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Ce que la chute dramatique du gouvernement Assad signifie pour la Syrie, la région et l'Axe de la Résistance

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Seyyed Ali Reza

Le gouvernement du président syrien Bachar al-Assad à Damas est tombé aux mains d'un groupe armé qui a saccagé ce pays arabe ravagé par la guerre, à commencer par Alep la semaine dernière.

L'effondrement du pays arabe a commencé peu après l'annonce d'un cessez-le-feu au Liban au début de la semaine dernière, après près de 70 jours d'agression effrénée du régime israélien, qui a coûté la vie à des milliers de civils sans toutefois parvenir à aucun objectif militaire significatif.

Les groupes armés pillards, dirigés par Hayat Tahrir al-Cham (anciennement Jabhat al-Nusra), ont lancé une offensive éclair sur Alep, suivie d'avancées rapides vers Idlib, Hama et Homs, pour finalement envahir Damas tôt dimanche.

Malgré la résistance initiale de l’armée arabe syrienne, les forces gouvernementales se sont progressivement retirées des zones clés, permettant aux groupes armés – soutenus par les États occidentaux et arabes ainsi que par le régime israélien – de réaliser des avancées militaires spectaculaires vers Damas.

La Syrie a toujours été et reste encore un rouage essentiel de l'Axe de la Résistance, un statut qui ne changera pas, quel que soit le parti qui prendra le contrôle de Damas. L'importance stratégique du pays reste intacte.

En outre, malgré les événements dramatiques en Syrie, la dynamique au sein de l’Axe de la Résistance reste inchangée. La Palestine reste la question centrale de l’alliance.

La Syrie a toujours servi de canal pour l’approvisionnement en armes et autres ressources des mouvements de résistance libanais et palestiniens. Cependant ces mouvements sont désormais devenus autonomes et produisent leurs propres armes, notamment des missiles et des drones.

Le soutien de l’Iran à l’Axe de la Résistance se poursuivra quel que soit le leadership syrien, la Palestine restant la principale priorité de la Résistance islamique et de ses alliés régionaux.

Les récents engagements diplomatiques du ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi dans la région visaient à garantir que la question principale de la Palestine reste au premier plan au milieu de ces développements.

« La position de principe de la République islamique d'Iran en faveur du peuple et de la Résistance de la Palestine et du Liban contre l'occupation et l'agression du régime sioniste se poursuivra avec force », a déclaré Araghchi lors d'une réunion avec les hauts dirigeants du Hamas à Doha samedi.

Il était à Doha pour assister à une conférence régionale sur la Syrie avec ses homologues de Russie et de Turquie.

La chute rapide du gouvernement syrien a laissé de nombreuses personnes se demander comment cela s’est produit. Cet effondrement a été décrit comme encore plus dramatique que la prise de contrôle de Kaboul par les talibans il y a près de trois ans.

Mais tout cela ne s’est pas produit du jour au lendemain. Les groupes armés, menés par HTC, préparaient ce moment depuis des années dans des zones considérées comme leurs bastions, avec un soutien extérieur.

Le chaos qui règne dans la région, exacerbé par la guerre génocidaire menée par Israël contre Gaza et par son agression au Liban, leur a fourni l'occasion de frapper de manière décisive. C'est le moment qu'ils attendaient.

Aucun de ces groupes armés n'a pris parti pour Gaza ou le Liban, comme beaucoup l'ont soutenu à juste titre, principalement parce qu'ils ne souhaitaient pas s'opposer au régime de Tel-Aviv. Ils sont restés concentrés sur la Syrie.

Depuis la semaine dernière, les forces d'Assad se sont retirées sans grande résistance. Plusieurs raisons expliquent l'incapacité de l’armée arabe syrienne à résister à l’avancée des groupes armés, notamment la grave situation économique du pays, qui affecte toutes les couches de la société syrienne.

La situation économique de la Syrie s’est détériorée de manière alarmante au fil des ans, en particulier depuis que les États-Unis ont imposé des sanctions paralysantes en vertu de la « loi César » en décembre 2019. Ces sanctions ont aggravé les difficultés du gouvernement Assad, qui n’a pas pu lancer de réformes économiques.

Les États-Unis ont également apporté leur soutien à de nombreux groupes armés opposés au gouvernement d’Assad, ce qui a été largement documenté dans des messages divulgués et des déclarations de hauts responsables américains.

Le départ d'Assad ne signifie pas pour autant un retour à la stabilité en Syrie, ni une levée ou un assouplissement des sanctions. Les nouveaux dirigeants ne forment pas une entité cohérente, mais plutôt une coalition de groupes armés aux idéologies, aux affiliations et aux objectifs politiques variés.

Plusieurs pays de la région, dont le Qatar, la Turquie, la Jordanie et l’Arabie saoudite, ont soutenu directement ou indirectement ces groupes armés qui ont renversé le gouvernement Assad pour servir leurs propres ambitions régionales.

La nouvelle coalition au pouvoir à Damas devra probablement faire face à des défis importants, notamment pour obtenir une légitimité internationale, à l’instar du gouvernement taliban de facto à Kaboul.

Il est également fort probable que ces groupes armés finissent par se retourner les uns contre les autres, car leurs objectifs sont fondamentalement différents. Chaque faction cherchera probablement à obtenir une plus grande part du pouvoir.

Le régime israélien, qui se nourrit de l’insécurité et du chaos dans la région, devrait continuer à aggraver la situation. Des rapports récents suggèrent qu’Israël a tenté d’étendre son invasion des territoires syriens au-delà du plateau du Golan déjà occupé, profitant des troubles actuels.

S’il est évident que ces groupes armés ont bénéficié du soutien du régime sioniste, ce soutien ne continuera pas maintenant qu’ils ont renversé le gouvernement démocratiquement élu de Syrie.

Les jours et les semaines à venir seront cruciaux et détermineront la direction que prendra la région. Cependant, une chose est sûre, l'Axe de la Résistance reste intact et en position de force.

Seyyed Ali Riza est un écrivain basé à Sydney spécialisé dans les affaires de l'Asie de l’Ouest.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

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SOURCE: FRENCH PRESS TV