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« Il vivait parmi les gens » : Zaynab Nasrallah revient sur la vie et l'héritage de son père emblématique

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Par Hiba Morad

« Le leader martyr du mouvement de résistance libanais vivait une vie simple dans des appartements ordinaires de la capitale libanaise et n’a jamais vécu en clandestinité », a déclaré sa fille au site Press TV dans une interview exclusive.

Cela est resté le cas à partir de 2006, lorsque le Hezbollah a décimé l’occupation israélienne et l’a forcée à battre en retraite, jusqu’au lancement de la nouvelle et totale agression d’Israël contre le Liban en septembre 2024.

Selon Zaynab Nasrallah, la fille de l’ancien secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, le quartier général souterrain du mouvement de résistance a été construit spécifiquement pour les temps de guerre et les périodes où la bataille contre l’occupation israélienne devenait intense.

« Seyyed Hassan Nasrallah n’a jamais utilisé ces zones souterraines dans sa vie quotidienne. Ils ont été construits pour une utilisation en temps de guerre, et jusqu’à ce que la nouvelle agression israélienne contre le Liban ne commence, il résidait dans des appartements qui ne descendaient pas en dessous du 5e, 6e ou 8e étage », a-t-elle déclaré dans son interview avec le site Web Press TV.

Le 27 septembre, au milieu de bombardements aériens aveugles, l’armée d’occupation israélienne a largué plus de 80 tonnes de bombes anti-bunker de fabrication américaine sur la banlieue sud de Beyrouth, Dahiyeh, où Israël a commis l’assassinat de Seyyed Nassan Nasrallah et de ses compagnons dans leur quartier général souterrain.

Son assassinat lâche est survenu après que des commandants de haut rang du Hezbollah tels que Fouad Shukr et Ibrahim Aqil ont été assassinés dans des attaques séparées de l’ennemi et avant l’assassinat du chef du conseil exécutif du mouvement de résistance libanais, Seyyed Hachem Safieddin.


Seyyed Hassan Nasrallah participant à une procession de l'Achoura à Beyrouth, au Liban, en juillet 1992. (Photo d'archives de l'AFP)

Parmi les gens

Zaynab Nasrallah a déclaré que son père vivait parmi les gens. Bien que certaines mesures de sécurité aient été nécessaires pour le protéger, lui, un leader emblématique de l’Axe de la Résistance, respecté par des millions de personnes dans le monde et considéré comme l’ennemi numéro un du régime d’apartheid israélien, il a conservé un mode de vie proche de celui des citoyens ordinaires.

En réponse aux informations selon lesquelles le chef du Hezbollah vivait dans des bunkers souterrains, sa fille a dit : « Mon père vivait comme n’importe quelle autre personne, dans des appartements typiques. Cependant, depuis qu’il a été assassiné dans le quartier général souterrain, certains ont pu croire que Seyyed Hassan Nasrallah vivait dans un bunker –un faux récit que l’ennemi israélien a constamment essayé de propager. »

« C’est complètement faux, et tout le monde devrait en être conscient », a-t-elle dit. Zaynab a également souligné que la chaîne 12 de la télévision israélienne avait faussement rapporté sa mort, prétendant qu’elle aurait été tuée dans l’une des frappes israéliennes. « Cette invention, a-t-elle affirmé, fait partie du flot de mensonges flagrants et de désinformation qu’Israël a propagé tout au long de la guerre et au cours des années précédentes contre la Résistance. »

« Il conduisait sa voiture en compagnie de ses camarades pour observer la situation du pays. Il ne s’est jamais caché. Il faisait des tournées autour de Dahiyeh pour voir les gens, les hôpitaux, les mosquées et les magasins, pour s’assurer que tout allait bien », a-t-elle déclaré, faisant référence aux simples activités quotidiennes du leader martyr du Hezbollah.

Zaynab Nasrallah a ajouté : « Bien sûr, il devait toujours faire attention à sa protection, car Israël cherchait à l’assassiner, et Israël cherchait à le faire taire, croyant qu’en le tuant, ils pourraient détruire la Résistance. Cependant, le régime israélien se trompe complètement sur ce point. »

Zaynab a déclaré : « Seyyed Hassan Nasrallah était conscient des menaces qui pesaient sur sa vie et s’est protégé pour continuer le travail qui le passionnait, même s’il a toujours aspiré au martyre. Il savait qu’il finirait comme un martyr pour avoir défendu sa cause. Il a déclaré à plusieurs reprises que les États-Unis étaient prêts à offrir n’importe quoi en échange de l’arrêt de notre lutte contre Israël. Cependant, il n’a jamais hésité à poursuivre sa résistance contre l’occupation israélienne et la domination américaine. »

Seyyed Hassan Nasrallah à côté de son fils Hadi, qui est tombé en martyr lors d'affrontements avec l'armée d'occupation israélienne en 1997.

Un père tendre, un grand leader

En plus d’être un pilier inébranlable de l’Axe de la Résistance et un grand défenseur de la cause palestinienne, Seyyed Hassan Nasrallah était aussi un père de famille, un père tendre et un grand-père adorable, mais il avait rarement le temps pour s’occuper de sa famille.

Zaynab Nasrallah a déclaré au site Web de Press TV : « Nous ne le rencontrions que quelques fois par an en raison de ses immenses responsabilités et de ses préoccupations en matière de sécurité, mais ces moments étaient vraiment précieux. Nous nous réunissions en famille –enfants et petits-enfants– et nous passions de merveilleux moments ensemble. Il parlait à chacun de nous pour s’assurer que tout allait bien. Les petits-enfants se disputaient parfois pour savoir qui s’assoirait à côté de lui. Lorsque nous essayions de les calmer ou leur demandions d’arrêter de jouer pendant un moment, il répondait : Ce n’est pas grave, ce sont des enfants et ils ont besoin de jouer joyeusement et de faire du bruit. »

Zaynab a déclaré que leurs discussions tournaient principalement autour de sujets religieux et qu’ils appréciaient énormément ces conversations enrichissantes avec lui chaque fois qu’ils avaient l’occasion de se réunir en famille.

« Nous parlions rarement de politique, sauf si nous avions des questions urgentes sur des sujets cruciaux et cherchions à mieux comprendre la situation », a-t-elle noté.

Zaynab a décrit le leader martyr du Hezbollah comme un « père tendre, un individu très cultivé et un être humain profondément affectueux », qui était rempli d’une véritable empathie pour ceux qui l’entouraient.

« Nous l’aimions énormément avant même qu’il ne devienne le leader du Hezbollah ; car c’était une personne remarquable avec un comportement extraordinaire et une personnalité très profonde », a-t-elle déclaré au site Web Press TV.

« Il n’était pas seulement un père exceptionnel, mais aussi un dirigeant remarquable, assumant la responsabilité de défendre le Liban, la Palestine et les lieux saints islamiques. Il a résisté fermement aux puissances hégémoniques pendant que des millions de personnes à travers le monde regardaient en silence la mort des innocents et la montée de la violence. C’était un homme de grande foi. »

Zaynab Nasrallah a déclaré que lorsque son père a été nommé secrétaire général du Hezbollah après l’assassinat de son prédécesseur, Seyyed Abbas Moussaoui, en février 1992, ils ont tous ressenti un « sens accru des responsabilités » sachant qu’il était désormais un dirigeant transnational suivi par des millions de personnes dans le monde.

« Nous avons compris que nous le verrions moins souvent et nous avons prié pour sa santé, car il était non seulement notre père, mais le père de toute une nation », a-t-elle fait remarquer.

Zaynab Nasrallah a ajouté : « Sa présence, sa voix qui résonnait partout, ses paroles de sagesse et ses apparitions à l’écran de la télévision s’adressant à des centaines de milliers de personnes sont des souvenirs qui nous manqueront pour toujours. Les gens ont exprimé leur chagrin après son martyre et leur désir de le retrouver parmi nous, tout comme nous, notre famille et moi-même. »

La fille endeuillée s’est empressée d’ajouter que son père « reste vivant » et constitue une source d’inspiration pour sa famille et des millions de personnes à travers le monde, qui croient aux principes que Seyyed Hassan Nasrallah et ses compagnons défendaient.

« Ses paroles et ses enseignements nous guideront toujours. Son souvenir est devenu une source de force et une source d’inspiration pour une plus grande détermination afin de lutter pour la justice dans toute cette région contre le régime d’apartheid israélien », a déclaré Zaynab.

Des vies qui comptent

« Seyyed Hassan Nasrallah, en tant que leader de la Résistance islamique au Liban, se souciait profondément de l’avenir de la nation libanaise et du bien-être du peuple, et cela comptait beaucoup pour lui », a déclaré Zaynab au site Web Press TV.

Elle a noté : « Pour Seyyed Hassan Nasrallah, la vie des gens comptait avant que toute chose. Il s’occupait toujours de leurs conditions économiques, de leur accès au système de santé et des besoins de la société. Il se consacrait entièrement aux autres à tous les niveaux. »

 « Il était particulièrement sensible à leurs émotions et se souciait profondément d’éviter tout ce qui pourrait leur faire du mal. Il nous rappelait souvent que même si nous avions la chance de conduire les plus belles voitures –ce qui n’était pas le cas– nous devions nous abstenir. Nous devons assumer nos responsabilités et faire preuve d’empathie envers notre peuple. »

Le leader martyr du Hezbollah avait un mode de vie simple et y tenait fermement. Zaynab Nasrallah a ajouté : « Il menait une vie simple parce qu’il croyait en l’importance de la simplicité et du détachement par rapport à la vie matérielle. Il voulait toujours vivre comme les gens les plus défavorisés de la société. Je suis fière de dire que mon père a sacrifié sa vie, son jeune fils Hadi qui est tombé en martyr, et lui-même pour le bien du peuple et de la cause. »

Fidèle au Liban

Zaynab et les autres membres de sa famille sont restés au Liban tout au long de la guerre, malgré de nombreuses invitations et offres à quitter leur patrie déchirée par la guerre.

Elle a déclaré au site Web Press TV : « Nous, la famille de Seyyed Hassan Nasrallah, sommes restés à Beyrouth tout au long de la guerre, contrairement aux rumeurs selon lesquelles nous aurions fui. Cependant, nous avons reçu de nombreuses invitations et offres de refuge. Nous sommes reconnaissants envers tous ceux qui nous ont fait de telles offres et qui ont exprimé leur inquiétude pour notre bien-être. Néanmoins, nous avons ressenti un profond sentiment de responsabilité envers le peuple libanais. »

Comme leur père, ils sont restés fidèles à leur pays et à leur peuple malgré les énormes menaces qui pesaient sur leur vie et malgré le fait que les bombes israéliennes pleuvaient tout autour d’eux pendant des mois.

« Comment pouvons-nous abandonner notre peuple et lui tourner le dos dans de telles circonstances ? Nous devons rester inébranlables, tout comme eux, et nous devons être prêts à faire des sacrifices, tout comme eux. Je suis sûre que si mon père était encore en vie, il n’aurait pas voulu que nous quittions le Liban. Même pendant la guerre de 2006 contre le Liban, nous n’avons pas quitté le pays, même pour un jour. »

Cette photo de 2023 obtenue par le site Press TV montre le leader martyr du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah, berçant son arrière-petite-fille.

Israël, une entité illusoire

Dans son interview accordé au site Web Press TV, Zaynab Nasrallah a déclaré : « Après l’assassinat de Seyyed Hassan Nasrallah, Israël pensait avoir remporté une victoire importante. Cependant, le régime sioniste ne comprend pas que la Résistance ne repose pas sur un seul individu, aussi important soit-il. » Elle a noté que l’« entité illusoire » qu’est Israël ne comprenait pas le vrai sens de la résistance.

Zaynab a dit : « Mon père disait souvent que lorsqu’un combattant tombe en martyr ou qu’un dirigeant est assassiné, cela ne signifie pas que la résistance s’arrête là pour toujours. Il est de notre devoir de suivre les enseignements et les valeurs de ces combattants et dirigeants et d’avancer dans la confrontation avec l’ennemi. »

Danc cette guerre inégale, l’armée d’occupation a utilisé des bombes fournies par les États-Unis contre le Liban pendant près de 70 jours, a commis des massacres et a rasé des bâtiments, mais la résistance reste vivante.

Le mois dernier, le régime israélien a été contraint d’accepter un accord de cessez-le-feu, car il n’a réussi à atteindre aucun de ses objectifs militaires malgré l’agression brutale contre la nation libanaise.

« Les combattants du Hezbollah ont fait preuve d’une bravoure inébranlable, empêchant des milliers de soldats israéliens d’avancer sur le territoire libanais, pas même dans un seul village frontalier », a déclaré Zaynab Nasrallah.

Une résistance encore plus forte

Zaynab a noté qu’Israël suppose que l’assassinat d’un grand leader du Front de la Résistance peut dissuader le mouvement de résistance dans la région de poursuivre son combat.

En assassinant Seyyed Hassan Nasrallah, Israël a assassiné un dirigeant qui s’opposait au néocolonialisme qui exploite les ressources de la région pour les intérêts des États-Unis et d’Israël. Le dirigeant martyr comprenait l’importance cruciale de résister à de telles puissances hégémoniques et d’exiger justice pour les nations.

« Il considérait comme son devoir de défendre le Liban contre l’occupation israélienne et d’être solidaire du peuple palestinien opprimé, qui continue de subir d’horribles violences après une guerre génocidaire qui dure depuis », a déclaré Zaynab, faisant référence à la guerre qui a tué près de 45 000 Palestiniens jusqu’à présent.

« Le martyre de Seyyed Hassan Nasrallah a consolidé le mouvement de résistance contre l’occupation israélienne et ses soutiens hégémoniques occidentaux », a affirmé Zaynab Nasrallah.

« Le mouvement de résistance a renforcé sa détermination et fait preuve d’un engagement encore plus grand dans la lutte contre l’occupation et le néocolonialisme au Liban et dans toute la région », a-t-elle ajouté.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV