Par Ghorbanali Khodabandeh
L’ex-président américain Donald Trump, blessé à l’oreille, a échappé samedi 13 juillet à une tentative d’assassinat lors d’un meeting d’une campagne électorale désormais bouleversée. Les conséquences de cet événement sur la campagne pourraient être immenses.
La tentative d'assassinat de l'ancien président américain Donald Trump, samedi lors d'un meeting en Pennsylvanie, a suscité de nombreuses réactions au niveau international, mettant en lumière la démocratie à double vitesse du monde occidental, en l’occurrence de la France.
Dans le même temps, les présidents latino-américains ont réagi différemment: le dirigeant cubain a rappelé le commerce des armes et l’escalade de la violence aux États-Unis, tandis qu’au Salvador et au Guatemala, ils ont remis en question de telles manifestations de démocratie.
Ce que l’on sait des tirs lors d’un meeting de campagne de Donald Trump
Un agresseur a ouvert le feu en direction de la scène lors de cet évènement en Pennsylvanie: l'ex-président a été blessé à l'oreille, un des spectateurs a été tué, deux autres ont été grièvement blessés.
Il s’agissait du dernier meeting de Donald Trump avant la convention républicaine où il doit être officiellement investi candidat du Parti républicain face au président sortant démocrate Joe Biden à l’élection de novembre.
Trump a été emmené dans un établissement médical, il a immédiatement déclaré que « tout allait bien » pour lui, a précisé plus tard qu'il avait perdu beaucoup de sang et quelques heures plus tard, il a quitté les lieux.
Le suspect a été éliminé, selon les services secrets américains, il n'a aucun lien avec quelqu'un de l'étranger.
Un fusil a été retrouvé sur les lieux de la fusillade. Selon les forces de l'ordre, l'agresseur se trouvait à l'extérieur de la zone du meeting, dans un bâtiment situé à une centaine de mètres.
De son côté, le New York Post écrit que, selon ses sources, le suspect est Thomas Matthew Crooks et qu'il se cachait sur le toit d'un commerce à environ 100 mètres de la scène.
D’après CNN, Thomas Matthew Crooks était inscrit sur les listes électorales en tant que républicain. Le média cite une liste dans la base de données des électeurs de Pennsylvanie qui correspondait à son nom, son âge et à son adresse.
Biden a déclaré qu'il priait pour le rétablissement de Trump. Selon lui, il n'y a pas de place pour la violence politiquement motivée aux États-Unis.
L’histoire des États-Unis émaillée de violences politiques et d’assassinats
Les circonstances entourant la tentative d’assassinat ayant visé samedi l’ex-président américain Donald Trump, légèrement blessé à la suite de tirs lors d’une réunion de campagne en Pennsylvanie, s’inscrivent dans une histoire des États-Unis d’Amérique émaillée de violences politiques.
Cette tentative d’assassinat est la première depuis celle ayant visé l’ancien président républicain Ronald Reagan, en 1981.
L’histoire des États-Unis est marquée par l’assassinat de quatre présidents assassinés durant leur mandat, d’Abraham Lincoln en 1865 à John Fitzgerald Kennedy en 1963.
Le premier d’entre eux étant le président Abraham Lincoln, tué en 1865 dans sa loge du Théâtre Ford à Washington par un acteur, John Wilkes Booth.
La seconde victime fut James Garfield, 20e président des États-Unis, mort des suites de son attaque le 2 juillet 1881 dans la gare de Washington par Charles Guiteau, un avocat qui cherchait désespérément une place de fonctionnaire.
Le 6 septembre 1901, alors qu’il recevait des personnalités à l’exposition panaméricaine de Buffalo, William McKinley, 25e président des États-Unis, est blessé par un anarchiste qui tira sur lui de nombreuses balles de revolver. Il meurt de ses blessures quelques jours après.
Dans l’histoire plus récente, la plus retentissante intervient le 22 novembre 1963, lorsque John Fitzgerald Kennedy, JFK, est assassiné à Dallas.
D’autres tentatives d’assassinat ont été dirigées contre des présidents américains comme Andrew Jackson, Theodore et Franklin Roosevelt, Gerald Ford ou encore Ronald Reagan.
La tentative d'assassinat de Trump fait réagir la classe politique française
Rapidement après la tentative d’assassinat contre Trump, plusieurs personnalités politiques françaises ont apporté leur soutien à l’ancien président américain et condamné la « violence politique ».
Le président français Emmanuel Macron a exprimé ses pensées à l'ancien président Donald Trump, lui adressant ses « vœux de prompt rétablissement ».
« Un militant est décédé, plusieurs sont blessés. C’est un drame pour nos démocraties. La France partage le choc et l’indignation du peuple américain », a déclaré Macron sur le réseau X, dimanche matin.
Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Stéphane Séjourné évoque une « attaque choquante contre Donald Trump ». « En démocratie, la violence politique et l’intimidation sont inacceptables », déclare-t-il sur X.
Jordan Bardella et Marine Le Pen ont également réagi, très rapidement, à cette attaque. « La tentative d'assassinat contre Donald Trump, qui échappe miraculeusement à cet attentat, est un symbole dramatique de la violence qui sape nos démocraties », a écrit Marine Le Pen sur X souhaitant un « bon rétablissement » à l’ancien président américain.
« La violence est le poison de toute démocrati e», a déclaré de son côté Jordan Bardella. « Le poing levé, il repart au combat après une tentative d'assassinat. Donald Trump est un homme », a tweeté de son côté Éric Zemmour.
Des personnalités de gauche ont également réagi : la députée du Nouveau Front populaire Clémentine Autain estime sur X que « Trump doit être combattu avec les outils de la démocratie ». « La violence armée contre un responsable politique, et en pleine campagne électorale, est démocratiquement inadmissible et humainement inacceptable », dénonce-t-elle encore.
Cette réaction précipitée de la classe politique française, si l’on compare à la réticence de la France à dénoncer les atrocités israéliennes dans la bande de Gaza, qui se poursuivent depuis plus de neuf mois, met en exergue la démocratie à géométrie variable de la France.
Violences israéliennes à Gaza : le silence complice de la France
Alors que la classe politique française s’est précipitée pour adresser ses messages d’indignation en réaction à la tentative d’assassinat contre le candidat à la présidentielle américaine, Donald Trump, la France non seulement n’pas dénoncé explicitement le génocide exercé par Israël à Gaza, mais encore, en continuant de fournir des armes à Israël, s’est rendue complice des crimes de guerre.
Éffectivement la France aujourd'hui, par son silence, par son inaction, est complice, d’autant plus que la France est signataire de la Convention de Genève. Les mesures conservatoires doivent imposer à la France de prendre des mesures pour faire cesser ce qui se passe à Gaza. Quand la France livre des armes à l'armée israélienne, qui servent à tuer des civils palestiniens, elle est, à n’en pas douter, complice des crimes de guerre.
Par ailleurs, le renforcement de la campagne menée en France pour museler, réprimer et intimider les voix pro-palestiniennes et celles qui critiquent Israël constitue une violation flagrante du droit à la liberté d’opinion et d’expression et du droit à la liberté de réunion pacifique.
En plus, l’usage du terme « génocide » reste très limité en France, souvent mis entre guillemets par la presse, présenté comme excessif. En revenant pourtant au droit international, la pertinence du terme pour qualifier le massacre en cours depuis le 7 octobre à Gaza est limpide.
Récemment, seize importantes ONG dont Amnesty International, Human Rights Watch, Médecins du monde et Oxfam ont lancé un appel à « cesser immédiatement les transferts d’armes, de pièces détachées et de munitions à Israël ». Mais en vain, la France n'a toujours pas adopté de mesures punitives à l'encontre d'Israël et maintient son silence, un silence qui en dit long sur l’approche ambivalente de la démocratie à la française.
En effet, les dirigeants français condamnent la blessure à l’oreille de Trump, tandis que leur inaction et leur silence face au massacre de plus de 38 000 Palestiniens innocents à Gaza ont fait d’elles des complices des crimes israéliens.
Ghorbanali Khodabandeh est un journaliste et analyste politique iranien basé à Téhéran.
(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV.)