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Zoom Afrique du 23 mai 2023

Zoom Afrique du 23 mai 2023

Les titres de la rédaction :

  • Libye : le gouvernement cible une hausse de 8 % de son plateau de production de brut d’ici la fin de l’année
  • L’Égypte a triplé sa capacité de stockage de blé depuis 2014
  • Burkina Faso : l’exécutif donne le coup d’envoi de la campagne agricole 2023/2024
  • Le Président de la République du Congo, Denis Sassou-N’Guesso inaugure une centrale thermique

Les analyses de la rédaction :

Au Canada, les étudiants africains francophones discriminés 

Malgré une dénonciation de la discrimination qui frappe les étudiants francophones voulant s’établir au Canada, notamment les Africains, le gouvernement fédéral ne semble pas vouloir agir. 

La discrimination d’Immigration Canada à l’égard des étudiants noirs d’Afrique francophone est connue, documentée et dénoncée par des chercheurs et des observateurs de la politique québécoise et canadienne depuis plusieurs années. 

Encore cette semaine, on apprend dans une étude de l’Institut du Québec (IDQ) que le fédéral refuse la moitié des demandes de permis d’études aux étudiants étrangers sélectionnés par le Québec et acceptés par une université québécoise. Ce chiffre augmente à 72 % chez les étudiants africains. 

La dénonciation de cette discrimination et de l’inaction du gouvernement fédéral dans ce dossier va bien au-delà du cercle des experts sur l’immigration. Elle a mobilisé les dirigeants d’institutions d’enseignement supérieur francophones, des acteurs de la scène politique et de la société civile. 

En tant que chercheurs dans les domaines de la sociologie politique et de l’étude sociologique et ethnologique des nationalismes et des relations interethniques, nous nous intéressons aux transformations sociales au Québec et au Canada, ainsi qu’aux représentations sociales de l’immigration. 

À l’échelle globale, cette discrimination envoie un bien mauvais message aux partenaires du Canada dans la francophonie. À l’échelle canadienne, elle a un impact sur la vitalité des institutions des communautés francophones hors Québec. 

À l’échelle québécoise, elle a un impact sur la vitalité des programmes des institutions collégiales et universitaires en région. Enfin à l’échelle montréalaise, elle a aussi un impact sur la vitalité des institutions d’éducation supérieure francophones et en particulier sur la capacité de l’Université du Québec à remplir sa mission sociale. 

Cette situation était connue lors de la victoire du gouvernement minoritaire du Parti libéral du Canada en 2019. Elle l’était encore lors de la victoire du même gouvernement en 2021, toujours minoritaire. Et les données qui viennent d’être publiées par l’IDQ sont sans appel, la situation a perduré en 2022. 

Des améliorations modestes à quelques endroits n’inversent pas une tendance de fond qui est aussi têtue que tenace. Les données démontrent qu’en dépit des avertissements, des mobilisations et des enquêtes de nombreux journalistes, Immigration Canada se traîne les pieds. 

Dans ce dossier, le gouvernement du Québec n’a pas toujours été à l’abri des critiques. La réforme de l’immigration pilotée en 2020 par Simon Jolin-Barette s’était attiré les critiques pour un ensemble de raisons. L’une d’entre elles était une modification du programme de l’expérience québécoise qui venait ralentir, voir entraver, l’obtention de l’accès à la citoyenneté pour les étudiants étrangers faisant leurs études au Québec. 

Ce virage de la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration est au diapason avec les avis éclairés des institutions d’enseignement supérieur québécoises. Il apporte également de l’espoir au milieu de l’éducation supérieure francophone montréalais qui dénonce depuis plusieurs années le fait qu’il ne lutte pas à armes égales avec les institutions d’enseignement supérieur anglophones. 

Ces dernières évoluent sur un marché complètement différent de celui des universités francophones. Depuis le déplafonnement des frais imposés aux étudiants étrangers, les institutions d’enseignement supérieur anglophones engrangent ainsi des revenus nettement supérieurs à ceux des institutions francophones. Comme l’ont dénoncé de nombreux acteurs du milieu de l’éducation, cette inégalité systémique affecte grandement l’attrait des institutions francophones et la capacité du réseau de l’Université du Québec à remplir sa mission universitaire et d’intégration sociale. 

Face à cet important changement de cap du gouvernement du Québec, l’inaction d’Immigration Canada ne peut faire autrement que de susciter encore plus d’incompréhension. 

Après avoir blâmé les pratiques discriminatoires de son ministère sur des erreurs algorithmiques, sous-contracté le travail de ses propres fonctionnaires à la firme McKinsey, avoir reconnu un problème de discrimination systémique au sein même de son organisation, et s’être engagé à s’attaquer à ce problème, les chiffres pour l’année 2022 du ministère de Sean Fraser témoignent des mêmes ratés et de la même dynamique discriminatoire que durant les années précédentes. 

Lors d’un moment gênant, la secrétaire parlementaire du ministre a été chargée de défendre son bilan. La légère hausse des acceptations qu’elle a alors évoquée ne répond pas aux attentes légitimes des étudiants dont les dossiers ont été acceptés par une institution québécoise. 

Ottawa doit tirer des conclusions de ces nouvelles données. Si le gouvernement Trudeau ne se faisait pas le champion de la lutte contre le racisme systémique sur toutes les tribunes, ce manque de crédibilité de son ministre passerait peut-être. Mais à ce stade-ci, le ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser, n’a plus la légitimité requise pour conserver ce dossier. 

Cette inaction du Parti libéral fédéral sur un enjeu aussi important pour le Québec et la francophonie canadienne est regrettable. Elle jette une ombre sur l’importante réussite qu’a été la mise à jour de la Loi sur les langues officielles qui a été célébrée avec raison à Ottawa, comme à Québec. 

Car, si l’on veut célébrer la nouvelle mouture de la Loi sur les langues officielles, il faut être conséquent et donner accès aux institutions d’enseignement supérieur francophones à l’ensemble des étudiants qui veulent faire vivre cette francophonie. 

Il faut se réjouir du fait que ce message ait été compris à Québec. Il est plus que regrettable qu’il tarde autant à se faire entendre à Ottawa. 

Le G5 Sahel bientôt mort ?

Le président du G5 Sahel, le Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, voudrait que le G5 Sahel s’ouvre à d’autres pays. La survie de l’organisation en dépend… 

En février dernier, le G5 Sahel tenait son tout premier sommet extraordinaire depuis le retrait du Mali, à qui aurait dû revenir la présidence. Étant donné que l’organisation a préféré s’aligner sur la volonté des Occidentaux, en l’occurrence de Paris, et donc décidé de mettre Bamako sur la touche, le gouvernement malien a décidé de se retirer de l’organisation. Face à ce retrait du Mali, l’organisation avait d’ailleurs appelé de ses vœux Bamako à revenir. 

Mais dans les faits, le G5 Sahel, même avant le départ du Mali, n’était que très peu efficace. Comme l’explique Geoffroy Chevignard, du cercle de réflexion Nemrod-Enjeux Contemporains de Défense et de Sécurité, « l’organisation a toujours été défectueuse. Le Mali parti de l’organisation, la pertinence de celle-ci interroge, et ses acteurs pourraient chercher à instaurer de nouveaux partenariats. Ceux-ci prendraient la forme de coopérations bilatérales entre les États du G5 Sahel, de nouvelles coopérations sous-régionales, et de coopérations avec des acteurs extérieurs, alors que les regards des grandes puissances se tournent d’une façon redynamisée vers l’Afrique ». 

C’est effectivement la réflexion lancée par le président en exercice du G5 Sahel. Le chef de l’État mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, veut en effet « redynamiser » l’organisation, assure Africa Intelligence qui indique par ailleurs que le président mauritanien va faire une série de propositions pour la prochaine réunion du G5 Sahel qui aura lieu cet été à Nouakchott. 

Vers des coopérations bilatérales ou de nouvelles adhésions ? 

Et parmi les pistes évoquées, la plus plausible est « l’intégration au sein d’une architecture régionale plus large ». Mais faut-il intégrer de nouveaux pays à un G5 Sahel qui pourrait ainsi devenir un G6 ou un G7 ? Ou faut-il simplement lancer, comme l’indique le chercheur Geoffroy Chevignard, proposer des coopérations bilatérales avec des pays tiers ? 

Depuis plusieurs années, l’absence d’Alger au sein de l’institution questionne. Le G5 Sahel peut-il en effet être efficace dans la sous-région sans que l’Algérie en soit membre ? L’expert en sécurité Abass Abdoulmoumouni estime que « même avec le Mali, le G5 Sahel ne peut valablement faire face au terrorisme sans l’Algérie qui est un autre poids assez important qu’il faut intégrer aujourd’hui dans la dynamique de lutte contre le terrorisme au Sahel et qui va impliquer absolument le départ de la France totalement du Sahel ». 

Reste que du côté du G5 Sahel, on sait que le temps est compté. Le retrait du Mali a fait beaucoup de mal à une organisation déjà moribonde. En février, le G5 Sahel a lancé un « appel à l’implication et l’engagement de tous les partenaires pour soutenir la nouvelle dynamique ». Mohamed Ould El-Ghazaouani espère redonner un second souffle à ce G5 Sahel, qui passerait par une implication plus forte de la communauté internationale. 

La Minusma ne répond pas aux attentes du Mali

Au Mali, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a partagé ce jeudi 18 mai avec le corps diplomatique accrédité dans le pays, l’actualité malienne et l’évolution de la transition. À quelques semaines de la réunion du conseil de sécurité des Nations unies sur le Mali, le ministre Diop a laissé entendre que la configuration de la MINUSMA ne répond pas aux attentes du Mali. 

La rencontre qui a duré pendant plus d’une heure a été une opportunité d’échanges sur les questions d’actualité nationale ; les sujets prioritaires pour les Autorités ; et les attentes du Mali vis-à-vis de ses partenaires, le mandat de la MINUSMA ; les partenariats du Mali ; le processus de paix, entre autres. 
Au cours de cet échange direct, le ministre Abdoulaye DIOP a fait le point du processus de la transition en cours depuis août 2020. 
Sous pression de la communauté internationale, pour le retour à l’ordre constitutionnel, le ministre DIOP a indiqué que toutes les mesures relatives au processus politique avaient été conçues et réalisées dans une démarche consensuelle et inclusive. 
Pour DIOP, conformément aux attentes largement exprimées par les populations maliennes lors des ANR, les autorités de la Transition ont pris des mesures fortes et irréversibles pour un retour à un ordre constitutionnel sécurisé et apaisé en s’appuyant sur les avancées suivantes : la convocation du collège électoral pour le référendum constitutionnel, le 18 juin 2023 ; l’installation de l’AIGE ; la mise en place en cours de finalisation de ses coordinations ; et le nouveau découpage territorial pour une meilleure représentation des populations maliennes. 

Regrettant une campagne hostile de certains États et organisations internationales contre le Mali, en instrumentalisant la question des droits de l’homme, il a réaffirmé que les opérations de lutte contre le terrorisme sont menées par les Forces armées maliennes dans le strict respect des droits de l’Homme. 
À Moura, a insisté DIOP, aucun civil n’a été tué contrairement aux conclusions du rapport de l’ONU qui rapportent que 500 personnes ont tuées sur une population 4 000 soit 12 % de la population de ce village. 
Cette affirmation est dangereuse, car elle jette l’opprobre sur l’institution militaire et étatique, sans aucune précaution d’usage en matière d’enquête, a laissé entendre Abdoulaye DIOP. 
Abordant l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale dont la mise en œuvre connaît des difficultés, il a réitéré l’engagement du gouvernement de respecter ses engagements dans ce document. Et la visite du ministre Ismaël WAGUE traduit de la volonté du gouvernement d’œuvrer pour la paix et signe de sa main tenue aux groupes armés signataires. 
Quant au mandat de la MINUSMA au cœur de polémiques entre Maliens, les discussions sont en cours pour son avenir. Le Conseil de sécurité donnera fin juin une décision. 
À ce sujet, la configuration de la MINUSMA ne répond aucunement aux attentes du Mali, au besoin de sécurité des Maliennes et des Maliens, selon le ministre DIOP qui précise que les recommandations n’ont pas pris en compte les préoccupations sécuritaires du Mali. 
La priorité du pays, selon lui, n’est pas l’effectif de la Mission, mais sa posture à apporter de l’aide aux forces maliennes en vue de sécuriser les populations. 
Ainsi, le Mali attend une proposition qui répond à ses besoins réels, communiqués plusieurs fois. Sans la prise en compte des préoccupations des autorités maliennes, la Mission serait contre-productive, car ça entretiendrait l’illusion d’un maintien de la paix, paix qui n’existe d’ailleurs pas comme avoué par le Secrétaire général. 
Après la rencontre, des diplomates ont salué la démarche du ministre DIOP, à l’image de celui de l’Algérie. Pour ce dernier, c’est une heureuse initiative d’échanger sur l’actualité du pays. 
« Je crois que le Mali progresse, mais c’est difficile », a indiqué le diplomate algérien dont le pays est le chef de file de la médiation dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. 
Presque arrêté à cause des divergences entre les parties signataires, le diplomate algérien a souligné que son pays déploie des efforts auprès des parties signataires pour la reprise du dialogue en vue de la poursuite de la mise en œuvre dudit document de recherche de la paix. 
« Nous poursuivons nos efforts avec la conviction que les Maliens sont les premiers à vouloir la paix entre eux », a-t-il indiqué. 
Pour sa part, l’ambassadeur du Sénégal a salué la rencontre qui permet aux représentants d’État résidant au Mali d’avoir des informations à la source qui les mettraient à l’abri des spéculations. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV