Par Xavier Villar
Chaque année, le dernier vendredi du mois sacré du Ramadan, la Journée internationale de Qods est célébrée avec une immense ferveur dans le monde entier.
Elle a été célébrée pour la première fois en 1979, après la révolution islamique, à l'initiative de l'imam Khomeini, afin d'apporter soutien et solidarité aux Palestiniens dans leur lutte pour la libération des territoires occupés du joug du régime sioniste.
L'importance de la Palestine et de la cause palestinienne est cruciale pour comprendre le fondement même de la République islamique.
Son importance en tant que symbole politique dans le discours qu'elle véhicule existe depuis sa création en 1979 et faisait partie de l'idéologie politique de l'imam Khomeini même avant cela.
À cet égard, on peut citer le sermon de l'imam Khomeini dans la ville de Qom en 1963, dans lequel il a publiquement dénoncé le régime Pahlavi pour ses relations avec l'entité sioniste et pour sa trahison de la cause palestinienne.
Cette condamnation, qui a conduit à l'arrestation de l'imam Khomeini, est toujours considérée en Iran comme l'un des discours fondateurs de l'islam dans le pays. Il convient de rappeler que l'un des premiers actes diplomatiques de la République islamique a été de rompre toute relation avec l'entité illégitime qu'est le sionisme.
Pour comprendre le rôle que joue la Palestine au sein de l'Oumma, il faut cesser de se focaliser exclusivement sur l'État-nation comme lieu de compréhension de la politique.
Le cadre national, en raison de son origine coloniale, nie la nature globale du projet islamique. La politique représentée par la République islamique cherche à exprimer, à travers la célébration de la journée Qods, l'unité de tous les musulmans et une approche de la Palestine par l'Oumma.
En même temps, cette journée sert à nous rappeler que le projet sioniste, un projet construit sur l'exclusion raciale, est le principal élément d'instabilité et d'insécurité en Asie de l'Ouest depuis 1948.
La Palestine devient non seulement l'un des points d'unité de l'Oumma, avec d'autres comme le Cachemire, mais le soutien à la Palestine sert également à remettre en question la légitimité de l'entité sioniste et du projet occidental sur lequel elle est bâtie.
Ces deux ensembles cherchent à s'homogénéiser en excluant tous ceux qui n'appartiennent pas au projet. C'est précisément cette recherche d'homogénéisation par l'exclusion qui fait de l'entité sioniste une tentative de construction d'un régime racial.
Et c'est la racialisation constante des Palestiniens qui en fait un projet totalement illégitime.
L'horizon théorique occidental ne prend pas en compte la centralité de la race dans le contexte palestinien. Précisément, l'oppression subie par la Palestine sous le sionisme représente le vrai visage du libéralisme en particulier et du discours occidental en général.
Cela se manifeste dans les technologies de surveillance et de contrôle qui impliquent la catégorisation, la hiérarchie, les transferts de population et les démolitions.
Ces mécanismes de surveillance et de contrôle ont été introduits par les colons sionistes bien avant 1948, s'appropriant les terres palestiniennes avant, pendant et après la Nakba, et niant les droits des Palestiniens.
Nous ne pouvons manquer de mentionner que la journée de Qods sert à rappeler aux pays musulmans qu'ils doivent prendre une position politique contre l'agression sioniste perpétuelle et son illégitimité.
Selon plusieurs enquêtes, la majorité de la population montre une grande sensibilité envers la Palestine dans ces pays, même dans ceux qui ont signé des accords de normalisation farfelus avec l'entité sioniste et ont ainsi trahi la cause de la Palestine et de l'Oumma.
Selon l'expert iranien Jafar Qannadbash, membre du Conseil stratégique des relations internationales, la question palestinienne reste un enjeu vital pour la politique régionale, et toute forme de trahison de la cause palestinienne présenterait un risque de déstabilisation interne pour ceux qui décideraient de partir contre l'avis majoritaire de leurs citoyens.
La Journée internationale de Qods nous rappelle la relation politique entre la République islamique d'Iran et la Palestine. Cette relation ne peut être réduite à une simple transaction matérielle, mais souligne le fait que les deux sont des éléments d'un ensemble politique dont le but ultime est la destruction de toutes les formes d'oppression.
La libération de la Palestine est d'une importance vitale pour ceux qui aspirent à construire une identité musulmane fondée sur la justice, l'absence d'oppression et de hiérarchies raciales. La journée de Qods est une journée pour continuer à lutter pour cet horizon libérateur.
Xavier Villar est docteur en études islamiques et chercheur qui partage son temps entre l'Espagne et l'Iran.
