Par Xavier Villar
La semaine dernière, lors d’une réunion avec les participants à la 37e Conférence internationale de l’Unité islamique qui se tient chaque année pour commémorer l’anniversaire de la naissance du Prophète Mohammad, le Leader de la Révolution islamique, l’Ayatollah Seyyed Ali Khamenei, a dressé la nécrologie du régime israélien.
Dans son discours éclairant, l’Ayatollah Khamenei a comparé les « efforts de normalisation » menés par certains pays de la région avec l’entité sioniste à des « paris le cheval perdant ».
Il a estimé qu’une telle « normalisation » était vouée à l’échec, dans la mesure où la résistance palestinienne a poussé le régime sioniste au bord de l’extinction.
Ce samedi 7 octobre, une semaine après ces propos, le mouvement de résistance islamique palestinien, Hamas, a lancé une attaque-surprise contre les territoires occupés, impliquant des opérations aériennes, maritimes et terrestres.
Décrite comme l’opération militaire la plus dévastatrice depuis la guerre de 11 jours en 2021, le Hamas basé à Gaza a lancé l’opération « Tempête d’Al-Aqsa » aux premières heures de samedi, tirant au moins 5 000 roquettes et capturant de nombreux soldats du régime israélien.
Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, a déclaré que le groupe de résistance avait attaqué les territoires occupés depuis la terre, la mer et les airs, en commençant par une première salve de roquettes à 6h30 heure locale (03h30 GMT).
Des dizaines de soldats du régime israélien et de colons illégaux seraient morts dans l’opération palestinienne, bien que le chiffre exact ne soit pas encore connu.
Il est intéressant de noter que l’opération militaire bien coordonnée du Hamas, qui a également obtenu le soutien d’autres groupes palestiniens, a suivi la mise en garde de l’Ayatollah Khamenei contre une normalisation avec le régime.
« La République islamique est fermement convaincue que les gouvernements qui ont à leur ordre du jour le pari de la normalisation avec le régime sioniste seront en danger », a déclaré le Leader de la RII aux convives lors d’un discours télévisé retransmis en direct. « Ce régime est en train de mourir et ces États parient sur le cheval perdant. »
Concernant la dimension politique de l’équation, l’Ayatollah Khamenei a affirmé que la situation en Palestine, marquée par l’occupation coloniale, constitue le défi le plus important auquel l’Oumma a été confrontée au cours des dernières décennies.
Cela souligne le rôle de la Palestine en tant que point focal pour l’Oumma islamique.
Le Leader de la Révolution islamique a souligné le rôle crucial joué par la les jeunes palestiniens dans la lutte contre le système colonial sioniste, soulignant que le mouvement de résistance palestinien parviendra à mettre fin au régime illégitime et à ses collaborateurs.
Dans ce contexte, le Leader de la RII a réitéré l’importance de l’unité entre les nations musulmanes pour faire face à la menace sioniste. Il a souligné qu’« actuellement, le régime sioniste affiche son animosité politique non seulement envers la République islamique, mais aussi envers d’autres pays comme l’Irak, la Syrie, et l’Egypte. »
L’Ayatollah Khamenei a déclaré que si les pays de la région s’unissaient, les États-Unis ne pourraient plus faire preuve d’agressivité, de pillage ou d’ingérence dans les affaires intérieures et extérieures des autres pays, citant le cas de la Libye, en particulier le renversement de Kadhafi, comme exemple de la « politique de pillage » occidentale.
« Si des pays comme l’Iran, l’Irak, la Syrie, le Liban, l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Jordanie et les pays du golfe Persique adoptent une politique unie dans leurs affaires fondamentales et générales, les puissances agressives ne pourront pas s’immiscer dans leurs affaires intérieures ou dans leur politique étrangère », a-t-il indiqué.
Son discours indique que l’unité entre ces pays est cruciale pour contrecarrer les complots occidentaux contre les pays de la région ainsi que l’agression du régime israélien.
L’Ayatollah Khamenei a expliqué que la principale raison derrière les appels à l’autodafé du Noble Coran en Occident est la menace que le Livre sacré des musulmans fait peser sur l’agenda politique occidental.
Les propos de l’Ayatollah Khameini doivent être compris d’un point de vue épistémique et politique, ce qui signifie que le noble Coran présente un paradigme fondamentalement différent de celui de l’Occident, qui vise en fin de compte à la poursuite continue de la justice et l’engagement dans des luttes sur plusieurs fronts contre la tyrannie.
En termes politiques, cet appel à l’unité s’aligne sur son rôle central en tant que puissance islamique significative ou en tant que foyer politique pour les musulmans. La centralité de cette vision ummatique est cruciale pour comprendre la politique de la République islamique.
D’un point de vue politique, on peut dire que la vision ummatique représente un effort pour transcender les différences sectaires et créer une identité politique musulmane pour transformer le monde.
L’Ayatollah Khamenei a expliqué que l’intervention en Libye était due à la volonté américaine de contrôler les réserves pétrolières du pays. Il convient de rappeler qu’en 2007, peu avant le début des manifestations qui ont conduit au renversement de Kadhafi, le pays était classé au neuvième rang des détenteurs de réserves pétrolières au monde, avec environ 41,5 millions de barils de pétrole en réserve.
Un autre exemple de pillage auquel l’Ayatollah Khamenei a fait référence était celui de la Syrie, où, selon les données du ministère syrien du Pétrole, l’occupation américaine, en collaboration avec les milices locales, est responsable du « vol d’environ 83 % du pétrole syrien », pour un montant d’environ 66 000 barils par jour.
Au total, on estime que le coût du pillage américain en Syrie dépasse les 105 milliards de dollars.
L’Afghanistan, également mentionné dans le discours du Leader de la Révolution, est un autre pays qui a souffert de la « politique de pillage » américaine. On estime que le pillage des ressources naturelles du pays depuis l’invasion américaine en 2001 a atteint environ 3 milliards de dollars.
Enfin, le Leader de la RII a évoqué la situation en Irak et la présence de forces militaires américaines et britanniques dans le pays, ainsi que la tentative de contrôle des puits de pétrole irakiens.
Il ne faut pas oublier qu’en plus de l’occupation militaire de ces pays, il existe ce que l’on pourrait appeler une « occupation discursive », l’Afghanistan étant peut-être l’exemple paradigmatique.
« L’occupation discursive » fait référence à l’aspect politique qui justifie en quelque sorte la présence occidentale dans ces pays en utilisant divers arguments, tels que la lutte contre le terrorisme, la démocratisation, les droits de l’homme et la libération des femmes, entre autres.
On peut donc dire que « l’occupation discursive » tend à dépeindre les musulmans comme des êtres passifs, les dépossédant de toute capacité politique.
En effet, le discours de l’Ayatollah Khamenei était dirigé contre cette passivité.
Xavier Villar est titulaire d’un doctorat en études islamiques ; il est également chercheur et partage son temps entre l’Espagne et l’Iran.
(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)