Par Hiba Morad
La grève de la faim lancée jeudi par les prisonniers palestiniens a été suspendue à la suite de négociations avec les autorités pénitentiaires israéliennes, a confirmé un expert des affaires palestiniennes au site web de Press TV.
Il a toutefois averti que la grève reprendrait si le régime israélien ne parvenait pas à apaiser les inquiétudes des prisonniers.
Lors d'une conversation avec le site de Press TV samedi en fin de journée, Imad Dalloul a déclaré qu'un calme précaire régnait alors que les prisonniers, le peuple palestinien et les organismes de défense des droits de l'homme attendaient de voir l'issue des négociations.
La campagne pour la libération des prisonniers palestiniens persécutés, prélude à la libération des territoires palestiniens occupés, s'est intensifiée, a déclaré un réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens au site web de Press TV.
Selon le réseau Samidoun, 1000 prisonniers ont entamé une grève de la faim en raison de l'escalade des attaques contre les prisonniers, la dernière en date étant l'embuscade tendue par les forces du régime contre la prison du désert de Naqab, qui a entraîné le transfert de 75 prisonniers.
Neuf prisonniers palestiniens poursuivaient leur grève de la faim contre la détention administrative, l’emprisonnement sans inculpation ni procès, a-t-on appris de la même source.
« Il y a maintenant plus de 1200 Palestiniens en détention administrative (sur un total de 5000 prisonniers palestiniens), le nombre le plus élevé depuis 20 ans », a déclaré Samidoun Network au site web de Press TV.
« Nous travaillons dans le monde entier pour renforcer la solidarité avec les prisonniers palestiniens, le peuple palestinien et leur résistance pour faire pression de manière significative sur tous les gouvernements occidentaux complices afin qu'ils rompent leurs liens avec le régime sioniste pour libérer les prisonniers et libérer la Palestine », ajoute la même source.
Voix de la Résistance
Selon l'organisme de défense des droits des Palestiniens, la raison pour laquelle les prisonniers sont confrontés à des attaques incessantes réside dans le fait qu'ils représentent « la Résistance palestinienne et un front palestinien uni » qui s'est engagé pour la libération.
« Le ministre fasciste (israélien) Itamar Ben-Gvir promet d'intensifier la répression contre les prisonniers », lit-on sur le site web Samidoun.
Depuis que Ben-Gvir a rejoint le cabinet d'extrême droite israélien, il a encouragé le régime sioniste à intensifier la répression contre les Palestiniens, en particulier les prisonniers.
En juillet, il a annoncé un amendement à la loi sur la libération administrative des prisonniers palestiniens, annulant une politique antérieure qui avait permis la libération anticipée de certains prisonniers palestiniens des prisons.
Selon les médias palestiniens, les mesures imposées aux prisonniers depuis l'entrée en fonction de Ben-Gvir incluent le contrôle de la quantité d'eau qu'ils peuvent consommer, la réduction de la durée de la douche afin que les prisonniers soient autorisés à prendre une douche à une heure précise et le verrouillage des salles de bains réservées à la douche de certaines prisons.
D'autres mesures consistent à fournir aux prisonniers du mauvais pain, ainsi qu'à doubler les raids et les fouilles contre eux à l'aide de grenades assourdissantes et de chiens renifleurs.
Il a également approuvé une lecture préliminaire d'un projet de loi privant les prisonniers de soins médicaux et d'opérations chirurgicales, et l'approbation par le Comité législatif ministériel du régime israélien d'un projet de loi approuvant la peine capitale pour les prisonniers impliqués dans la résistance armée.
Un exemple vivant
S'adressant au site Internet Press TV, le père du prisonnier palestinien Tamim Salem a déclaré que des centaines de prisonniers palestiniens subissent des punitions collectives et vivent dans des conditions ô combien déplorables dans les prisons israéliennes.
En octobre 2021, des organismes palestiniens de défense des droits de l'homme ont exhorté le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à faire pression sur le régime de Tel-Aviv pour qu'il mette fin aux punitions collectives infligées aux prisonniers palestiniens détenus dans les centres de détention israéliens.
L'organisation a déclaré que 19 prisonniers ont été isolés, dépouillés de leurs effets personnels dans des cellules impropres à l'usage humain dans des conditions dégradantes au milieu de ce que les prisonniers ont décrit comme une « punition collective qui équivaut à la torture ».
Parmi ces prisonniers se trouvait Salem, qui aurait déclaré, selon des ONG, qu'ils restaient menottés et enchaînés même lorsqu'ils quittaient leur cellule pour une « pause d'une heure ».
« Depuis le début de son arrestation, Tamim a été soumis à différentes formes de torture et d'isolement », a déclaré son père Noman au site Press TV.
« Les prisonniers palestiniens subissent des punitions collectives et vivent dans des conditions dégradantes qui ne conviennent pas aux êtres humains, même en termes d'eau potable, de nourriture, de toilettes, etc. »
Le père de Salem a déclaré que son fils avait depuis entamé une grève de la faim en solidarité avec ses codétenus.
« Tamim manque toujours à notre famille en toutes occasions, nous avons toujours hâte de le voir et de l'avoir avec nous. Tout nous le rappelle », s’est-il regretté.
« Il y a certains aliments que nous n'avons pas mangés depuis des années depuis qu'il a été emprisonné par le régime israélien parce que c'est son préféré et ça fait mal d'en profiter sans lui », a-t-il déploré.
Le père du prisonnier a déclaré que lui et d'autres membres de la famille avaient contacté le CICR et d'autres organisations pour faciliter une rencontre avec Salem et demander sa libération, mais qu'ils étaient restés « sourds aux oreilles ».
Ils ne sont autorisés à contacter Salem qu'une fois par mois ou tous les deux mois, avec seulement quatre membres à chaque fois et via des téléphones publics.
« C'est le cas de centaines de prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, mon fils Tamim n'est pas le seul. »
Isolement et autres conditions difficiles
Il est difficile d'être en contact direct avec les prisonniers, car l'occupation travaille très dur pour les empêcher d'avoir des contacts avec le monde extérieur, selon le réseau Samidoun.
« Ils veulent les maintenir isolés », ajoute le mouvement de solidarité, rajoutant qu'il est important que leurs familles et leurs avocats restent en contact avec les prisonniers détenus dans les prisons israéliennes.
« Il y a une attaque en cours contre les prisonniers en général et contre les dirigeants du mouvement des prisonniers comme Naël Barghouthi, Waël Jaghoub et d'autres qui ont été transférés, isolés et envoyés pour interrogatoire.
Selon le club des prisonniers palestiniens, la pratique arbitraire de la détention administrative est en forte escalade et des unités répressives envahissent régulièrement les cellules des prisons.
“Ce que cela signifie, c'est qu'il y a des conditions dans les prisons qui sont proches d'une explosion, et c'est pourquoi nous voyons l'escalade de la résistance et de la protestation et une véritable unité parmi le mouvement des prisonniers pour se soulever et faire face à ces attaques”, précise Samidoun.
L'ancien prisonnier et militant palestinien Annan Najib a également déclaré au site Press TV que nombre de ses amis continuent de languir et de souffrir derrière les barreaux.
“Les conditions dans lesquelles vivent les prisonniers palestiniens sont dévastatrices et il n'y a pas de mesures sérieuses pour revendiquer leurs droits et leur liberté”, a-t-il déclaré.
Selon Najib, son expérience amère dans les prisons israéliennes lui permet de se rapprocher des prisonniers qui souffrent actuellement dans des conditions désastreuses.
“Les Israéliens doivent cependant garder à l'esprit que le peuple palestinien n'abandonnera pas, et que les prisonniers palestiniens continueront de résister, entameront des grèves de la faim et seront solidaires ensemble”, a affirmé Najib.