Par Ivan Kesic
Près de trois semaines après avoir été arbitrairement arrêté et emprisonné en France, le musicien et figure culturelle iranienne Bashir Biazar est aux prises avec des groupes anti-iraniens.
Alors que la probabilité de sa libération et de son éventuelle expulsion de France augmente, certains éléments associés au culte terroriste anti-iranien de l’Organisation Moudjahidin-e-Khalq (OMK) ont lancé une campagne pour le maintenir derrière les barreaux.
Biazar a été convoqué, le 4 juin 2024, par la police française sans mandat d’arrêt, mais il a été arrêté immédiatement après son arrivée au commissariat. Il a ensuite été transféré dans un centre de détention pour migrants illégaux.
Dans un acte d’accusation déposé par le ministère français de l’Intérieur, dont une copie est en possession de Press TV, Biazar a été accusé de « propagande d’État », d’« antisionisme » et d’« antiaméricanisme », de « publications haineuses sur les réseaux sociaux ». Il a été accusé d’être un « vecteur de haine » et de constituer une « menace pour l’ordre public en France ».
Les militants des droits de l’homme, les responsables du gouvernement de la République islamique d’Iran ainsi que la famille et les amis de Biazar ont fermement rejeté les accusations portées contre lui, les jugeant sans fondement et motivées par des raisons politiques.
Lundi 24 juin, Kazem Gharibabadi, secrétaire du Haut Conseil iranien des droits de l’homme et chef adjoint du pouvoir judiciaire chargé des affaires internationales, a réitéré que la détention de Biazar était illégale.
Gharibabadi a souligné qu’un tribunal français a ordonné au ressortissant iranien de quitter le pays dans un délai de 28 jours, cependant, il a été emprisonné au cours des 20 derniers jours.
« Il est vraiment incompréhensible qu’ils le maintiennent en détention jusqu’au dernier jour », a déclaré le secrétaire du Haut Conseil iranien des droits de l’homme, ajoutant que les autorités iraniennes sont en contact avec leurs homologues françaises pour obtenir sa libération.
L’avocat de Biazar a qualifié de « politiques » le maintien en détention et le projet d’expulsion de son client.
Le pari risqué des groupes anti-iraniens
Ces derniers jours, des groupes anti-iraniens en France ont fait monter les enchères pour s’assurer que Biazar continue de croupir en prison sous des accusations qui, selon les militants, ressemblent à une vendetta politique.
20 juin 2024, certains de ces groupes anti-iraniens basés à Paris ont porté plainte contre le musicien iranien, l’accusant de « participation à des actes de torture » et d’« espionnage pour le compte d’une puissance étrangère ».
La plainte est basée uniquement sur son travail antérieur pour le Département de musique et de chant de la Radiodiffusion de la République islamique d’Iran (IRIB).
Derrière la plainte se trouve un groupe nommé Iran Justice, dont les activités se concentrent sur la diffusion de fausses informations et de propagande contre la République islamique d’Iran, sous couvert de « lutte pour les droits de l’homme ».
Le groupe est dirigé par Chirinne Ardakani, une avocate franco-iranienne qui a l’expérience de coopération avec des groupes séparatistes radicaux, désignés comme groupes terroristes en Iran.
Au cours des deux dernières années, Ardakani a diffusé de la propagande contre la République islamique sur les réseaux sociaux, y compris des mensonges sur les cas de Mahsa Amini et Armita Geravand, en défendant des personnes reconnues coupables qui ont été impliquées dans des émeutes soutenues par l’Occident en 2022.
Pour attirer l’attention des médias, elle s’est faussement présentée comme l’avocate de la famille de Mahsa Amini et de Narges Mohammadi, alors même que les familles des deux femmes ne l’ont même jamais mentionnée par son nom.
Son engagement anti-iranien est plein de venin, notamment en insultant des millions d’Iraniens qui ont participé aux funérailles du président défunt Ebrahim Raïssi en les qualifiant de « fanatiques ». Elle a considéré la cérémonie funéraire comme un prolongement d’« industrie de la mort ».
Calomnie des Iraniens
Ardakani a fondé l’ONG susmentionnée en tant que « groupe de travail juridique », dans le but de poursuivre et de calomnier les responsables iraniens, comme en témoigne sa menace ouverte « qu’ils ne devraient pas marcher pacifiquement dans l’Union européenne ».
L’année dernière, elle a inculpé un ministre iranien et des hauts commandants du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) à Paris, par des accusations sans fondement et des théories du complot sur des « fatwas discrètes ».
Dans cette plainte, elle a fait part de la citation d’Esmaïl Khatib, ministre iranien du Renseignement : « Quiconque est impliqué dans les émeutes, où qu’il se trouve dans le monde, sera puni ».
Sous prétexte du fait que cette citation encourage le terrorisme, Ardakani a tenté de faire inscrire le CGRI sur la liste européenne des groupes terroristes.
Après cette décision, qualifiée de symbolique par les médias français, Ardakani s’est retournée contre Bashir Biazar, musicien et personnalité culturelle actuellement basé en France avec sa famille.
Cette fois, comme dans les deux cas précédents, Ardakani s’est présentée aux médias comme une avocate représentant de prétendus « prisonniers politiques », encore une fois sans accréditation vérifiable ni même en fournissant des noms de ces derniers.
Elle a porté plainte contre Biazar pour « participation personnelle » à des aveux forcés télévisés de criminels condamnés, pour laquelle elle n’a fourni aucune preuve ni indication.
Elle l’a accusé d’agir sur le sol français comme « un agent de la République islamique, cherchant à recueillir des informations sur les militants anti-iraniens exilés et à les intimider », ce qui est une répétition des accusations infondées de Paris.
Selon ses propres mots, elle a déposé cette plainte pour faire un obstacle à l’expulsion de Biazar vers l’Iran afin que « tous les interrogatoires et enquêtes puissent être menés pour révéler la vérité ».
Se moquer de la loi
Selon les militants, à l’aide de fausses accusations de torture et de culpabilité par association, ce qui va à l’encontre des principes fondamentaux de la profession juridique, elle envisage de le maintenir en prison et ainsi de le torturer ainsi que sa famille.
Auparavant, lors d’une interview accordée à l’agence de presse Mehr, Mohammad Mahdi Naraghian, ancien directeur du Département de musique et de chant de l’IRIB, a évoqué la possibilité que des groupes anti-iraniens cherchent à se venger de Biazar parce qu’il avait réfuté leur propagande comme le faux incendie criminel de l’ambassade iranienne à Paris.
Naraghian a souligné des incohérences dans l’affaire contre Biazar, comme des propos contradictoires sur ses documents juridiques, indiquant que les accusations portées contre lui étaient politiquement motivées et sans fondement.
Faisant part de la procédure d’expulsion de Biazar, son avocat français Rachid Lemoudaa a déclaré à l’Agence France-Presse qu’« il n’y a rien, en termes de droit, qui justifie cette mesure ».
Rachid Lemoudaa a expliqué que son client s’est exprimé sur les réseaux sociaux, comme « n’importe qui peut le faire librement dans un État de droit », considérant cette procédure comme « politique ». Selon lui, « la politique n’a pas sa place dans le droit ».
En outre, Lemoudaa a déclaré que Biazar avait l’intention d’entamer une grève de la faim jusqu’à sa libération.
Comme l’avait rapporté le site Press TV, l’examen minutieux de ses activités sur les réseaux sociaux, notamment sur X, a révélé le caractère infondé des accusations portées contre lui.
Tous ses posts, commentaires et tags sur les réseaux sociaux, que ce soit sur X ou Instagram, ont été rédigés en persan, indiquant qu’ils ne sont pas destinés à un public français.
Selon l’analyse de ses activités sur les réseaux sociaux par le site Web Press TV, aucun Français ne le suit et aucun citoyen français n’a jamais interagi avec ses publications.
Ses activités sur les réseaux sociaux, comme celles de millions de défenseurs pro-palestiniens à travers le monde, y compris en France, se sont principalement concentrées sur le génocide perpétré par le régime israélien à Gaza depuis octobre 2023.