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Zoom Afrique du 20 juin 2023

Zoom Afrique du 20 juin 2023

Les titres de la rédaction :

  • Mauritanie : quatre banques publiques algériennes obtiennent le feu vert pour lancer une filiale
  • La Côte d’Ivoire entame ses expéditions de fibre de coton vers l’Égypte
  • Zambie : en 2021, les revenus générés par le secteur extractif ont augmenté de 50 % à plus de 2 milliards $ (ITIE)
  • Vers une coopération entre la Guinée et le Burkina Faso dans le domaine des TIC

Les analyses de la rédaction :

1. Un diplomate européen traite les Africains de singes 

Un ambassadeur roumain s’était fait remarquer de la plus triste des manières en traitant les Africains de singes. Des propos condamnables, selon la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. Pour elle, cette sortie hasardeuse reflète ce que l’Occident pense réellement des Africains. 

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a condamné les propos de Dragos Viorel Tigau, ambassadeur roumain au Kenya, qui avait comparé ses collègues africains à des singes. 

« Nombreux sont ceux qui soupçonnaient déjà ce que l’Occident pense de l’Afrique [même avant cette réaction du diplomate roumain-NDLR]. Mais comparer les diplomates africains à des singes alors qu’il est accueilli sur le continent africain est, bien entendu, une impasse totale », a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux. 

Selon elle, ceux qui croient que le fascisme moderne et le néonazisme n’existent plus ont tort : « c’est l’idéologie sous-jacente de l’establishment politique de l’Occident ». 

Mme Zakharova a rappelé les propos de Josep Borrell, Haut Représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, selon lesquels le monde est divisé en « beau jardin » et en « jungle sauvage », ainsi que la déclaration commune de l’Union européenne et de l’OTAN selon laquelle celles-ci ont l’intention d’utiliser tous les instruments « au profit d’un milliard de leurs citoyens ». 

« Ainsi, semble-t-il, après ces aveux monstrueux, les diplomates européens auraient pu ajuster leur rhétorique. Mais la nature fait son œuvre et jaillit », a-t-elle conclu. 

Le 26 avril dernier, lors d’une réunion à Nairobi, l’ambassadeur roumain, Dragos Viorel Tigau, avait déclaré : « le groupe africain s’est joint à nous » en voyant un singe à proximité. 

Les diplomates africains avaient condamné le comportement du diplomate roumain et publié une déclaration soulignant l’importance de créer une atmosphère de respect mutuel, de compréhension et de sensibilité dans la sphère diplomatique. Macharia Kamau, ex-vice-ministre des Affaires étrangères du Kenya, avait dénoncé sur Twitter « une véritable honte d’avoir tenté de dissimuler une telle ignominie, intolérable et inacceptable au XXIe siècle ». 

Un mois plus tard, la Roumanie avait finalement rappelé son ambassadeur à Bucarest. 

2. Pourquoi le soutien rwandais au M23 ne choque-t-il pas la communauté internationale ? 

Plusieurs rapports affirment que le Rwanda soutient, malgré ses démentis, les rebelles du M23. Ce que l’ONU va confirmer sous peu. Pourtant, la communauté internationale refuse de sanctionner Kigali… 

C’est un rapport qui devrait faire du bruit dans les médias, avant d’être une nouvelle fois mis sous le tapis. Le groupe d’experts des Nations unies sur la République démocratique du Congo (RDC) va publier, dans les prochaines heures, un document affirmant que l’armée rwandaise assure toujours une présence active sur le sol congolais, affirme Africa Intelligence. Selon le rapport qui va sortir, les rebelles du M23 sont donc soutenus, sur le terrain, par le Rwanda, alors que Kigali dément à qui veut l’entendre son implication dans le conflit. Mais en réalité, avec la publication à venir de ce rapport, il n’y a rien de vraiment nouveau sous le soleil congolais… 

En décembre dernier, deux chercheurs, Fred Bauma et Jason Stearns, affirmaient dans une tribune publiée sur le site du Monde : « Nous savons que le M23 est soutenu par le Rwanda, mais la France a détourné le regard ». Ils déploraient alors que Paris et Londres se soucient davantage « de leurs intérêts bilatéraux que de la stabilité » au Congo, quelques jours seulement après le massacre de villageois à Kishishe, un village de l’est de la RDC, par le M23. Ces derniers jours, l’ONG Human Rights Watch a affirmé avoir des preuves que le groupe rebelle était « responsable de fosses communes contenant des dizaines de corps retrouvées dans le village de Kishishe, dans la province du Nord-Kivu ». 

L’ONG écrit : « Le gouvernement congolais devrait demander l’appui des Nations unies, de l’Union africaine (UA) et des gouvernements partenaires pour procéder à des exhumations de manière appropriée, restituer les corps aux familles et exiger que les responsables de ces crimes rendent des comptes. Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait ajouter les dirigeants du M23, ainsi que les responsables rwandais qui soutiennent le groupe, à sa liste de sanctions existante ». Soit. Mais une fois le rapport de l’ONU publié, que changera-t-il à la donne ? 

En mars dernier, Nicolas de Rivière, l’ambassadeur de France à l’ONU, affirmé qu’« il n’est plus à démontrer que le Rwanda soutient la rébellion du M23 ». S’il appelait à ce que « ça cesse », il admettait que « les Nations unies ne peuvent pas tout régler à la place des autorités locales » et qu’elles « ne peuvent pas non plus régler le comportement des voisins ». Autrement dit, le rapport des experts de l’ONU, même s’il accable Kinshasa, ne devrait avoir que peu de résonance. 

Interrogé par RFI au moment de la visite de la délégation onusienne en RDC, Onesphore Sematumba, analyste pour la région des Grands Lacs au sein de l’International Crisis Group, voyait les déclarations du diplomate français comme « un succès diplomatique pour Kinshasa ». Mais « qu’est-ce que cela va changer concrètement ? », demandait-il. On n’est pas sûr que cela change la ligne du Rwanda qui est resté sur le déni total depuis le début jusqu’à maintenant. Il faut plus qu’une déclaration d’une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies ». 

En attendant, les partenaires du Rwanda préfèrent fermer les yeux sur ce dossier. Certes, Paris a bien « condamné le soutien » du Rwanda au M23. Mais les relations entre la France et le Rwanda ne se sont pas pour autant dégradées. Les appels de Félix Tschisekedi semblent ne pas intéresser la communauté internationale, qui regarde en silence la guerre se dérouler dans l’est de la RDC. 

3. Mali-ONU : les USA et le Canada dans l’embarras 

Les États-Unis « regrettent » la demande du gouvernement malien de retirer « sans délai » la mission de l’ONU dans son pays (MINUSMA), a indiqué lundi le porte-parole du département d’État, réclamant un départ « ordonné et responsable » des Casques bleus. 

« Les États-Unis regrettent la décision du gouvernement de transition malien de révoquer son consentement à la MINUSMA », a déclaré Matthew Miller dans un communiqué. « Nous sommes inquiets des effets de cette décision sur les crises sécuritaire et humanitaire qui touchent la population du Mali », a-t-il ajouté, assurant que Washington maintenait son « plein soutien » à la MINUSMA et à son chef El Ghassim Wane. 

« Le retrait de la MINUSMA doit être ordonné et responsable, en donnant la priorité à la sécurité des Casques bleus et des Maliens », a insisté le porte-parole, appelant le gouvernement malien à respecter ses engagements pour une transition démocratique d’ici mars 2024. Vendredi, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a réclamé devant le Conseil de sécurité de l’ONU le « retrait sans délai » de la MINUSMA qui compte environ 12 000 militaires et policiers. Ces déclarations posent des questions sérieuses sur l’avenir de la mission, créée en 2013 pour soi-disant aider à stabiliser un État menacé d’effondrement sous la poussée terroriste, protéger les civils, contribuer à l’effort de paix ou encore défendre les droits humains. C’est au Conseil de sécurité de décider de l’avenir de la mission dont le mandat expire à la fin du mois. Un vote est à ce stade toujours prévu pour le 29 juin. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a recommandé un prolongement de la mission pour un an, en la concentrant, à effectifs constants, sur un nombre limité de priorités. Mais « le maintien de la paix est basé sur le principe du consentement du pays hôte, et sans ce consentement, les opérations sont presque impossibles » a rappelé vendredi El Ghassim Wane, après les déclarations fracassantes du ministre malien. 

La présence de la MINUSMA est surtout importante pour le Canada. 

C’était le 18 avril 2023, lorsque le diplomate canadien est venu rendre une visite de courtoisie au chef du gouvernement et s’enquérir de la situation du processus en cours. L’ambassadeur s’est d’abord intéressé à l’évolution de la Transition et surtout à la MINUSMA à la veille du renouvellement du mandat de la mission. La visite de courtoisie a vite pris l’allure d’une véritable séance de travail. 

Le chef du gouvernement avait expliqué avec méthode la spécificité de la Transition malienne, les multiples et complexes crises qui l’ont engendré et dont la gestion est pour les autorités de la Transition une exigence forte. Autant d’éclairages qui ont convaincu le diplomate canadien qui a affirmé par ailleurs que le porte-feuille de la coopération avec son pays n’est pas obsédé par les questions électorales, mais il s’agissait surtout de la position du Mali sur un éventuel renouvellement du mandat de la MINUSMA, si cela doit intervenir a précisé le chef du gouvernement ce serait conformément aux procédures maliennes pas autrement. D’ailleurs, Chogue Kokalla Maïga avait levé toute équivoque sur la coopération avec le Mali. Nous n’avons de problème avec personne, mais les paradigmes ont changé au Mali qui exige pour toute coopération le respect de sa souveraineté, de ses choix stratégiques et surtout la prise en compte des intérêts du peuple malien. À cette condition le Mali peut coopérer pleinement avec tout pays. 

Le 23 avril, une attaque terroriste d’envergure a eu lieu, repoussée par l’armée malienne. Dix civils et trois soldats ont été tués et 88 terroristes avaient été « neutralisés » lors de multiples incidents survenus au Mali, a indiqué le gouvernement, dans une vague de violence qu’il a qualifiée de « regain d’incidents terroristes perfides ». 

Dans la matinée de ce 23 avril, des terroristes ont attaqué la zone de l’aéroport de Sévaré, dans la région de Mopti (centre), en faisant exploser des voitures piégées qui ont entraîné l’effondrement de quelques maisons et fait 10 morts et 61 blessés, tous des civils, a-t-il indiqué dans un communiqué. 

Deux élus locaux et une source diplomatique ont désigné le lieu de l’attaque comme étant un camp abritant des troupes russes. 

C’est le camp des Russes et de leurs avions qui a été ciblé.  

Ce qui montre l’importance de la présence de la MIMUSMA pour le Canada et donc pour les États-Unis également. 

On peut le dire désormais : l’État malien a désormais crevé l’abcès dans le fâcheux tohu-bohu qu’il entretient avec la MINUSMA depuis dix ans, notamment avec la déclaration, vendredi 16 juin 2023 au conseil de sécurité des Nations unies, du chef de la diplomatie, Abdoulaye Diop, demandant « le retrait sans délai de la mission onusienne » du territoire national malien, à coups de dénonciations de son échec face au défi sécuritaire. 

En effet, malgré les échanges discourtois d’inimitié entre le Mali et la MIMUSMA ces derniers temps, on reste tout de même un peu éberlué par l’inopinée déclaration de notre ministre des Affaires étrangères surtout avec les prédictions visiblement biaisées de certains manitous politiques qui voient un renouvellement du mandat le 29 juin prochain, date à laquelle devra se prononcer les membres du conseil de sécurité de l’ONU sur la reconduction ou pas du mandat de sa mission au Mali. 

Par ailleurs, cette déclaration intervient dans un contexte particulier où sa réalisation peaufinera judicieusement le référendum constitutionnel qui est le socle d’une souveraineté nationale retrouvée à l’effet duquel le départ définitif de la mission onusienne, après celle de l’opération barkhane, ne peut être qu’un choix stratégique plus que payant. 

Force est de reconnaître que ce divorce qui s’annonce semble être de raison face à l’échec patent de l’objectif de son mandat et les présomptions d’instrumentalisation qu’elle traîne et qui la transforme dans l’opinion en une partie du problème sécuritaire et non la solution. 

Le Conseil national de transition prend acte du communiqué n° 55 du Gouvernement de la Transition en date du 16 juin 2023 par lequel les autorités du Mali ont pris l’option stratégique de demander le retrait sans délai de la MINUSMA. 

Tout comme le gouvernement burkinabé, le CNT exprime sa solidarité avec le gouvernement suite à cette décision salutaire et responsable qui intervient après dix ans de présence mitigée de la MINUSMA au Mali. En effet, au regard de l’insuffisance de résultats en matière de stabilisation du Mali et de ses agissements inopportuns en déphasage avec la quête de paix et de réconciliation nationale auxquelles aspire le vaillant peuple malien, la MINUSMA apparaît de plus en plus comme un catalyseur de la crise malienne. Le Conseil national de transition réaffirme sa solidarité et son soutien indéfectible au président de la Transition, le colonel Assimi Goita, pour son attachement ferme à la souveraineté du Mali. Aussi, le Conseil national de transition se propose d’entreprendre toutes autres actions utiles pour accompagner le gouvernement de la transition dans cette démarche. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV