Défaite et morosité : des millions de personnes se rassemblent pour un changement de régime dans la France de Macron
Par Syed Zafar Mehdi
Quelques jours après avoir accueilli à Paris en novembre dernier des agitateurs anti-iraniens financés par la CIA, le président français Emmanuel Macron avait qualifié avec fantaisie les violentes émeutes en Iran de « révolution ».
"La diplomatie, c'est parler avec des gens avec qui on n'est pas d'accord et essayer de faire quelque chose d'utile", avait-il déclaré à l'époque, ne sachant pas ou ne voulant pas savoir que la vraie révolution se préparait chez lui.
Au cours des trois derniers mois, des manifestations antigouvernementales ont saisi la France à propos de la décision controversée de Macron de relever l'âge de la retraite de 62 à 64 ans, rappelant à beaucoup le mouvement des Gilets jaunes, un phénomène sans précédent dans l'histoire des mouvements socio-économiques mondiaux.
Ces derniers jours, les manifestations en France ont pris de l'ampleur, des millions de personnes étant descendues dans la rue à travers le pays, exigeant le renversement du gouvernement impopulaire de Macron.
Selon les syndicats CGT, près de 3,5 millions de personnes ont pris d'assaut les rues lors d'une grève générale nationale jeudi, la colère du public ne montrant aucun signe d'apaisement. Bien que le président assiégé ait survécu de peu au vote de défiance de lundi, son destin politique est pratiquement scellé.
En d'autres termes, les manifestants en colère ne demandent pas simplement l'annulation du soi-disant "plan de réforme des retraites", mais appellent avec véhémence à un changement de régime en France et au bannissement de Macron.
Vendredi, le roi de Grande-Bretagne Charles III a également été contraint d'annuler sa visite d'État en France alors que la violence a éclaté dans de nombreuses villes en réponse à l'appel à la grève nationale lancé par les syndicats.
Les écoles, les entreprises, les transports, les raffineries de pétrole et les centrales énergétiques ont été gravement touchés par les troubles, en particulier après que Macron a annulé la décision des législateurs de repousser la décision sans le vote du Parlement.
Jeudi, comme l'ont rapporté les médias locaux, des manifestants en colère ont scandé "Macron dehors" alors qu'ils défilaient à Paris et se rassemblaient place de la Bastille - où la Révolution française a commencé.
Dans la capitale française, des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montraient des policiers lançant des grenades lacrymogènes sur des manifestants, forçant la fermeture de supermarchés et de fast-foods.
Plus de 500 manifestants ont été arrêtés cette semaine seulement, la plupart à Paris, bien plus que les arrestations lors des précédents cycles de manifestations en janvier et février, selon les médias français.
Les manifestations qui font rage et la répression policière brutale montrent que le président français assiégé n'a pas tiré les leçons du mouvement massif des Gilets jaunes lors de son premier mandat en 2018-19.
Dans une interview la semaine dernière, Macron a parlé de manifestations «légitimes», les différenciant des «manifestations violentes», tout en mettant en garde contre une émeute de style Capitole survenue le 6 janvier.
Il est utile de rappeler ici qu’il n'y a pas si longtemps, le président français était déterminé à donner une légitimité aux émeutiers violents soutenus par l'Occident en Iran et à qualifier leurs actes de violence et de vandalisme de "révolution".
Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lors de sa visite du siège de la police jeudi, a qualifié les manifestants de "fauteurs de troubles" qui, selon lui, "veulent renverser l'État et tuer la police".
En Iran, cependant, des émeutiers et des terroristes qui se sont récemment déchaînés à travers le pays, tuant de sang-froid des policiers et des volontaires du Basij, ont été salués comme des "combattants de la liberté" par les responsables français.
Dans un communiqué publié vendredi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a poliment rappelé aux autorités françaises leur responsabilité de parler aux manifestants et d'écouter leurs doléances, au lieu de se mêler des affaires intérieures des autres pays.
Remarquablement, alors que les grands médias occidentaux sont devenus fous pendant les émeutes en Iran et ont effrontément poussé à un récit du «changement de régime» par la déformation des faits, les protestations actuelles en France font passer Macron pour une victime en mettant les manifestants français pourtant « pacifiques » sur le banc des accusés, pour avoir exigé une justice sociale.
Selon les sondages, les deux tiers de la population française ont rejeté la réforme des retraites de Macron et des millions de personnes sont déjà dans la rue depuis la mi-janvier, ce qui signifie que « c’est écrit sur le mur » ou plutôt on entrevoit déjà ce qui attend Macron au final.
La France d'aujourd'hui n'est pas à bout de ces troubles civils. Elle fait déjà face à une guerre civile. Le gouvernement impopulaire de Macron est condamné et le président assiégé lui-même écrit sa nécrologie.
L'heure est au « changement de régime » en France. Et ce changement ne nécessite aucune intervention extérieure. Les Français sont assez mûrs pour ne plus avoir bientôt affaire avec Emmanuel Macron.
Syed Zafar Mehdi est un journaliste, commentateur politique et auteur basé à Téhéran. Il a réalisé des reportages pendant plus de 13 ans sur l'Inde, l'Afghanistan, le Cachemire et l'Asie occidentale pour des publications de premier plan dans le monde entier.
(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV.)