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France: patrie des droits de l’homme, complice des crimes de guerre

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un Palestinien porte un enfant sorti d'un bâtiment touché lors du bombardement israélien de la bande de Gaza à Rafah, le 22 octobre 2023. ©AP

Par Ghorban-Ali Khodabandeh

Depuis l’opération surprise et spectaculaire du Hamas contre Israël, suivie, en représailles, par des bombardements génocidaires de la bande de Gaza opérés par l’armée israélienne, faisant des milliers de victimes palestiniennes, le monde est en pleine ébullition. En France, le gouvernement Macron s’est posé en soutien inconditionnel du régime israélien. Ainsi, l’Élysée et le Quai d’Orsay, fermant les yeux sur le projet funeste d’Israël, font de la « patrie des droits de l’Homme » un complice des crimes de guerre commis contre la population palestinienne.

Plutôt que de réclamer un cessez-le-feu immédiat, Emmanuel Macron, en rupture totale avec la diplomatie traditionnelle de son pays sur le dossier israélo-palestinien, se positionne en va-t-en-guerre aux côtés de l’extrême-droite belliciste au pouvoir à Tel-Aviv. Dans ce cadre, le voyage du président Macron en Israël comporte le risque d’ancrer l’image d’une France soutien inconditionnel d’Israël, à un moment où les frappes israéliennes sur Gaza s’intensifient.

Cette position du gouvernement, de la classe dirigeante et des médias français qui soutiennent ouvertement et inconditionnellement le régime israélien, ne peut être qualifiée autrement, sinon de complicité de terrorisme d’État, de crime de guerre et de crime de génocide.

Les manifestants à Paris qualifient Macron de complice des crimes de guerre israéliens

En France, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées sur la place de la République à Paris, dimanche 22 octobre, pour exprimer leur soutien aux habitants de la bande de Gaza, où l’armée israélienne a intensifié ses bombardements, deux semaines après le lancement de l’opération Tempête d’Al-Aqsa.

Réunis dimanche après-midi, les organisateurs ont vivement fait connaître leur colère devant le discours du président Emmanuel Macron. « Macron donne un permis de tuer à Israël » a dénoncé Bertrand Heilbronn, le président de l’Association France Palestine Solidarité, sous les applaudissements des manifestants qui se mettent à scander : « Israël assassin, Macron complice ! »

Il s'agissait de la première manifestation parisienne en faveur de Gaza non interdite par la préfecture de police. Le Conseil d'État s'était opposé le 19 octobre à l'interdiction systématique exigée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, et le tribunal administratif de Paris avait annoncé dans la foulée, lever l’interdiction préfectorale d’une manifestation pro-palestinienne.

Alors que des dizaines de milliers de personnes se rassemblaient à travers le monde en solidarité avec les Palestiniens, certains pays européens dont la France continuaient d’interdire et de réprimer les manifestations pro-palestiniennes.

Pairs a décidé de réprimer les groupes pro-palestiniens depuis le début des agressions israéliennes contre la Bande de Gaza, prétendant que les restrictions visent à « mettre fin aux troubles publics et à prévenir l’antisémitisme ».

En effet, depuis le 7 octobre, toute expression de solidarité avec le peuple palestinien est criminalisée par le gouvernement Macron qui, par ailleurs, avait interdit toute manifestation pro-palestinienne en France. Pis, il tente d’assimiler tout soutien à la cause palestinienne à un soutien au « terrorisme ». Quiconque exprime sa solidarité avec la Palestine est accusé « d’apologie du terrorisme ». Et s’expose à des poursuites judiciaires.

À rappeler que depuis le 12 octobre, la police française a infligé 827 amendes et arrêté 43 personnes se présentant comme pro-palestiniennes.

Des centaines de militaires français partent combattre contre Gaza aux côtés d’Israël

La question de la complicité de la France dans les exactions de l’armée israélienne est à nouveau à l’ordre du jour alors que nombre de Français quittent l’Hexagone pour participer aux combats contre les groupes palestiniens à Gaza.

Certains médias ont récemment levé un coin du voile sur le transfert de centaines de militaires français disposant aussi la nationalité israélienne vers les territoires occupés pour participer à la guerre contre Gaza.

Ces médias ont rapporté que des centaines de militaires français étaient arrivés dans les territoires occupés pour rejoindre l'armée sioniste dans la bataille contre Gaza.

Selon Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, près de 300 000 réservistes ont été appelés en soutien. Parmi eux, de nombreux Français disposant aussi de la nationalité israélienne qui ont commencé à quitter l’Hexagone, selon plusieurs médias locaux et internationaux.

Selon Thomas Vescovi, enseignant et chercheur en histoire contemporaine, « dès lors que l’armée israélienne se rend coupable de crimes de guerre ou contre l’humanité dans la bande de Gaza, comme cela a été dénoncé y compris récemment par diverses ONG, les autorités françaises ne peuvent rester aveugles si leurs citoyens s’en rendent complices ».

Dans un article publié précédemment, il analysait les paramètres de cette complicité de la France dans les exactions commises par les Français ou Franco-Israéliens qui s’engagent dans l’armée israélienne.

Selon lui, « nul ne doute que chaque individu qui s’engage au sein de l’armée israélienne se rend invariablement complice de ces crimes de guerre. En d’autres termes, il se retrouve hors la loi du point de vue du droit international ».

Le nombre exact de Français servant dans l’armée israélienne est difficile à connaître, les ambassades française en Israël, israélienne en France, le Quai d’Orsay et l’armée israélienne ne souhaitant pas communiquer sur le sujet.

En 2018, le journal français Libération avait réussi à obtenir une réponse du porte-parole des forces armées israéliennes : 4 185 soldats en service régulier ont la citoyenneté française. Cependant, avertissait le journal, le nombre réel pourrait être supérieur, l’armée ne comptant que les personnes qui ont déclaré leur nationalité française.

« Israël » poursuit son génocide à Gaza avec un feu vert occidental

Gaza a mis à nu les soi-disant démocraties du monde. Alors que le ministère palestinien de la Santé a révélé que 70% des victimes de l’agression israélienne contre Gaza sont des enfants, des femmes et de personnes âgées, les dirigeants des États-Unis, du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et de la Grande-Bretagne ont réaffirmé, dans un communiqué, leur soutien à « Israël », se déclarant partenaires de l’entité sioniste à son génocide et se rendant complices de ses crimes de guerre dans la bande de Gaza.

« Les dirigeants ont réitéré leur soutien à Israël et son droit de se défendre contre le terrorisme et ont appelé au respect du droit humanitaire international », poursuit le communiqué.

Il paraît que les grandes puissances ont trouvé une nouvelle définition au « terrorisme ». À leurs yeux, les civils qui s’hébergent dans des bâtiments résidentiels, dans les mosquées et les églises, dans les écoles et même dans les hôpitaux, sont des « terroristes ».

Selon le ministère palestinien de la Santé, plus de 2000 enfants sont tombés en martyre depuis le début de l’agression israélienne sur la bande de Gaza.

Après avoir bombardé l’hôpital baptiste al-Ahli, faisant des centaines de martyrs, l’entité israélienne a mené des raids aériens aux environs de trois autres hôpitaux dans la bande de Gaza et menace de les bombarder directement.

Elle a même bombardé l’église grecque-orthodoxe de Saint-Porphyre, la plus vieille église à Gaza, où environ 500 personnes, chrétiens et musulmans, s’étaient réfugiées.

Hormis les enfants, qui sont la cible principale d’« Israël », l’armée d’occupation israélienne a également tué depuis le 7 octobre, 29 employés de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Toute cette barbarie - et d’autres atrocités qu’on n’a pas citées - est réalisée sous prétexte du « droit de se défendre »! Toujours est-il qu’« Israël » exécute un génocide à Gaza, avec l’appui et la bénédiction de tous les Occidentaux complices.

Sur la question palestinienne, la France a, à l’instar de la plupart des pays européens, a baissé les bras il y a de nombreuses années, et se le voit vivement reprocher aujourd’hui par le monde musulman.

Pour s’être rangés consciemment derrière le régime israélien, pour avoir cautionné l’intervention militaire de l’armée israélienne à Gaza et soutenu ses bombardements meurtriers, le gouvernement Macron, la classe dirigeante et les élites culturelles et médiatiques françaises, se sont rendu coupables de complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

 

Ghorban-Ali Khodabandeh est un journaliste et analyste politique iranien basé à Téhéran.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV