Par Humaira Ahad
Plus tôt cette semaine, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu a prononcé un discours controversé devant le Congrès américain, qui a été boycotté par de nombreux législateurs américains et qui a donné lieu à de nombreuses manifestations à travers les Etats-Unis.
Alors que le bilan du génocide du régime israélien à Gaza approche les 40 000 morts et que la situation humanitaire continue de s'aggraver, Netanyahu a promis de poursuivre la guerre et il a appelé à davantage de soutien américain – davantage d'armes létales – pour « terminer le travail plus rapidement ».
Lors de son discours, truffé de mensonges flagrants, de fausses accusations et de déformations, le (Premier) « ministre criminel » du régime israélien s’est attaqué à la Cour pénale internationale (CPI) pour avoir émis un mandat d'arrêt contre lui pour « crimes de guerre » et « crimes contre l'humanité ».
Netanyahu a été accusé d’avoir colporté des mensonges trop éhontés dans son discours qui a ironiquement été applaudi par les Américains, confirmant une fois de plus la profonde collusion entre les deux parties dans le génocide de Gaza.
Nous décortiquons ici certains des mensonges proférés par Netanyahu dans son discours au Congrès américain.
« Le Hamas a brûlé des bébés le 7 octobre »
Aucune photographie ou vidéo d’un enfant israélien décapité le 7 octobre, à la suite de l’opération Tempête d’Al-Aqsa, n’a été rendue publique par le régime israélien ou son armée, ce qui met au grand jour la fausseté de cette allégation.
Le 11 octobre, l'armée israélienne a reconnu qu'elle ne fournirait aucune preuve médico-légale pour étayer cette accusation d'infanticide portée contre la Résistance palestinienne.
« Je n'ai pas de preuves et je n'en cherche pas », c’est ce qu’a affirmé à l'époque le porte-parole de l'armée israélienne, le major Nir Dinar.
Le président américain, Joe Biden qui s'est efforcé d'amplifier les allégations du régime sioniste, a également prétendu à tort avoir vu des photos de « terroristes décapitant des enfants ».
Plus tard, la Maison Blanche est revenue sur ses affirmations, et reconnu que ni le président ni aucun autre responsable américain n’avait vu de telles images et que le gouvernement n’avait aucune confirmation indépendante des allégations de Netanyahu ou de ses ministres.
Un rapport d'enquête du site Electronic Intifada a révélé que les bébés ont été tués dans la colonie de peuplement Beeri, à la frontière de Gaza, le 7 octobre par les forces israéliennes, conformément à la « Directive Hannibal » - le pacte homicide-suicide du régime israélien.
« Le Hamas a tué 1 200 Israéliens le 7 octobre »
Un rapport publié par le journal israélien Haaretz a révélé que le régime de Netanyahu avait exécuté l'ordre Hannibal, qui ordonne aux forces militaires israéliennes de tuer son propre peuple (les colons) pour empêcher leur capture.
Selon le rapport, la directive a été mise en œuvre dans trois installations militaires attaquées par le mouvement de Résistance islamique de la Palestine, le Hamas le 7 octobre.
La directive Hannibal autorise l’usage de la force dans toute la mesure du possible pour empêcher la capture de militaires et de colons israéliens, même au risque de les tuer.
Le journal rapporte que la communication enregistrée le matin du 7 octobre confirme qu'Israël était prêt à tuer ses propres colons pour éviter qu'ils soient pris en otage.
La directive donnée à 11h22 heure locale stipulait que « aucun véhicule ne peut retourner à Gaza », faisant ainsi des colons israéliens des victimes collatérales.
Le régime a utilisé la directive Hannibal à plusieurs endroits, notamment sur la base militaire de Reim et à l'avant-poste de Nahal Oz.
À Reim, des attaques de drones ont été ordonnées alors même que les forces du commando israélien Shaldag étaient engagées dans un combat avec les combattants du Hamas, faisant craindre un nombre élevé de victimes parmi les forces israéliennes.
Une enquête menée en décembre par le journal israélien Yedioth Ahronoth a révélé que l'armée israélienne, agissant sur ordre du régime, a fait un usage massif de la force meurtrière contre ses propres citoyens capturés le 7 octobre, afin d'éviter qu'ils ne soient retenus en captivité.
« Les manifestations anti-israéliennes appellent au génocide des Juifs »
La plupart des manifestations contre le génocide commis par Israël à Gaza au cours des derniers mois ont été menées par des Juifs de différents pays, y compris la manifestation au Capitole américain à la veille de la visite de Netanyahu à Washington la semaine dernière.
Jewish Voice for Peace (JVP) et IfNotNow ne sont que deux des plus grandes organisations antisionistes qui ont exprimé leur soutien indéfectible aux manifestations pro-palestiniennes et anti-israéliennes en cours aux États-Unis.
« Nous saluons le courage et la détermination des étudiants de tout le pays qui protestent pacifiquement pour la fin du soutien américain à l'armée israélienne et appellent leurs propres universités à se désinvestir de l'armée israélienne », a déclaré récemment la directrice exécutive du JVP, Stefanie Fox, dans un communiqué.
« Ce n’est pas antisémite de protester contre les actions du régime israélien qui mène une campagne génocidaire à Gaza », a ajouté Fox.
La veille du discours de Netanyahu au congrès américain, des milliers de juifs ont défilé sur Capitol Hill, portant des drapeaux palestiniens et manifestant en faveur des droits des Palestiniens.
Ils portaient des t-shirts sur lesquels était écrit « Pas en notre nom » et déployaient des banderoles exigeant un « cessez-le-feu », à la suite duquel événement plus de 200 d'entre eux ont été, précisons-le, battus et arrêtés.
« Le procureur de la CPI accuse Israël de cibler délibérément des civils. De quoi parle-t-il ? »
Un rapport publié en juin par la commission indépendante soutenue par les Nations unies a révélé que l'usage « délibéré » d'armes lourdes et létales par l'armée israélienne dans la bande de Gaza constituait une « attaque intentionnelle et directe contre la population civile ».
Navi Pillay, présidente de la Commission d'enquête internationale indépendante sur les territoires palestiniens occupés, a déclaré que le régime israélien avait commis des crimes contre l'humanité, des famines forcées, des exterminations, des meurtres et des traitements inhumains et cruels contre les Palestiniens.
L'Observatoire Euro-Med des Droits de l'Homme, un groupe de défense des droits de l'Homme basé à Genève, a déclaré dans un récent rapport que le régime israélien « utilise de petits drones, connus sous le nom de quadricoptères, pour cibler et attaquer directement les Palestiniens dans l'intention de tuer et de blesser des civils ».
Les enquêtes menées par Euro-Med indiquent qu'Israël cible principalement les civils non armés dans les centres d'hébergement, les hôpitaux, les rues et les zones résidentielles densément peuplées dans cette étroite bande de deux millions d’habitants.
Il a été rapporté que des drones quadricoptères israéliens avaient ouvert le feu sur des Palestiniens rassemblés pour recevoir de la farine apportée par des camions des Nations unies le 11 janvier, entraînant la mort d'au moins 50 personnes.
Depuis octobre dernier, de nombreux autres rapports d’organisations indépendantes de défense des droits de l’homme ont mis en évidence de graves violations des droits de l’homme contre les Palestiniens, en majorité des enfants et des femmes, dans la bande de Gaza.
Des enfants, y compris des tout-petits, ont été tués par des bombes, des balles et des « armes de famine ». Selon les dernières estimations, plus de 16 000 enfants ont déjà perdu la vie. Le bilan officieux est bien plus élevé.
« La CIJ a accusé Israël d’affamer délibérément la population de Gaza. C’est une absurdité totale. »
Un rapport Euro-Med intitulé « Tuer des Palestiniens affamés et cibler des camions d’aide : une politique israélienne délibérée visant à aggraver la famine dans la bande de Gaza », publié en avril, a révélé que le régime avait tué 563 Palestiniens et qu’il en avait blessé 1 523 autres, en ciblant les personnes attendant de l’aide, les centres de distribution et, les travailleurs chargés d’organiser, de protéger et de distribuer l’aide.
Selon le même rapport, entre le 11 janvier et le 23 mars 2024, 256 personnes ont été tuées dans la zone du rond-point de Koweït, au sud-est de la ville de Gaza ; 230 dans la rue al-Rashid, au sud-ouest de la ville de Gaza et, 21 dans des centres de distribution d'aide.
Les documents montrent également que 41 policiers et membres du Comité de protection du peuple supervisant la distribution de l'aide ont été tués ainsi que 12 travailleurs chargés de la distribution de l'aide.
Près de 200 employés de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens ont été tués depuis octobre 2023, selon le directeur général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, qui a qualifié samedi cette situation de la « plus grande perte de personnel dans un seul conflit ».
La plupart d’entre eux, des civils palestiniens, ont été tués alors qu’ils distribuaient de l’aide dans la bande de Gaza.
Netanyahu a également proféré que le Hamas avait volé l'aide. Cette allégation a été démentie, entre autres, par le diplomate américain, David Satterfield.
Satterfield a déclaré qu’aucun responsable israélien ne lui avait présenté, ni à lui ni au gouvernement de Joe Biden, des « preuves concrètes de détournement ou de vol d’aide ».
Un groupe de 10 rapporteurs indépendants de l'ONU a annoncé le 9 juin qu'il n'y avait « aucun doute » que la famine existait désormais dans toute la bande de Gaza et ce, à cause de la guerre qui arrivera d’ici quelques jours à son dixième mois.
« Nous déclarons que la campagne de famine intentionnelle et ciblée d'Israël contre le peuple palestinien est une forme de violence génocidaire et qu’elle a entraîné une famine dans toute la bande de Gaza », ont-ils déclaré.
En avril, le bureau de coordination humanitaire de l’ONU, OCHA, a signalé que depuis le 1er mars, 30 % des missions d’aide humanitaire dans le nord de Gaza avaient été refusées par les autorités du régime israélien.
En plus de refuser toute aide aux Palestiniens de Gaza, le régime bombarde régulièrement des minoteries, des boulangeries, des épiceries et des marchés, en toute impunité.
Il a détruit des terres agricoles, ciblé des bateaux et du matériel de pêche ainsi que des réservoirs d’eau, privant la population de Gaza de sa capacité limitée à produire de la nourriture localement.
Une série de frappes aériennes israéliennes sur un convoi d'aide humanitaire de World Central Kitchen le 1er avril a tué sept travailleurs, obligeant les principaux groupes d'aide humanitaire à suspendre leurs opérations.
En juin, le Programme alimentaire mondial a suspendu ses opérations après que deux de ses entrepôts ont été attaqués lors de l'offensive militaire dévastatrice du régime pour libérer certains captifs ; une offensive qui a entraîné la mort de 300 Palestiniens.
En février, au moins 112 Palestiniens ont été tués et plus de 750 blessés après que les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des centaines de personnes attendant de l'aide alimentaire au sud-ouest de la ville de Gaza.
« Les pertes civiles résultant des opérations israéliennes à Rafah sont pratiquement inexistantes »
Le 27 mai, les forces du régime ont attaqué des tentes abritant des personnes déplacées dans la ville de Rafah, à l'extrême sud de Gaza, tuant au moins 40 Palestiniens, dont de nombreux enfants.
La Société du Croissant-Rouge palestinien (SCRP) a rapporté que parmi les morts figuraient des femmes et des enfants, dont beaucoup ont été « brûlés vifs » dans leurs tentes après l'attaque.
Deux jours plus tard, le 28 mai, une autre frappe israélienne a touché un camp de réfugiés, tuant des dizaines de Palestiniens déplacés, dont des enfants.
Quelques jours plus tard, les attaques israéliennes sur la ville de Rafah, déclarée « zone sûre », ont tué 18 personnes dans la nuit, dont neuf enfants.
Début février, environ quatre frappes aériennes israéliennes ont tué au moins 95 civils, dont environ la moitié n’était que des enfants.
Tout comme d'autres hôpitaux du territoire, l'hôpital koweïtien de Rafah est devenu non opérationnel en raison d'attaques délibérées des forces israéliennes contre le personnel de l'hôpital et ses environs.
« Jérusalem (Qods) est la capitale éternelle d’Israël, elle ne sera plus jamais divisée »
Le plan de partage des Nations unies élaboré en 1947 envisageait Jérusalem (Qods) comme une « ville internationale » distincte.
En 1948, la guerre menée par le régime israélien et la prise illégale des territoires palestiniens ont divisé la ville.
En 1980, le régime a adopté la soi-disant « loi de Jérusalem », stipulant que « Jérusalem, entière et unie, est la capitale d’Israël ».
En réponse, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 478 en 1980, déclarant la prétendue loi « nulle et non avenue ».
L'organisme mondial a déclaré que l'annexion illégale par Israël de Jérusalem-Est (Qods-Est) occupée viole plusieurs principes du droit international, qui stipulent qu'une puissance occupante n'a pas de souveraineté sur le territoire qu'elle occupe.
La communauté internationale considère officiellement Jérusalem-Est (Qods-Est) comme un territoire occupé. En 2017, l'Assemblée générale des Nations unies a réprimandé le président américain de l'époque, Donald Trump, pour avoir transféré l'ambassade américaine à Jérusalem occupée, (Qods), et une majorité a voté contre cette décision controversée de Trump.
De plus, aucun pays au monde ne reconnaît la ville occupée de Jérusalem (Qods) comme capitale d’Israël, à l’exception des États-Unis.
« La grande majorité des Américains ne sont pas tombés dans le piège de la propagande du Hamas ; ils continuent de soutenir Israël. »
Un sondage YouGov réalisé fin octobre de l’année dernière a révélé que les Américains âgés de 18 à 29 ans sympathisaient davantage avec les Palestiniens qu’avec le régime israélien dans la guerre actuelle.
Un autre sondage réalisé en octobre par Data For Progress a révélé que 66 % des électeurs américains étaient « tout à fait d’accord » ou « plutôt d’accord » avec l’idée que « les États-Unis devraient appeler à un cessez-le-feu et à une désescalade de la violence à Gaza. Les États-Unis devraient tirer parti de leurs relations diplomatiques étroites avec Israël pour empêcher de nouvelles violences et des morts civiles. »
Un sondage Gallup du 30 novembre a révélé que 45 % des Américains désapprouvaient la guerre génocidaire d'Israël contre Gaza.
En mars, l'approbation de la guerre d'Israël contre Gaza par les adultes américains est tombée à 36 %, contre 55 % de désapprobation.
Le sondage a montré que l’opinion publique américaine désapprouvait fortement la gestion par les États-Unis de la crise en cours à Gaza, comme en témoignent les manifestations massives à l’échelle nationale contre l’administration Biden.
L'image de Netanyahu a également fortement baissé aux États-Unis. Selon les sondages Gallup, jusqu'en décembre 2023, il était perçu plus positivement que négativement par les Américains.
Après la guerre de Gaza, il est devenu un méchant, comme l'ont démontré les manifestations de rue massives dans différentes villes américaines qui ont coïncidé avec sa visite à Washington.