Par Xavier Villar
Samedi soir, le Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) a lancé un barrage de drones et de missiles sur les territoires occupés palestiniens, ce qui constituait une réponse appropriée à l'attaque du régime sioniste contre le consulat iranien à Damas survenue le 1er avril 2024.
L'attaque contre le consulat a entraîné l'assassinat de sept conseillers militaires iraniens dont deux commandants de haut rang du CGRI qui se trouvaient en Syrie en tant que conseillers invités par le gouvernement syrien.
L’attaque du régime sioniste contre la mission diplomatique iranienne en Syrie représente une violation flagrante de toutes les conventions internationales, en particulier celles de Genève et de Vienne.
Du point de vue iranien, la non condamnation de cette lâche attaque par le Conseil de sécurité de l’ONU témoigne d’un mépris total du droit international que ces mêmes institutions devraient faire respecter.
En l’absence de condamnation du Conseil de sécurité de l’ONU et de la position provocatrice des alliés occidentaux du régime israélien, l’Iran n’a eu d’autre choix que de répondre militairement, dans les limites établies par le droit international, pour restaurer sa capacité de dissuasion.
Il est pertinent que la délégation iranienne auprès des Nations Unies ait clairement indiqué que la réponse iranienne aurait pu être évitée si le Conseil de sécurité de l'ONU avait condamné l'attaque du consulat de Damas.
« Si le Conseil de sécurité de l'ONU avait condamné l'acte d'agression répréhensible du régime sioniste contre nos locaux diplomatiques à Damas et avait ensuite traduit ses auteurs en justice, la nécessité pour l'Iran de punir ce régime hostile aurait pu être évitée » a-t-elle déclaré sur les réseaux sociaux.
D'un point de vue politique, on peut affirmer que l'opération « Promesse honnête » lancée par la République islamique s'inscrit dans le cadre du droit international, notamment de l'article 51 de la Charte des Nations Unies, et dans le cadre du droit à la légitime défense de tout État.
Les différences entre la réponse iranienne et l’attaque du régime sioniste sont plus qu’évidentes. Alors qu’Israël attaque sans discernement les installations diplomatiques ou, dans le cas de la Palestine, la population civile, l’Iran, dans une perspective rationnelle et dans les limites imposées par le droit international, a ciblé exclusivement les installations militaires dans les territoires occupés, exerçant ainsi son droit de légitime défense.
Dans le cadre de cette autodéfense, la mission iranienne à Genève a publié une déclaration en réponse à l’agression du régime sioniste contre le consulat iranien à Damas.
Il a été affirmé dans la déclaration qu'exerçant le droit inhérent à la légitime défense en vertu de l'article 51 de la Charte des Nations Unies, l'Iran a mené une série d'attaques militaires contre des cibles dans les territoires occupés, en réponse aux agressions militaires répétées du régime israélien.
L’attaque contre le consulat de Damas n’était pas la première agression de ce type. Le régime israélien a ciblé à plusieurs reprises des officiers militaires iraniens en Syrie ces derniers mois, notamment le général Reza Moussavi en décembre.
Ces actions, en particulier l'attaque contre les installations diplomatiques iraniennes, contreviennent à l'article 2 de la Charte des Nations Unies et constituent une violation flagrante du droit international.
Ces attaques visaient à contrecarrer les efforts du Conseil de sécurité de l'ONU censés adopter les mesures nécessaires pour condamner et demander des comptes aux agresseurs. Selon la Charte des Nations Unies sur le recours à la force dans les relations internationales, il existe deux principes juridiques fondamentaux :
- Le principe de l'interdiction du recours à la force (article 2, paragraphe 4).
- Le droit inhérent à la légitime défense (article 51).
Selon ces principes, les États ont le droit de se défendre en recourant à la force militaire lorsqu’ils sont soumis à une attaque armée jusqu’à ce que le Conseil de sécurité prenne les mesures nécessaires.
Cette défense peut être individuelle ou collective, mais en aucun cas elle ne doit dépasser la limite de la nécessité et doit être réalisée dans l'immédiat tandis que la proportionnalité des forces utilisées pour repousser l'attaque doit être respectée.
L'attaque militaire d'Israël contre le consulat iranien a violé la souveraineté nationale de la Syrie et a constitué un acte d'agression contre l'Iran. Et c’est cette agression et cette violation qui ont conduit à l'exercice du droit à la légitime défense par les Iraniens.
Le recours à la légitime défense, conformément à l'article 51 de la Charte des Nations Unies, est autorisé en cas d'attaque armée.
La définition d’une attaque armée peut être déterminée en référence à la résolution 3314 de l’Assemblée générale des Nations Unies, adoptée en décembre 1974 et définissant ce que c’est qu’une agression.
Selon cette résolution, l'invasion ou l'attaque des forces armées d'une entité contre les forces terrestres, maritimes ou aériennes d'une autre entité est considérée comme un acte d'agression.
En ce sens, l’action du régime de Benjamin Netanyahu a été considérée comme une attaque agressive et a été la cause de l’exercice de la légitime défense par la République islamique d’Iran.
D'un point de vue militaire, l'opération « Promesse honnête », menée par le CGRI en coordination avec d'autres unités de l'armée iranienne a visé la base militaire sioniste de Nevatim, située dans le sud du désert du Néguev.
Selon certaines informations, de multiples attaques de drones et de missiles ont été précédées d'une série de cyberattaques contre le réseau électrique et les systèmes radar du régime sioniste, entraînant des pannes de courant généralisées dans la région. Le groupe de hackers iranien « Cyber Av3ngers » a publié un communiqué dans lequel il a revendiqué les coupures de courant dans diverses parties des territoires occupés.
Vers 23 heures, heure iranienne, la division aérospatiale du CGRI a officiellement lancé une opération de représailles militaires contre le régime sioniste, menant au moins quatre vagues d’attaques de drones.
Comme le rapporte Press TV, la première vague comprenait des dizaines de drones kamikaze Shahed-136, soit une centaine d'unités au total, dont le vol a également été enregistré par des caméras en Iran et en Irak.
Après la première vague, trois autres attaques ont suivi à des intervalles d'environ une demi-heure, avec un total estimé de 400 à 500 drones lancés.
L’étape suivante de l’opération militaire de représailles a été le lancement d’une série de missiles de croisière et balistiques, qui auraient été accompagnés d’attaques simultanées de drones et de missiles par des groupes de l’Axe de la Résistance en Irak, au Yémen et au Liban.
Outre l’attaque susmentionnée contre la base aérienne de Nevatim, des missiles iraniens ont également frappé la base aérienne de Ramon, également située dans la région occupée du Néguev.
La proportionnalité de l'opération iranienne, toujours dans les limites imposées par le droit international en matière de légitime défense, a été exprimée par le commandant en chef du CGRI, le général de division Hossein Salami, qui a déclaré : « Nos opérations étaient limitées et étaient uniquement une réponse à l'attaque de l'entité sioniste contre notre consulat à Damas. »
Il a également souligné que « toute réponse imprudente de l’ennemi sera ripostée avec plus de fermeté et de dureté », un avertissement dont le régime semble avoir tenu compte.
La réponse iranienne doit également être considérée sous l’angle de la fierté nationale, ce qui n’est pas en contradiction avec les principes de légalité internationale évoqués précédemment.
Enfin, l'opération « Promesse honnête » a démontré que l'autosuffisance d'Israël en matière sécuritaire et militaire n’est qu’un mythe. Ce régime n’est pas capable de faire face à une attaque d’une telle ampleur sans soutien extérieur.
Xavier Villar est docteur en études islamiques et chercheur basé en Espagne.
(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)