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L'héritage de l'Imam Khomeiny, un modèle viable de gouvernance islamique

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Yuram Abdullah Weiler

Il est juste d’affirmer que sans l'Imam Khomeiny, cela aurait été une autre histoire aujourd'hui. Les secousses idéologiques déclenchées par ce leader charismatique de la Révolution islamique ont dépassé de son vivant les frontières de l'Iran et de la région du golfe Persique.

Trente-quatre ans après son décès, la vie et l'héritage brillants de l'Imam Khomeiny continuent d'être une source d'inspiration pour beaucoup.

Né le 24 septembre 1902 dans la ville de Khomein, au centre de l'Iran, le jeune Rouhollah Moussavi a connu la douleur d'être orphelin à l'âge de cinq mois. À l'âge de 15 ans, le futur fondateur de la République islamique a également perdu sa mère, ce qui lui a rendu les choses extrêmement difficiles.

En 1921, il a émigré dans la ville sainte de Qom pour étudier à l'Assemblée théologique, où il a terminé ses études de « niveau » avec les feux Ayatollah Sayyed Mohammad Taqi Khonsari et Ayatollah Sayyed Ali Yathrebi Kashani.

Au moment où l'Ayatollah Boroujerdi est venu à Qom, l'Imam Khomeiny était déjà un enseignant reconnu avec autorité dans les domaines de la jurisprudence (feqh), de la philosophie (hekmat) et du mysticisme (erfan).

Ce qui a fait de lui un nom familier, c'est son combat courageux contre la dictature Pahlavi. L'Imam Khomeiny a dirigé le mouvement populaire contre le régime impopulaire soutenu par l'Occident en Iran et a mobilisé les masses avec son leadership inspirant et sa puissante éloquence.

Dans l'un de ses discours immortels à l'école Feyziyeh de Qom, prononcé le jour de l'Achoura, il a dénoncé Mohammad Reza Pahlavi pour ses ignobles tentatives d'éradication de l'islam et des érudits religieux (ouléma) de la société iranienne.

Il a ensuite été arrêté par les commandos du régime Pahlavi et emmené à Téhéran, où il a été emprisonné d'abord à la prison Qasr, puis à la base militaire d'Eshrat-Abad pendant près d'un an.

À l'occasion du premier anniversaire de son arrestation et des manifestations qui ont suivi, connues sous le nom de soulèvement du 15 Khordad et brutalement réprimées par le régime du Shah, l'imam a appelé à une journée de deuil général.

Des mois plus tard, il a prononcé un autre discours puissant, condamnant cette fois le bienfaiteur du Shah, les États-Unis d'Amérique, en des termes non équivoques : « Que le monde sache que tous les problèmes que connaissent la nation iranienne et les nations musulmanes viennent des États-Unis. »

« Les nations islamiques détestent l'impérialisme en général et les États-Unis en particulier... Ce sont les États-Unis qui permettent à Israël de faire des Arabes musulmans des sans-abri... »

Une fois de plus, l'imam a été arrêté, mais cette fois, il a été transporté à Ankara, en Turquie, à bord d'un avion militaire pour commencer un exil de sa patrie, qui ne s'est terminé qu'à son retour triomphal 14 ans plus tard, le 12 bahman 1357 soit le 1er février 1979.

Pendant son exil à Najaf, en Irak, l'imam a formulé son concept unique de gouvernance islamique (Hokoumat-e Eslami) dans une série de conférences données au séminaire en 1971.

Au cours de ces sessions, la forme de gouvernement islamique connue sous le nom de Velayat-e Faqih, qui pourrait être traduit par « tutelle par le juriste », a été affinée par lui sur la base de l'hypothèse de la nécessité d'une autorité politique fermement fondée sur la loi islamique (shari'ah) mais mise en œuvre par le biais d'une autonomie locale décentralisée avec la mosquée comme institution centrale pour permettre la participation du public.

Un tel gouvernement serait « un catalyseur et un outil pour déclencher et promouvoir un changement de comportement massif, pour créer une communauté juste ... pour récupérer le gouvernement pour les intérêts humains », et, évidemment, présenter une menace inquiétante pour les complots malfaisants occidentaux.

Le 16 janvier 1979, le Shah a fui l'Iran pour ce qui devait être un autre « séjour temporaire » ailleurs, comme le voyage qu'il avait fait après la tentative de coup d'État américano-britannique initialement infructueuse le 16 août 1953 ; mais cette fois il n'y avait pas de retour.

Deux semaines auparavant, le Shah avait nommé Shapour Bakhtiar Premier ministre, lui ordonnant de former un gouvernement, condamné dès le départ.

Rejetant la légitimité de cette mesure désespérée de la part du Shah, l'imam instaure un conseil révolutionnaire le 12 janvier.

Quelques jours après son arrivée le 1er février, l'imam organisa un gouvernement islamique provisoire et, le 11 février à 14 heures, les forces armées déclarèrent leur neutralité, Bakhtiar s'enfuit à Paris et la victoire de la Révolution islamique était proche.

« La raison fondamentale du succès unique de la révolution islamique iranienne était l'autorité charismatique de [l'Imam] Khomeiny », a écrit Henry L. Munson, Jr., professeur d'anthropologie à l'Université du Maine.

Mais il y avait plus que le simple charisme : l'Imam comprenait pleinement la nature du pouvoir impérial auquel il était confronté, et qui consistait en la puissance de feu massive de l'armée du Shah formée et équipée par les États-Unis.

Par conséquent, au lieu d'une confrontation armée, son approche consistait à faire appel aux soldats d'une manière simple mais efficace, leur demandant de ne pas tirer et de ne pas tuer leurs frères et sœurs civils non armés qui manifestaient.

En conséquence, la puissante machine militaire du Shah a été arrêtée. Les soldats ont d'abord désobéi aux ordres de tirer, puis ont commencé à arrêter les mêmes officiers qui avaient donné ces ordres et, à la fin, les ont accusés de crimes contre l'humanité.

Avec la victoire de la Révolution islamique, l'Imam Khomeiny avait actualisé les propos du sociologue iranien, le Dr. Ali Shariati, qui avait prescrit le remède à la maladie du peuple iranien sous le Shah imposé par les États-Unis comme étant un retour à son identité authentique chiite et islamique.

« Notre peuple ne se souvient de rien de ce passé lointain et ne se soucie pas d'en savoir plus sur les civilisations préislamiques », disait le Dr. Shariati, se référant obliquement à l'obsession du Shah de ramener l'Iran aux gloires d'un passé persan mythique et préislamique et de reléguer l'Islam et ses ouléma (clergé) à la non-pertinence.

« Par conséquent, pour nous, revenir à nos racines ne signifie pas une redécouverte de l'Iran préislamique, mais un retour à nos racines islamiques, en particulier chiites ».

Des années plus tôt, l'intellectuel iranien, auteur et critique social, Jalal Al-e Ahmad, avait qualifié cette maladie sociétale d'adoration aveugle et d'imitation de tout et n'importe quoi d'occidental de « gharbzadegi », qui peut être traduit de différentes manières par « weststruckness », « westoxification », ou « l'engouement pour l'Occident ».

Accusant à juste titre les ouléma traditionnels et quiétistes de servir les intérêts du Shah et des partisans « westoxifiés » du régime par leur silence, le Dr. Shariati a transformé le concept chiite d’« entezar », qui signifiait attendre passivement dans l'attente pleine d'espoir de la réapparition du 12e Imam des chiites, Imam Mahdi (AS), dans le sens de résister activement, d'organiser et de se révolter contre les dirigeants et les gouvernements taghout (injustes et impies) en préparation du retour éventuel de l'Imam.

L'Imam Khomeiny l'a traduit en action, en menant une révolution qui a renversé le régime occidentalisé du Shah et a établi à sa place un gouvernement islamique viable et résistant en Iran, fidèle aux racines chiites du peuple iranien et basé sur son concept de Nezam-e Mohammadi de pur islam mohammadien.

Une Constitution incorporant le principe de Velayat-e faqih de l'Imam Khomeiny, qui reconnaissait l'autorité d'un Guide suprême en tant que gardien-souverain pendant l'occultation du 12e Imam, a été rédigée par un groupe d'érudits islamiques à l'été 1979 et approuvée par une majorité écrasante du peuple iranien en décembre de la même année.

Après avoir prouvé sa viabilité, le concept de gouvernement islamique de l'Imam Khomeiny tel qu'établi en République islamique d'Iran, a ensuite prouvé sa résistance face à un assaut incessant de sanctions économiques, de campagnes de propagande et de guerres par procuration, toutes lancées sous les auspices de ce « Grand Satan », les États-Unis d'Amérique et leurs complices.

Pourtant, malgré divers stratagèmes et complots, la République islamique d'Iran a perduré en tant qu'héritage durable de l'Imam Khomeiny, des décennies après son départ céleste en 1989.

De plus, ceux qui imaginaient que la Révolution islamique passerait avec l'imam ont été choqués de voir que sa mort avait servi à renouveler le zèle révolutionnaire des Iraniens.

Au-delà de l'établissement d'un gouvernement islamique en Iran, l'Imam Khomeiny a initié un changement sismique dans la tectonique géopolitique à la grande horreur des États-Unis et de leurs clients.

Réagissant avec une politique de double confinement, Washington a permis aux forces du dictateur irakien Saddam Hussein d’agresser depuis l'Irak et a soutenu les extrémistes wahhabites en Afghanistan, mais le résultat était ironique.

Les forces américaines ont été prises au piège dans des guerres coûteuses et en constante expansion, et des occupations militaires illimitées pour renverser les mêmes régimes que le Grand Satan avait incités contre l'Iran.

De plus, cette politique mal conçue et imprudente des États-Unis n'a fait que renforcer le statut de la République islamique en tant que puissance croissante, garantissant ainsi l'héritage de l'Imam Khomeiny d'une forme de gouvernance islamique viable et résistante pour les générations futures.

Yuram Abdullah Weiler est un ancien ingénieur devenu écrivain et critique politique basé aux États-Unis.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV