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Zoom Afrique du 17 octobre 2024

Zoom Afrique du 17 octobre 2024

Les titres de la rédaction :

  • La Zambie ambitionne de doubler les inscriptions dans l’enseignement supérieur
  • Train urbain de Lagos : la Red Line est entrée en service
  • Éthiopie : TOYO va construire une usine de cellules solaires
  • RDC : la Gécamines lance les exportations de germanium depuis sa nouvelle usine

Les analyses de la rédaction :

1. Mali : Sadio Camara promet que la reconquête de l’entièreté du territoire national se fera dans les meilleurs délais 

Le ministre de la Défense et des Anciens combattants (MDAC), le Colonel Sadio Camara, a inauguré le nouveau camp militaire de San jeudi dernier, 10 octobre 2024. Cette nouvelle infrastructure militaire va abriter le 23e régiment d’infanterie motorisée. C’était en présence des autorités administratives et politiques ainsi que des légitimités traditionnelles et religieuses de la nouvelle région administrative du pays. Cette infrastructure vient renforcer le dispositif et le maillage sécuritaire de la nouvelle région et sa capitale qui est désormais une ville-garnison hautement sécurisée. 

Destiné au 23e régiment d’infanterie motorisée, ce nouveau camp est placé sous le Commandement de la région militaire n° 2 (Ségou). C’est un joyau architectural qui va donc abriter le 23e régiment d’infanterie motorisée. « L’infanterie est la reine de la bataille, toutes les autres forces de l’armée de terre concourent à son succès. Elle est la première à être sur le terrain. C’est avec elle qu’on occupe le terrain. Donc, ce camp n’est pas seulement un bâtiment, mais il représente notre détermination à garantir la paix et la sécurité, pour notre pays et nos alliés », a précisé le chef d’état-major de l’armée de terre, le général de Brigade Harouna Samaké. 

Pour le ministre de la Défense et des Anciens combattants, cette inauguration tombe à point nommé car, a-t-il souligné, « ce nouveau camp comble toutes les attentes de la hiérarchie militaire ». Le Colonel Sadio Camara a également précisé qu’il « répond à tout point de vue à la vision édictée par le chef de l’Etat ». L’’infrastructure militaire est composée d’un poste de commandement, de zone de vie, de magasin d’armes, de hangars pour les blindées, de réseau d’adduction d’eau et d’éclairage public et enfin de système de sécurité très avancé. 

Si ce camp militaire, bâti sur une superficie de 500 hectares, est aussi « la matérialisation d’un vœu ardent exprimé par les populations de San », le ministre Sadio Camara a aussi souligné que ce choix ne doit rien au hasard. En effet, cette nouvelle capitale régionale est située à « cheval entre les régions de Ségou, Mopti et Koutiala. Ce qui justifie aisément ce choix stratégique qui vise à adopter une posture d’anticipation et de veille face aux menaces multiformes causées par les groupes armés terroristes et la criminalité transfrontalière organisée ». Le nouveau camp vient donc « renforcer le dispositif et le maillage sécuritaire de cette zone militaire » matérialisé (maillage) par le recrutement suffisant en nombre et en qualité, la politique d’équipement à hauteur de souhait et l’amélioration subséquent des conditions de logement et de travail. 

« La montée en puissance de notre armée n’est pas un vain mot. Elle se traduit par le renforcement de l’effectif, de l’acquisition d’équipements de dernière génération et un meilleur maillage territorial. Nul doute que notre armée, socle de la souveraineté du Mali, signe son renouveau. Et je puis vous rassurer ici que la reconquête de l’entièreté de notre territoire national se fera dans un bref délai, pour le bonheur de nos populations laborieuses », a promis le ministre le MDAC. Il n’a pas manqué de manifester aussi toute sa reconnaissance aux autorités administratives et politiques ainsi qu’aux légitimités traditionnelles et religieuses […] pour le terrain mis à la disposition de l’armée pour les besoins de la cause. 

Le ministre de la Défense a également chaleureusement félicité l’État-major général des armées pour « l’élaboration et la réalisation de la carte militaire qui permet à notre pays de s’adapter progressivement aux réalités et au contexte sécuritaire à travers la construction en cours de nombreux autres camps pour accueillir différentes unités dédiées à la défense opérationnelle du territoire et à la protection des Maliens ». Aux Maliens, le colonel Camara a demandé de rester soudées derrière les FAMa qui représentent « une armée républicaine, unie, forte et solidaire, toujours au contact et au service de son peuple ». 

2. Kemi Seba interpellé en France : un bras de fer avec les autorités françaises 

Le militant panafricaniste Kemi Seba a été arrêté le 14 octobre 2024 à Paris, suscitant une vague de réactions. Interpellé à sa sortie d’un restaurant parisien, Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, était accompagné de Cyrille Kamdem, son bras droit. Il venait d’Espagne et était entré sur le territoire français avec un passeport diplomatique nigérien. Les motifs de son arrestation ne sont pas encore officiellement communiqués par les autorités françaises. 

Cependant, selon les premières informations, il lui est reproché une entrée illégale sur le territoire français. Pourtant, son avocat, Juan Branco, affirme que Kemi Seba disposait d’un visa Schengen de type D, qui lui permettait de circuler librement dans l’espace Schengen. L’accusation la plus grave portée contre lui serait « intelligence avec une puissance étrangère en vue de susciter des actes d’agression contre la France ». Cette charge pourrait entraîner jusqu’à 30 ans de prison. 

Kemi Seba, figure emblématique du panafricanisme et critique acerbe du néocolonialisme occidental, notamment français, avait brûlé son passeport français en signe de protestation lors d’une conférence publique, geste qui avait contribué à son retrait de la nationalité française. Paris l’accuse depuis d’inciter à l’hostilité contre les intérêts français en Afrique. 

Fortifi Lushima, coordinateur national du Mouvement urgences panafricanistes en RDC, a exprimé sa préoccupation suite à cette arrestation. Selon lui, toute opposition à la politique française en Afrique fait de l’individu une cible des services français. Il perçoit cette arrestation comme un acte visant à discréditer les militants panafricanistes influents, craignant que l’influence de Kemi Seba sur la jeunesse africaine ne devienne trop forte. 

Les autorités françaises restent pour le moment silencieuses, ce qui alimente les débats et les spéculations autour des véritables motivations de cette arrestation. De nombreux leaders panafricanistes à travers le monde ont exprimé leur solidarité avec Kemi Seba, dénonçant ce qu’ils considèrent comme une répression de la lutte contre le néocolonialisme. Une conférence de presse est attendue prochainement de la part de son avocat pour éclairer l’opinion publique internationale sur cette affaire qui pourrait devenir un nouveau point de tension entre Paris et les mouvements panafricanistes. 

La jeunesse africaine, avertit Fortifi Lushima, pourrait réagir sévèrement si le sort de Kemi Seba venait à empirer, avertissant que les intérêts français en Afrique pourraient en pâtir. 

3.  Niger : l’Afrique doit suivre l’exemple de la rupture avec les symboles coloniaux 

Le Niger vient de franchir une nouvelle étape importante dans son processus de détachement de l’héritage colonial français. En rebaptisant ses avenues, places et monuments, les autorités nigériennes réaffirment leur volonté de tourner la page de l’époque coloniale et de construire une identité nationale libérée de l’influence de l’ancienne puissance coloniale. 

Le général Charles de Gaulle, symbole majeur de l’histoire coloniale française, a ainsi été remplacé par Djibo Bakary, le premier maire élu de Niamey et l’un des plus ardents défenseurs de l’indépendance du Niger. À travers ce geste, le gouvernement nigérien envoie un message fort : il est temps pour l’Afrique de se réapproprier son histoire, de valoriser ses héros nationaux et de se défaire des vestiges symboliques de la domination coloniale. 

D’autres changements, tels que la transformation de la place de la Francophonie en place de l’Alliance des États du Sahel (AES), unissant le Niger au Mali et au Burkina Faso, démontrent que cette démarche va au-delà du symbolisme. Il s’agit de redéfinir les alliances politiques et de s’émanciper de l’influence occidentale. Ce choix d’assumer pleinement la rupture avec la France, en expulsant les militaires français, en renvoyant l’ambassadeur et en fermant le centre culturel franco-nigérien, rebaptisé en hommage au cinéaste nigérien Moustapha Alassane, incarne une nouvelle ère de souveraineté africaine. 

L’exemple nigérien doit résonner dans toute l’Afrique. Si une nation comme le Niger, confrontée à des défis économiques et sécuritaires, peut prendre de telles mesures courageuses, d’autres nations africaines devraient suivre cette voie. Les noms, monuments et institutions qui glorifient les anciens colonisateurs sont des reliques d’un passé douloureux et doivent être remplacés par des figures et des symboles africains, afin de redonner aux peuples africains la fierté de leur propre histoire. 

Le remplacement du portrait de l’explorateur colonial français Parfait-Louis Monteil par celui de Thomas Sankara, héros du panafricanisme, montre que cette démarche ne se limite pas au Niger. Sankara, assassiné en 1987 après avoir dirigé une révolution au Burkina Faso, est un modèle pour tout le continent africain. Son image gravée à Niamey rappelle à tous les Africains que l’indépendance véritable, tant politique qu’économique, est une cause pour laquelle il faut lutter sans relâche. 

Les nations africaines doivent embrasser cette rupture avec le passé colonial et prendre en main leur destin. La France-Afrique, ce système de relations postcoloniales qui maintient les anciens pays colonisés sous influence, doit être rejetée. L’exemple du Niger, sous la direction du Général Abdourahmane Tchiani, est celui d’un continent qui cherche à affirmer sa souveraineté, à redéfinir ses alliances et à se concentrer sur les intérêts de ses propres populations. 

L’Afrique, dans son ensemble, gagnerait à entreprendre ce travail de décolonisation symbolique, politique et économique. En valorisant les figures historiques africaines et en rompant avec les vestiges d’une ère révolue, les nations africaines peuvent s’affirmer sur la scène internationale avec fierté et confiance. Ce mouvement n’est pas une simple rébellion contre l’ancienne puissance coloniale, mais une affirmation de dignité, d’identité et de souveraineté. 

Le Niger montre la voie. Il est temps que le reste de l’Afrique suive. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV