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Les analyses de la rédaction :
1. Le peuple sahélien salue le retrait de la CEDEAO
Au Mali, des manifestants fêtent le retrait de leur pays de la CEDEAO. À Bamako, Kayès ou encore Sikasso, des manifestants ont apporté leur soutien à la décision des autorités maliennes, burkinabè et nigériennes de retirer leurs pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté, jeudi 1er février, à Bamako, pour soutenir la décision des militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger de retirer leurs pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). D’autres rassemblements ont eu lieu dans d’autres localités, comme Kayes (Ouest) et Sikasso (Sud), à l’initiative des autorités maliennes et d’organisations de soutien à la junte.
Sur la place du Cinquantenaire, à Bamako, les manifestants brandissaient des pancartes « Non à la Cedeao » et des drapeaux du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Ces pays, qui ont formé en novembre 2023 l’Alliance des États du Sahel (AES), ont annoncé, le 28 janvier, le retrait « sans délai » de l’organisation ouest-africaine, qu’ils accusent d’être inféodée à « des puissances étrangères ».
« C’est le début d’une nouvelle étape dans la vie de nos nations […]. On fera face à des moments difficiles, mais, en travaillant et en nous donnant la main, on pourra surmonter ces difficultés », a déclaré Mahamane Maman Niaré, porte-parole d’une organisation de jeunesse présent à la manifestation.
Le retrait de la CEDEAO conduit à s’interroger sur le sort de centaines de milliers de ressortissants des pays membres. La CEDEAO garantit la libre circulation des biens et des personnes en son sein. Les autorités de ces trois pays dépourvus d’accès à la mer se sont exprimées à plusieurs reprises depuis le 28 janvier pour rassurer leurs concitoyens. Le 30 janvier, Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, le Premier ministre burkinabè, a évoqué une décision « mûrement réfléchie » tout en reconnaissant « qu’elle ne sera[it] pas sans conséquences sur [les trois] États et leurs économies ».
2. L’Afrique signe un record de 3,74 gigawatts de nouvelles capacités solaires installées en 2023 (rapport)
Alors que les réseaux électriques centraux restent peu fiables sur le continent, les entreprises se tournent de plus en plus vers le solaire off-grid pour satisfaire leurs besoins en énergie. Les installations destinées à des consommateurs commerciaux et industriels ont accaparé près des deux-tiers des nouvelles capacités ajoutées durant l’année écoulée. Quelque 3,74 gigawatts (GW) de nouvelles capacités solaires ont été installées en Afrique durant l’année écoulée, un niveau jamais atteint auparavant en une année sur ce continent qui détient environ 60% des ressources photovoltaïques mondiales, selon un rapport publié le 19 janvier par l’Association africaine de l’industrie solaire (AFSIA).
Intitulé « Annual Solar Outlook 2024: a country-by-country review of the status of solar energy in Africa », le rapport précise que ces nouvelles capacités, qui représentent une croissance de 19% par rapport à l’année 2022, portent le total des capacités solaires installées en Afrique à 16,3 GW.
Historiquement, le développement de l’énergie solaire en Afrique était porté par une poignée de pays avant-gardistes tels que l'Afrique du Sud, le Maroc et l’Egypte. Mais de plus en plus de pays du continent adoptent cette énergie propre.
Au total, 38 pays africains ont construit des installations solaires d’une capacité supérieure ou égale à 1 mégawatt (MW) l’an passé.
Sur ces 38 pays, 17 pays ont installé plus de 10 MW et un seul pays a installé plus de 100 MW. Le reste ont installé de nouvelles capacités allant de 1 à10 MW.
Le classement des pays africains en termes de capacités solaires installées en 2023 fait ressortir que l’Afrique du Sud tient le haut du pavé avec 2,96 GW, soit 79% du total des capacités installées sur le continent durant l’année écoulée. Le pays le plus industrialisé du continent connaît une grave crise énergétique qui plombe la croissance économique depuis plusieurs années et oblige de plus en plus les entreprises et les ménages à se tourner massivement vers l’énergie solaire hors réseau pour en finir avec les coupures répétées d’électricité. Il affichait des capacités solaires totales de 7,78 GW à fin 2023, soit environ près de 47% de l'ensemble des capacités installées sur le continent.
3. L’AES assume pleinement son positionnement panafricain et multipolaire
par Mikhail Gamandiy-Egorov
La décision conjointe du Mali, du Burkina Faso et du Niger à quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest est non seulement un coup dur pour cette dernière, mais en premier lieu vis-à-vis de toutes les forces néocoloniales occidentales ayant instrumentalisé l’agenda de l’organisation régionale ouest-africaine. Renforçant par la même occasion les choix stratégiques des trois nations en faveur du panafricanisme et dans le cadre de l’adhésion à l’ordre multipolaire international. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé conjointement le dimanche 28 janvier quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), avec effet immédiat. Les autorités des trois pays reprochent à l’organisation communautaire d’être devenue une menace pour ses membres, de n’avoir pas porté assistance aux États dans la lutte contre le terrorisme et d’avoir pris des sanctions contre les peuples ayant décidé de prendre leur destin en main. Cette décision historique est une première depuis la création de la CEDEAO, il y a 49 ans. Le communiqué conjoint des trois nations est effectivement parfaitement explicite : « Après 49 ans d’existence, les vaillants peuples du Burkina, du Mali et du Niger, constatent avec beaucoup de regrets, d’amertume et une grande déception que leur Organisation (de la CEDEAO, ndlr) s’est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme. En outre, la CEDEAO, sous l’influence de puissances étrangères, trahissant ses principes fondateurs, est devenue une menace pour ses États membres et ses populations dont elle est censée assurer le bonheur.
En effet, l’organisation n’a pas porté assistance à nos États dans le cadre de la lutte existentielle contre le terrorisme et l’insécurité ; pire, lorsque ces États ont décidé de prendre leur destin en mains, elle a adopté une posture irrationnelle et inacceptable en imposant des sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables en violation de ses propres textes ; toutes choses qui ont davantage fragilisé les populations déjà meurtries par des années de violence imposée par des hordes terroristes instrumentalisées et téléguidées. Face à cette situation qui perdure, Leurs Excellences, le Capitaine Ibrahim Traoré, le Colonel Assimi Goïta et le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, respectivement Chefs d’État du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger, prenant toutes leurs responsabilités devant l’histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, décident en toute souveraineté du retrait sans délai du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Fait à Ouagadougou, à Bamako et à Niamey, le 28 janvier 2024 ». Fin du communiqué. Maintenant et en parlants de perspectives, ladite décision des trois nations de l’Alliance des États du Sahel, confirme l’analyse précédente d’Observateur Continental, à savoir que la création même de l’AES pouvait et devait être considérée comme une importante victoire africaine, en qualité de succès majeur aussi bien pour la région du Sahel, mais également un grand pas en avant à l’échelle continentale africaine et dans le cadre de l’ordre mondial multipolaire.