TV
Infos   /   Afrique   /   L’INFO EN CONTINU   /   Point de Vue

Les nations africaines rejettent l'hégémonie occidentale et adoptent la multipolarité

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Shabbir Rizvi

Pendant des siècles, l'Afrique a fait l'objet d'une hyper-exploitation par l'Occident colonial. Du pillage des ressources, de la facilitation des multiples vagues de la traite des esclaves, du génocide pur et simple et de l'assujettissement cruel du continent et de ses ressources, on ne leur a rien épargné aux Africains...

À ce jour, les pays africains sont soumis à l'exploitation. La France impose une taxe relevant de l'ère coloniale qui garantit aux Africains une certaine survie, tout en piégeant les entreprises d'État avec des prêts prédateurs. Les États-Unis se joignent également à eux, utilisant le Fonds monétaire international (FMI) pour détruire le secteur public, en le privatisant au profit des capitalistes américains.

Toute démarche visant à s'écarter de ces instruments se heurte à des sanctions unilatérales et impitoyables.

Fait intéressant, aux citoyens des pays coloniaux qui profitent le plus du pillage de l'Afrique l'on inculque que l'Afrique est pauvre et que sans l'Occident, elle aurait encore des siècles de retard.

Cependant, rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité: les pays coloniaux ne saccagent pas les pays « pauvres ». Ils ne dépensent pas des milliards de dollars par an pour entretenir des bases militaires et des avant-postes dans les pays « pauvres ». Ils ne créent pas de structures économiques d'exploitation pour contrôler les pays s'il n'y a pas de valeur à exploiter.

La vrai réalité est que l'Afrique est riche et puissante. Et l'Occident le sait - c'est pourquoi il est déterminé à maintenir le continent assujetti. Il n'est donc pas surprenant que les nations africaines se soient tournées vers l'Est pour des partenariats durables, plutôt que de marcher avec un Occident prédateur.

Rien qu'en juillet, les nations africaines ont fait un pas en avant vers le développement - tout en rejetant les appareils et la rhétorique de l'Occident, en particulier le régime de sanctions américain largement condamné.

Les rencontres avec la Chine, l'Iran et la Russie mettent en évidence une attention bien nécessaire à porter au respect de l'autonomie des pays africains - une chose que l'Occident a investi des milliards de dollars pour empêcher.

Le mois de juillet a commencé à mi-parcours de la troisième Exposition économique et commerciale Chine-Afrique, qui s'est concentrée sur le thème « Développement commun pour un avenir partagé ».

Au cœur de la réunion se trouve l'initiative chinoise « la Ceinture et la Route », à laquelle 52 des 54 pays africains ont adhéré.

Au cours de la dernière décennie, les projets chinois ont dépensé les 700 milliards de dollars en Afrique. Les projets comprennent des centrales électriques, des routes et des chemins de fer, qui sont créés et facilités par les dirigeants locaux.

Les critiques et les responsables occidentaux dénoncent là un « impérialisme chinois ». Mais c'est un écran de fumée pour leur propre hypocrisie - tout ce qu'il faut faire, c'est jeter un coup d'œil aux développements déjà réalisés et à qui ils profitent le plus.

Lorsque l'Occident a subjugué l'Afrique, ils ont construit des chemins de fer qui mènent des ressources naturelles comme le caoutchouc et le fer aux ports destinés à l'Europe. Ces chemins de fer n'ont pas profité au peuple africain, car ils étaient destinés à rendre le pillage plus facile et plus fluide.

Cependant, l'initiative « la Ceinture et la Route » relie les pays africains pour servir le transport et le commerce entre les pays africains, tout en les reliant à l'Asie et à l'Europe pour la facilitation du commerce mondial.

Cela permet des efforts commerciaux indépendants sans l'approbation et les avantages prédateurs des nations occidentales coloniales.

Au début du mois, le président iranien Ebrahim Raïssi a entrepris une tournée en Ouganda, au Kenya et au Zimbabwe, signant une série d'accords avec les trois pays africains.

La République islamique d'Iran a fait des pas notables vers sa croissance économique cette année tout en évitant les sanctions illégales des pays occidentaux à la demande des États-Unis. Il ne devrait pas être surprenant que les nations africaines veuillent étendre leurs liens avec un pays qui a traversé des sanctions illégales tout en continuant à croître et à prospérer. Avant la visite, le commerce entre l'Iran et les pays africains, en général, restait quelque peu stagnant. Désormais, les échanges devraient augmenter à hauteur de près de 10 milliards de dollars au cours des trois prochaines années; le tout sans les échappatoires et les stratagèmes prédateurs qui viendraient avec les gouvernements occidentaux.  

La coopération de l'Iran avec les nations africaines vise à améliorer les échanges économiques, mais aussi à doter l'Afrique de nouvelles technologies - telles que les drones à des fins agricoles - pour aider à contrer les mécanismes de pression économique de l'Occident.

« Avec l'aide de l'Afrique, nous devrions empêcher les États-Unis et certains États qui ont encore une mentalité coloniale d'utiliser l'outil meurtrier des sanctions contre les nations », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, à l'issue de la tournée extrêmement réussie de la délégation dans les trois pays africains précités.

Les dirigeants russes ont également rencontré des dirigeants africains ce mois-ci alors que le président russe Vladimir Poutine invitait six nations africaines à Moscou pour un sommet Russie-Afrique.

Poutine a promis « une détermination commune à contrer le néocolonialisme, la pratique consistant à appliquer des sanctions illégitimes » avant de promettre la livraison de céréales aux pays et d'annuler des dettes colossales.

Le président du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, qui a renforcé les relations avec la Russie, a condamné l'exploitation occidentale lors du sommet, affirmant que les dirigeants africains « ne devraient pas se comporter comme des marionnettes aux mains de l'impérialisme ». Nous devons veiller à ce que nos pays soient autosuffisants, y compris en vivres... »

L'Autosuffisance, c'est là, la clé de la réussite. Les « projets de développement » de l'Occident ont longtemps pris au piège les nations africaines. Lorsque les nations africaines ne se plient pas aux exigences politiques des États-Unis, par exemple, elles sont frappées de sanctions qui détruisent leurs économies.

Le président érythréen Isaias Afwerki serait d'accord. Lors du sommet, il a dénoncé les sanctions imposées par les États-Unis contre lesquelles l'Érythrée a lutté.

« Ils ne fabriquent rien du tout, ils impriment de l'argent. Cela a été l'une de leurs armes à l'échelle mondiale - le système monétaire... des sanctions ici, des sanctions là-bas... Nous avons besoin d'une nouvelle architecture financière à l'échelle mondiale », a déclaré Afwerki.

Les nouveaux changements des pays africains ne se feront pas sans défis. Les pays en quête d'indépendance vis-à-vis des structures néocoloniales peuvent s'attendre à l'assortiment habituel de ruses de l'Occident - tentatives de coup d'État, « soulèvements » orchestrés par des adversaires étrangers et sabotages.

Les nations africaines doivent être préparées. L'investissement dans la sécurité et le renseignement sera très nécessaire, et peut-être même tout aussi important.

Au bout du compte, la solidarité et la coopération entre les nations qui ne cherchent pas à exploiter les situations seront nécessaires. C'est précisément pourquoi l'Occident a cherché à maintenir les nations africaines isolées, concevant des conflits pour maintenir les nations africaines atomisées. Les récents partenariats entre l'Afrique et l'Est sont à la base d'un nouveau système économique mondial qui n'est pas dominé par le dollar. L'avantage mutuel et le respect de l'indépendance ouvrent la voie à la destruction de « l'ordre fondé sur des règles» qui est conçu pour ne profiter qu'aux capitalistes américains.

L'ancien dirigeant du Burkina Faso, Thomas Sankara, qui a été assassiné par des militants soutenus par la France, l'a dit le mieux : « L'impérialisme est un système d'exploitation qui ne se produit pas seulement sous la forme brutale de ceux qui viennent avec des armes pour conquérir un territoire. L'impérialisme se présente souvent sous des formes plus subtiles, comme les prêts, l'aide alimentaire et le chantage. Nous combattons ce système qui permet à une poignée d'hommes sur Terre de gouverner toute l'humanité. »

Shabbir Rizvi est un analyste politique basé à Chicago, spécialisé dans la sécurité intérieure et la politique étrangère des États-Unis.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV