Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. la résistance du Burkina Faso face à l’impérialisme et l’héritage de Sankara
Ce 15 octobre 2024, le Burkina Faso a commémoré le 37e anniversaire de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara, figure emblématique de la révolution burkinabè. Le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition, a rendu hommage à ce leader charismatique dans un message poignant publié sur la page Facebook de la présidence. Traoré a salué l’héritage de Sankara, soulignant son intégrité, son patriotisme et son engagement pour un Burkina Faso libre et souverain. Selon lui, l’idéal de Sankara continue d’inspirer la lutte actuelle pour la reconquête du territoire national et la construction d’un Burkina prospère et pacifique.
Les cérémonies ont débuté tôt le matin à la Primature, avec une montée des couleurs au son des hymnes nationaux. Le Premier ministre Apollinaire Kyelem de Tambela, dans son discours, a rappelé l’importance des hymnes entonnés ce jour-là : le Ditanyè, l’hymne national, et l’hymne de la révolution, qui prônent l’unité nationale et la résistance contre l’impérialisme. Il a souligné que ces chants rappellent aux Burkinabè leur devoir de travailler pour l’intérêt supérieur de la nation, en s’inspirant des luttes passées.
Le Premier ministre a également évoqué la symbolique du 15 octobre, qualifiant ce jour de victoire des ténèbres sur la lumière en raison de l’assassinat de Sankara en 1987. Cependant, il a comparé la prise de pouvoir par le capitaine Traoré le 30 septembre 2022 à une aube nouvelle pour le Burkina Faso, marquant la fin de cette longue nuit et un renouveau pour la nation.
L’allocution s’est conclue par un message adressé à la jeunesse, l’exhortant à se fixer des objectifs et à travailler avec détermination pour construire un Burkina Faso meilleur, fidèle aux idéaux de Thomas Sankara. Le Premier ministre a mis en avant l’exemple inspirant de jeunes choristes, qui, tout comme une ancienne chanteuse devenue professeur et conseillère, pourraient tracer leur propre chemin vers le succès.
L’héritage de Thomas Sankara au Burkina Faso reste une source d’inspiration profonde pour les générations actuelles, surtout dans un contexte où le pays lutte pour sa souveraineté face à l’impérialisme occidental. Sankara, surnommé le « Che Guevara africain », n’a pas seulement marqué le Burkina Faso par sa volonté de libération politique et économique, mais également par sa vision révolutionnaire pour toute l’Afrique. Sa lutte pour l’autosuffisance, sa politique de nationalisation des ressources, et son rejet des aides étrangères qui entravaient l’indépendance véritable, continuent de résonner aujourd’hui, particulièrement alors que le pays fait face à de nouvelles menaces coloniales et néocoloniales.
Sous Sankara, des réformes audacieuses furent mises en place pour affranchir le Burkina Faso de la dépendance occidentale, notamment par la réduction des privilèges des élites corrompues, la promotion des droits des femmes, et une gestion rigoureuse des ressources publiques. Son assassinat en 1987, orchestré avec la complicité d’intérêts extérieurs, a marqué un coup d’arrêt brutal à ces idéaux révolutionnaires. Cependant, la récente montée des mouvements populaires, la remise en question des influences étrangères, et l’élection du capitaine Ibrahim Traoré à la tête du pays en 2022 ont ravivé l’esprit de Sankara. Traoré, dans ses discours, ne cesse de rappeler l’importance de ce passé pour tracer la voie vers un Burkina Faso libre et autosuffisant.
La lutte actuelle contre l’impérialisme passe aussi par une remise en cause des interventions militaires étrangères sous couvert de lutte contre le terrorisme, que beaucoup de Burkinabè voient comme une nouvelle forme de contrôle des ressources et de l’économie locale. Dans ce contexte, l’hommage rendu à Sankara par le capitaine Traoré lors de la commémoration du 37e anniversaire de son assassinat est porteur de sens. Il a rappelé que le combat pour une souveraineté réelle, pour un Burkina Faso indépendant de l’influence occidentale, doit se poursuivre avec la même détermination que celle affichée par Sankara et ses camarades révolutionnaires.
La montée des couleurs à la Primature lors de cette commémoration, accompagnée des hymnes du Ditanyè et de la Révolution, a illustré le lien entre le passé révolutionnaire et la lutte contemporaine. Les chants rappellent aux Burkinabè qu’ils sont les héritiers d’une lutte anti-impérialiste qui transcende les décennies. À travers ces moments symboliques, les Burkinabè se rappellent que leur combat n’est pas uniquement dirigé contre les ennemis intérieurs, mais aussi contre des forces extérieures qui cherchent à maintenir le pays dans un état de dépendance.
Le Burkina Faso d’aujourd’hui, sous la gouvernance du capitaine Traoré, se trouve à un carrefour. Il est confronté à la nécessité de résister non seulement aux défis sécuritaires internes, mais également aux pressions économiques et politiques de l’Occident, qui cherche toujours à influencer la direction politique du pays. À l’image de Sankara, le gouvernement actuel entend redonner au peuple la maîtrise de ses ressources, de son économie, et de sa destinée.
Sankara disait : « La patrie ou la mort, nous vaincrons. » Ces mots résonnent plus que jamais dans l’esprit des Burkinabè qui, aujourd’hui, continuent à chercher leur place dans un monde marqué par des rapports de forces inégaux. L’héritage de ce leader révolutionnaire ne se limite donc pas à des discours, mais incarne une feuille de route pour les nouvelles générations déterminées à construire un Burkina Faso autonome, libre de toute influence étrangère.
2. Les troupes françaises ont-elles réellement quitté la Côte d’Ivoire ?
La France et la Côte d’Ivoire discutent actuellement du retrait progressif du 43e Bataillon de Marines (43e BIMa) basé à Port-Boué. Cette décision, annoncée par le général Pascal Ianni, commandant des forces françaises en Afrique, est censée renforcer la souveraineté ivoirienne en restituant le contrôle de la base à Abidjan. Cependant, les termes de cet accord suscitent des interrogations quant à la réalité du retrait annoncé.
Alors que Paris annonce un « retrait », la réalité semble plus nuancée. En effet, la France prévoit de maintenir une influence militaire en Côte d’Ivoire à travers la création de centres de formation et d’entraînement pour les forces armées ivoiriennes. Cela, selon certains experts, ne constituerait qu’un déplacement du problème plutôt qu’une véritable rupture. Ils soulignent d’ailleurs que ce partenariat, en apparence renouvelée, pourrait simplement servir à prolonger l’influence de la France dans la région, malgré les pressions croissantes pour un retrait total.
En outre, les manœuvres militaires conjointes entre les forces ivoiriennes et françaises, comme l’exercice sur la base aérienne de Bouaké en septembre 2024, montrent que la coopération continue sous une autre forme. Le maintien de ces activités suggère que la France cherche à réorienter sa présence plutôt qu’à la réduire.
Ce débat sur le retrait des troupes françaises est amplifié par les récentes accusations de déstabilisation régionale. Le président de transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a affirmé que la Côte d’Ivoire, en complicité avec la France, héberge un « centre d’opérations » visant à déstabiliser son pays. Cette accusation, soutenue par des éléments concrets comme l’arrestation d’un sous-officier ivoirien par les forces de défense et de sécurité du Burkina Faso, met en lumière le rôle potentiellement néfaste de l’influence étrangère dans les tensions régionales.
En juillet 2024, une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montrait un soldat ivoirien capturé par les forces burkinabè, affirmant que des plans de déstabilisation étaient en cours avec le soutien de l’armée française. Ces révélations viennent renforcer les critiques à l’encontre de la présence militaire française, déjà affaiblie par les retraits forcés du Mali, du Niger, et du Burkina Faso.
La promesse de retrait du contingent français de Côte d’Ivoire pourrait finalement n’être qu’une façade masquant une stratégie de néocolonialisme moderne. L’opinion publique en Afrique commence à se dresser contre cette présence militaire étrangère. La population ivoirienne pourrait à son tour exiger un véritable désengagement, loin des promesses vagues de « réorientation » des forces.
Les leaders panafricanistes et les défenseurs de la souveraineté nationale insistent sur la nécessité pour les États africains de résoudre eux-mêmes leurs problèmes de sécurité, sans recourir à l’appui d’acteurs extérieurs aux intentions souvent floues. En Côte d’Ivoire, où la situation sécuritaire n’est pas aussi critique que dans les pays voisins, la présence militaire française est de plus en plus perçue comme un frein à l’indépendance réelle.
La France, tout en annonçant un retrait progressif de ses troupes, semble maintenir un pied militaire en Côte d’Ivoire sous forme de centres de formation et de manœuvres conjointes. Cette stratégie soulève des questions sur les réels objectifs de Paris, accusé par certains d’utiliser Abidjan comme un point stratégique pour influencer la région du Sahel. Le débat est loin d’être clos, et il revient désormais aux Ivoiriens de décider s’ils souhaitent véritablement se libérer de cette tutelle militaire ou continuer à en accepter les termes sous de nouvelles formes.
3. La lutte du peuple kanak face à la domination coloniale française
La lutte du peuple kanak pour l’indépendance et la liberté, face à la domination coloniale française, est un combat pour la justice, la dignité et l’autodétermination. Depuis des décennies, les Kanaks ont exprimé leur désir de rompre avec l’impérialisme français qui a dépossédé leur terre et réduit leur voix à celle d’une minorité marginalisée dans leur propre pays, la « Nouvelle-Calédonie ». La récente mobilisation populaire, déclenchée par l’imposition de la loi du dégel du corps électoral, en est une preuve flagrante.
Cette loi, imposée par l’État français, visait à diluer la voix des Kanaks en ouvrant l’électorat à des personnes non originaires de l’archipel, sapant ainsi les fondements de tout processus d’autodétermination. Ce stratagème, sous couvert d’un prétendu élargissement démocratique, était en réalité une tentative éhontée de maintenir la Nouvelle-Calédonie sous le joug de Paris, contredisant les accords de paix et d’autonomie partielle conclus depuis 1988. Ces accords, comme celui de Nouméa, étaient censés permettre une transition pacifique vers l’indépendance, mais la France n’a jamais cessé d’orchestrer subtilement la perpétuation de son contrôle.
Face à cette injustice, le peuple kanak s’est levé avec force, refusant d’être spectateur d’un énième coup de force impérialiste. Leur mobilisation a conduit à la suspension de la loi, une première victoire que la France ne pouvait ignorer. La colère des Kanaks, exprimée à travers des manifestations massives, des barrages économiques et des actions de résistance, a mis en lumière l’épuisement du modèle colonial français et l’urgence d’un changement radical.
Le refus du gouvernement français de reconnaître pleinement les aspirations indépendantistes kanaks est une illustration claire de l’hypocrisie coloniale qui persiste. Alors que l’État français se présente comme un champion des droits de l’homme sur la scène internationale, il refuse dans ses propres territoires de respecter le droit fondamental des peuples à disposer d’eux-mêmes. Les Kanaks sont réduits à l’état de colonisés dans leur propre terre, subissant répression et violence. Les centaines de prisonniers politiques, détenus injustement pour avoir défendu leur terre et leurs droits, doivent être libérés sans condition, et les meurtres des jeunes Kanaks par les forces de l’ordre ne doivent plus rester impunis.
La France continue d’imposer ses décisions autoritaires, ignorante de la détresse sociale causée par ses propres politiques. Le chômage massif, les infrastructures dévastées, et la précarité croissante sont les résultats directs de cette situation imposée par Paris. La colonie, exploitée pour ses ressources et maintenue sous une domination brutale, souffre des conséquences de décennies de négligence et d’exploitation. Il est temps que cette injustice cesse.
Le peuple kanak mérite d’exercer pleinement son droit à l’autodétermination, sans ingérence française. Il est inacceptable que, des décennies après la fin officielle de l’ère coloniale, la France continue de s’accrocher à ses dernières colonies, à travers des manipulations politiques et économiques. Il est plus que temps que le processus de décolonisation aboutisse, que le peuple de Kanaky reprenne le contrôle total de sa terre, de son économie et de son destin. La France doit reconnaître que son rôle dans la région est terminé et respecter la volonté souveraine du peuple kanak.
En fin de compte, la lutte pour l’indépendance de Kanaky n’est pas seulement une lutte contre la domination française, c’est une lutte pour la justice et la dignité humaine, une lutte qui doit inspirer tous ceux qui croient en un monde libéré des chaînes de l’impérialisme.