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Le soutien de l’Iran à la Palestine s’enracine dans les idéaux de la Révolution islamique

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Xavier Villar

Au milieu de la campagne génocidaire du régime israélien dans la bande de Gaza, l’attention s’est portée ces dernières semaines sur les groupes de résistance palestiniens – le Hamas et le Jihad islamique – alors qu’ils continuent de résister courageusement et de démystifier le mythe de l’invincibilité militaire du régime d’occupation. 

Il est important ici de souligner le soutien traditionnel et indéfectible de la République islamique d’Iran à la Résistance palestinienne et les relations indissolubles entre les deux parties.

Le président de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) de 1969 à 2004, a été le premier dirigeant étranger à se rendre en Iran après la victoire de la Révolution islamique de 1979. Cependant, les relations amicales entre l’Iran et l’OLP ont connu des hauts et des bas.

La prise de l’ambassade américaine à Téhéran, également connue sous le nom de « nid d’espionnage », en novembre 1979, marque le premier point de désaccord entre les deux parties.

Les désaccords se sont intensifiés après la guerre de l’Irak contre l’Iran qui a duré huit ans, de 1980 à 1988. À mesure que la guerre progressait, Arafat se rapprochait du régime baasiste de Saddam Hussein, soutenu par l’Occident.

Au début des années 1980, le mouvement de la résistance du Jihad islamique de la Palestine a été fondé par Fathi al-Shaqaqi.

Après une période durant laquelle il s'est aligné sur les propositions panarabes de Gamel Abdel Nasser, Shaqaqi a admis que la Révolution islamique dirigée par l'imam Khomeini a éveillé son engagement envers la cause islamique et révolutionnaire.

Suite à cette expérience, Shaqaqi a adopté le modèle révolutionnaire iranien dans sa lutte contre l’occupation israélienne. Sous cette influence révolutionnaire, les Brigades Al-Qods ont été créées en 1981. En 1987-1988, le Jihad islamique joue un rôle important lors de la première Intifada.

Suite au déclenchement de l’Intifada, les cellules du mouvement du Jihad islamique sont devenues des cibles privilégiées du régime israélien. Des personnalités clés et des dirigeants du mouvement ont été soit emprisonnés, soit contraints à l'exil, et Shaqaqi ainsi que d'autres dirigeants ont été expulsés vers le Liban en 1988.

Si l’expulsion des dirigeants a créé un vide parmi ses membres dans la bande de Gaza, elle a également généré un nouvel élan pour que les dirigeants [de la Résistance] se rapprochent de la République islamique d’Iran.

Cette nouvelle situation a permis de renforcer les liens idéologiques, politiques et organisationnels entre le mouvement de la résistance du Jihad islamique et l’Iran.

L’Iran est devenu le principal soutien du Jihad islamique et d’autres exilés palestiniens au Liban. Ce soutien a permis au mouvement de résistance de développer des infrastructures au Liban et en Syrie, notamment la création de camps d'entraînement, le renforcement des capacités militaires et le soutien à la publication de la littérature du mouvement.

On peut donc dire que Shaqaqi a introduit un nouveau modèle discursif parmi les militants palestiniens en soulignant l’importance de la résistance islamique révolutionnaire comme alternative plus fiable au discours nationaliste de l’OLP et d’autres groupes laïcs.

Il est important de noter que le Jihad islamique reste le groupe palestinien ayant les plus fortes affinités idéologiques avec la République islamique d’Iran.

Par ailleurs, il convient de noter que les accords d’Oslo signés en 1993 par l’Autorité palestinienne, dominée par l’OLP, ont été considérés par l’Iran et les mouvements de résistance en Palestine comme une trahison de la cause palestinienne.

Cela a définitivement écarté toute hypothèse de rapprochement entre l'Iran et l'Autorité palestinienne, qui est encore aujourd'hui perçue comme « collaborant » avec l'occupation.

D’un autre côté, la première Intifada s’est produite à la suite d’affrontements entre des membres du Jihad islamique et les troupes du régime israélien. Après s'être évadés de la prison centrale de Gaza, quatre des six membres du Jihad islamique ont été tués dans une embuscade israélienne.

Le 8 décembre 1987, des manifestations massives ont éclaté et la colère des Palestiniens s'est répandue dans toute la terre occupée.

Selon l'universitaire Khaled Hroub, la nuit suivante, le Bureau politique des Frères musulmans à Gaza s'est réuni et a convenu que la réaction de la population à l'agression israélienne démontrait la nécessité de donner la priorité à la lutte contre l'occupation coloniale.

Cela a marqué l'acte fondateur du Hamas - Harakat al-Muqawama al-Islamiya en arabe (Mouvement de la Résistance islamique).

Le 28 septembre 2000, la visite d’Ariel Sharon, l’ancien Premier ministre israélien, à Haram al-Sharif (Mosquée Al-Aqsa), le troisième lieu saint de l’Islam, sous forte protection militaire israélienne, a été  à l’origine de la deuxième Intifada, unissant les Palestiniens comme jamais auparavant.

Simultanément, cela a conduit à une coordination accrue entre l’Iran, le mouvement de résistance libanais Hezbollah et les groupes de résistance palestiniens – le Jihad islamique et le Hamas.

Le 26 janvier 2006, le Hamas a remporté une victoire écrasante aux élections législatives à Gaza. En décembre de la même année, Esmaïl Haniyeh, leader politique du Hamas, et Premier ministre reconnu palestinien, a pris un discours devant un grand parterre d'Iraniens, s’étant rassemblés à l'Université de Téhéran.

Là, il a réaffirmé la voie révolutionnaire inspirée par l'Iran, déclarant : « Nous ne reconnaîtrons jamais le régime sioniste usurpateur et poursuivrons notre jihad jusqu'à la libération de Qods. »

En 2012, des secousses ont eu lieu au sein de l’Axe de la Résistance. La direction politique du Hamas s'est déplacée de la Syrie vers l'Égypte et le Qatar, et Haniyeh a exprimé son soutien au complot arabo-occidental visant à renverser le gouvernement de Bachar Assad à Damas.

Malgré cela, les autorités de la RII ont évité de critiquer directement le Hamas et ont maintenu des canaux de communication ouverts avec le groupe de résistance palestinienne.

En octobre de l'année dernière, le Hamas a annoncé le rétablissement des liens avec le gouvernement syrien.

« C'est un jour glorieux et important, au cours duquel nous revenons dans notre chère Syrie pour reprendre le travail commun », avait alors déclaré le chef des relations arabes du Hamas, Khalil al-Hayya, aux journalistes à Damas.

« C'est un nouveau départ pour une action conjointe palestino-syrienne », a-t-il déclaré après avoir rencontré Assad.

Lors de l’agression du régime israélien contre Gaza, baptisée sous le nom d’« Opération Pilier de Défense » en 2012, les capacités de la Résistance palestinienne ont été dévoilées.

Le conflit entre la Résistance et le régime israélien, qui a duré 8 jours, a commencé après l'assassinat d'Ahmad al-Jabari, commandant en chef des Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, lors d'une attaque de missile dans la ville de Gaza.

Tout au long des huit jours de guerre, les groupes de résistance palestiniens ont démontré leur capacité à riposter contre le régime d’Israël.

L’une des conséquences les plus notables de la guerre contre Gaza en 2012 a été la réaction palestinienne au soutien iranien. En guise d’illustration, le Hamas a installé de grands panneaux d'affichage à trois carrefours routiers principaux de Gaza, sur lesquels a été écrit le message « Merci Iran » en arabe, anglais, hébreu et farsi.

L’opération Tempête d’Al-Aqsa (également connue sous le nom d’inondation d’Al-Aqsa) a une fois de plus souligné les relations étroites entre l’Iran et la Résistance palestinienne, démontrant que les deux parties partageaient toujours une approche politique commune des questions régionales.

Il est important de noter que l’étroite coopération et coordination entre les deux parties ne signifie pas la soumission stratégique du Hamas à la République islamique d’Iran.

L’Iran a souligné que la coordination et le soutien, tant militaire qu’économique, apportés au Hamas ne signifient pas que le Hamas manque d’autonomie dans la prise de décision.

Les autorités iraniennes ont catégoriquement déclaré qu’elles n’étaient pas impliquées dans la planification de l’opération du 7 octobre qui a pris de court le régime israélien et ses soutiens occidentaux.

D’un point de vue politique, le soutien à la Résistance palestinienne est profondément enraciné dans la politique de la République islamique d’Iran, clairement définie par l’Imam Khomeini (Que sa demeure soit au paradis) après la Révolution islamique de 1979.

Selon les mots de l'ancien président du Parlement iranien, Gholam Ali Haddad-Adel, la République islamique d’Iran « est puissante et populaire dans la région parce qu'elle défend l'indépendance de la région et s'oppose à la domination occidentale ».

L’Iran croit au maintien d’une politique d’indépendance vis-à-vis de l’Occident et c’est précisément pour cette raison que la République islamique considère sa politique étrangère comme un modèle pour les autres pays de la région.L’Iran croit au maintien d’une politique d’indépendance vis-à-vis de l’Occident et c’est précisément pour cette raison que la République islamique considère sa politique étrangère comme un modèle pour les autres pays de la région.

La République islamique et les groupes de résistance palestiniens ont une vision politique et épistémologique commune d’Israël comme un régime usurpateur et une créature du colonialisme.

Xavier Villar est docteur en études islamiques et chercheur basé en Espagne.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

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SOURCE: FRENCH PRESS TV