, assortie d'un embargo inhumain, destinés à étouffer l'économie du pays ; 

Un encerclement stratégique, avec l'installation de bases militaires et le soutien à des groupes terroristes pour maintenir une pression constante. 

Malgré ces multiples attaques, le président Tiani s'est félicité de la résilience du peuple nigérien et du soutien de ses alliés stratégiques, notamment le Burkina Faso et le Mali. Ensemble, ces nations ont opposé une détermination farouche aux tentatives de déstabilisation : « Notre grand peuple, soutenu par ses frères du Burkina et du Mali, a su victorieusement y faire face avec dignité, résilience et détermination », a souligné le président. 

Le Chef de l’État a exhorté les Nigériens à rester unis et vigilants face aux tentatives de division : « De notre détermination individuelle et collective, de notre résilience ainsi que de notre capacité à travailler dans l’union et la solidarité dépendent la survie même de notre pays ainsi que la réalisation de nos aspirations légitimes à un avenir meilleur ». 

Ce discours, au-delà de la dénonciation, constitue un manifeste pour la souveraineté africaine et un appel à la solidarité des peuples face aux ingérences extérieures. Le Niger, fort de son peuple et de ses alliés, montre la voie vers une Afrique libérée et souveraine. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV