Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. RCA : les services secrets US et français envisagent une invasion de la RCA via la RDC ?
Ces derniers temps, la question d’une menace extérieure pesant sur la Centrafrique a occupé le devant de la scène médiatique. L’analyste militaire Sylvain Nguema, originaire de la République centrafricaine, a décrit la situation sécuritaire dans le pays et à ses frontières.
Selon lui, la situation sécuritaire du pays est alarmante, car les tentatives de déstabilisation de la RCA par des mercenaires financés par l’Occident se sont récemment intensifiées. Cependant, les services de renseignement centrafricains sont très vigilants et surveillent les menaces non seulement à l’intérieur du pays, mais aussi à proximité des frontières.
Récemment, il a été signalé que l’ONG française ASDH est arrivée le 21 février à Zongo, sur les rives du fleuve Oubangui en RDC, à quelques centaines de mètres de Bangui, la capitale de la République centrafricaine. Il est intéressant de noter que l’information sur cette ONG n’était mentionnée nulle part auparavant. Les agents de l’ONG sont arrivés à Zongo à bord d’un petit avion affrété pour le transport de matériel médical. Selon des témoins, une morgue mobile portable a été déchargée de l’avion.
Selon des déclarations officielles, l’ONG française voulait construire un entrepôt près de l’aérodrome de Zongo pour stocker du matériel médical. Mais Silvan Nguema est convaincu que les services secrets américains et français préparent ainsi une invasion à grande échelle de la RCA dans le but de renverser le gouvernement actuel. L’une des zones probables à partir desquelles une attaque sur la RCA est prévue est le territoire de la RDC, et Zongo en particulier. Il a notamment été rapporté à plusieurs reprises que les services de renseignement américains et français prévoient d’utiliser cet aérodrome pour acheminer des éléments rebelles et terroristes du chef de guerre congolais Bemba vers le territoire centrafricain.
Silvan Nguema a souligné que les pays occidentaux tentent depuis longtemps de renverser un gouvernement centrafricain indésirable pour les Occidentaux, mais pourtant légitime et d’amener leurs mandataires au pouvoir afin d’avoir un accès aisé aux richesses naturelles de la RCA. Ainsi, les pays occidentaux, en particulier la France, parrainent des mercenaires dans les zones frontalières afin de favoriser la rébellion armée en RCA. Cependant, l’analyste militaire a souligné que toute tentative de déstabilisation de la RCA est immédiatement connue des services de renseignement efficaces, et les Forces Armées Centrafricaines et leurs alliés sont toujours prêts à repousser tout coup, il faut rester prudent certes, mais selon lui, il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter.
2. Mali-Burkina : une union historique exemplaire!
Le Premier ministre malien est arrivé à Ouagadougou jeudi. Le Burkina Faso et le Mali mettent en place les bases de l’union historique.
Des pans entiers de ces deux pays sont aussi victimes des exactions des terroristes à la solde de l’Occident. Comme Bamako, Ouagadougou a dénoncé mi-janvier les accords militaires qui le liaient à la France et torpillaient les efforts de sécurisation de leurs territoires respectifs. Décision saluée par le Malien Choguel Maïga.
« Pour gagner la guerre, c’est avec nos armées. Aucune armée étrangère, il faut que cela soit clair, personne ne viendra mourir pour nous. Ce sont les Africains qui doivent défendre, mais pour qu’ils défendent, il faut qu’ils soient sûrs que leur peuple est avec eux, qu’ils ne mourront jamais pour rien », a déclaré le Premier ministre malien.
Les attaques des terroristes sont justement de plus en plus meurtrières. Mercredi, au moins une douzaine des supplétifs de l’armée ont été tués dans le nord.
« C’est une période difficile parce que vous avez fait aujourd’hui des choix qui ne sont pas du goût de tout le monde donc on vous met la pression, on sème le doute et c’est en ce moment que je crois comme tous les grands peuples, le peuple burkinabè doit être debout comme un », a souligné Choguel Kokalla Maïga.
Le Mali et le Burkina se sont engagés, dimanche, à faire de l’axe Bamako-Ouagadougou un modèle réussi d’intégration sous-régionale et de coopération Sud-Sud.
C’est ce qui ressort d’un communiqué conjoint rendu public à l’issue de la visite du Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, à la tête d’une forte délégation ministérielle, au Burkina Faso, du 23 au 26 février 2023.
Les deux délégations se sont réjouies de la tenue du Conseil conjoint de gouvernement avant de souhaiter que ce cadre de concertation bilatérale soit institutionnalisé avec une périodicité de 6 mois pour sa tenue et de façon alternée.
Les deux parties ont, en outre, « réaffirmé leur engagement à faire de l’axe Bamako-Ouagadougou un modèle réussi d’intégration sous-régionale et de coopération Sud-Sud ».
« Le Conseil conjoint de gouvernements a procédé à l’examen de questions spécifiques telles que les processus de transition des deux pays, les questions sécuritaires et de lutte contre le terrorisme, les questions humanitaires, la coopération régionale et les sanctions communautaires à l’encontre des deux pays, le renforcement de l’axe Bamako-Ouagadougou et le projet de fédération », poursuit le communiqué conjoint.
Concernant la lutte contre le terrorisme, le Burkina Faso et le Mali « ont relevé la nécessité de conjuguer leurs efforts avec ceux des autres pays de la sous-région pour faire face à ce fléau et, appellent à une synergie d’actions au niveau régional pour l’endiguer ».
Sur le projet de fédération entre le Burkina Faso et le Mali, le document souligne que « les deux parties ont convenu de renforcer les réflexions sur la question ».
« Abordant la question de la coopération au sein des instances sous-régionales, régionales et internationales, les chefs de délégation ont salué la convergence des vues des chefs d’État sur les questions d’intérêt commun et déploré le maintien et le durcissement des sanctions de la CEDEAO à l’encontre des trois pays en transition, à savoir le Burkina Faso, la République du Mali et celle de la Guinée, en dépit de leur plaidoyer pour la levée des desdites sanctions », lit-on dans le communiqué conjoint.
Ils ont également relevé que ces « sanctions imposées de façon mécanique, dont l’impact touche les populations des Etats concernés, ne tiennent pas en compte souvent des causes profondes et complexes des changements politiques et appellent la communauté internationale à un changement de paradigme dans son appréciation ».
Enfin, le Premier ministre du Mali, Choguel Kokalla Maïga, a invité « son homologue à effectuer une visite d’amitié et de travail en République du Mali », indique le communiqué.
Les deux gouvernements ont abordé des questions d’intérêt commun aux deux peuples, en particulier les questions sécuritaires, la lutte contre le terrorisme, les questions humanitaires et les questions internationales, a indiqué la présidence burkinabè dans un communiqué.
« Tout le temps que nous avons passé à discuter, c’est de voir comment nous pouvons proposer des jalons pour la Fédération des deux pays, des deux peuples. Les peuples sont déjà fédérés et ce sont les artifices administratifs et politiques qui les séparent », a déclaré le chef du gouvernement burkinabè Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambèla.
« Nous pouvons essayer de mettre de côté ces artifices afin que les peuples puissent se rencontrer et aller ensemble beaucoup plus facilement. Pour être clair, nous sommes engagés dans la fédération de nos deux pays », a-t-il ajouté.
S’agissant des questions sécuritaires, le chef du gouvernement malien Choguel Kokalla Maïga a indiqué que les officiers supérieurs des deux pays s’occupent de ces volets.
Pour lui, le Burkina Faso et le Mali n’ont pas de problème communautaire. « C’est fabriqué ailleurs et des hommes sont instrumentalisés pour distraire nos gouvernements. Nous avons décidé de ne plus être distraits, de nous consacrer sur ce que j’ai appelé la contradiction principale : lutter pour la paix des populations, leur donner la sécurité, sécurité physique, alimentaire, éducationnelle, sanitaire et autres. Parce que sans sécurité, il n’y a pas de démocratie », a-t-il expliqué.
Peu avant le conseil, des ministres conjoint, le ministre burkinabè en charge de l’Energie Simon-Pierre Boussim, a expliqué à l’issue d’une rencontre avec son homologue malien en charge de l’énergie que les deux pays envisagent une interconnexion électrique en relation avec la République de Guinée.
« Cette interconnexion nous permettra de développer notre capacité énergétique afin de propulser davantage l’industrialisation », a-t-il soutenu.
Dans le domaine des mines, les deux Etats ont convenu de renforcer ensemble la sécurisation des sites miniers et la lutte contre la fraude de l’or. « Nous devons travailler à assécher définitivement les sources de financement du terrorisme », a martelé Simon-Pierre Boussim.
S’agissant du domaine des transports, les experts des deux pays ont convenu entre autres, de mettre l’accent sur le ferroviaire et de construire et renforcer le corridor Conakry-Bamako-Ouagadougou.
Le Premier ministre malien de la Transition Choguel Kokalla Maïga, accompagné d’une délégation d’une cinquantaine de personnes dont dix ministres est arrivé jeudi, à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, pour une visite d’amitié et de travail qui s’achève demain 26 février.
3. Gabon, Angola, Congo, RDC… Macron a-t-il encore une chance?
Du 1er au 5 mars, Emmanuel Macron se rendra au Gabon, en Angola, au Congo-Brazzaville et en RDC. Une mini-tournée qui s’organise alors que la France a perdu beaucoup son influence en Afrique.
Dans moins d’une semaine, le président français Emmanuel Macron débutera sa petite tournée en Afrique qui l’emmènera dans le Bassin du Congo, mais également en Angola. À l’heure où la France est ballottée sur le continent africain, c’est le moment pour le locataire de l’Élysée de tenter de montrer qu’il compte encore. Pour éviter le fiasco, Emmanuel Macron a choisi un sujet qui ne devrait pas le mettre en difficulté, puisqu’il participera au One Forest Summit à Libreville, au Gabon, les 1er et 2 mars.
Ce sommet « consacré à la préservation et la valorisation des forêts du bassin du fleuve Congo », annoncé lors de la COP27 de Sharm el-Sheikh par Emmanuel Macron et Ali Bongo, est une occasion pour la France de montrer qu’elle est encore présente aux côtés du Gabon, alors même que le pays s’est tourné vers le Commonwealth ces derniers mois. Et l’environnement semble être un thème assez fédérateur pour qu’Emmanuel Macron ne soit pas chahuté.
Cela dit, la société civile gabonaise compte montrer qu’Emmanuel Macron n’est pas le bienvenu à Libreville ces 1er et 2 mars 2023. Le président français qui veut assurer à son pays une présence de haut niveau au « One forest summit » se verra réserver un accueil qu’il ne risque pas d’oublier de sitôt.
En effet, la Fédération des mouvements citoyens anti-françafricains du Gabon est vent debout contre la venue du chef de l’État français. Mieux, il est question de lui faire subir une humiliation à la hauteur de l’impopularité grandissante de la France sur le continent, notamment depuis que Macron est le locataire de l’Élysée. Beaucoup accuse la France de piller le Gabon et les autres pays du continent.
« La colère des Gabonais ne cesse de s’amplifier. Les autorités françaises et gabonaises auront-elles les oreilles assez fines pour écouter ? Peut-on espérer qu’ils soient habités par la sagesse pour reconsidérer le voyage du président de la République française au Gabon ? » fustige un membre de la société civile.
Pour le mouvement souverainiste et anti-françafrique dénommé « The NewPower », il faut paralyser l’économie en restant chez soi les 1er et 2 mars 2023. « À ces dates, Macron séjournera dans notre pays. À cet effet, en plus de la ville morte, nous organiserons des concerts de casseroles pour exiger le départ des troupes françaises du Gabon », peut-on lire sur les différentes plateformes de communication des frondeurs qui s’opposent à la visite d’Emmanuel Macron à Libreville.
Dès la fin du sommet, le président français se rendra ensuite en Angola. Un voyage qui montre à quel point la France est mal embarquée en Afrique. Le chef de l’État met donc le cap sur la partie lusophone du continent. À Luanda, il mettra le point final à un partenariat de production agricole entre la France et l’Angola. Une façon pour Paris de diversifier ses partenariats.
Puis Emmanuel Macron reviendra dans le Bassin du Congo. À Brazzaville cette fois, où il rencontrera Denis Sassou N’Guesso.
Le point d’orgue de la tournée de Macron sera son passage, ensuite, à Kinshasa. Le président français traversera le fleuve pour approfondir « la relation franco-congolaise dans les domaines de l’éducation, de la santé, la recherche, la culture et de la défense » avec son homologue Félix Tshisekedi.
Ce voyage présidentiel sera d’une importance capitale pour Emmanuel Macron. Le président français a promis de consolider ses relations avec l’Afrique pour son deuxième mandat. En juillet dernier, il avait effectué une tournée au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau. Depuis, l’Élysée a tenté de renouer avec l’Algérie et Macron s’était rendu en voyage chez Abdelmadjid Tebboune en août dernier, voyage, lors duquel, la population algérienne avait montré son mécontentement quant à la venue d’Emmanuel Macron.
Pour sa visite en RDC, la visite de Macron intervient dans un contexte particulier marqué par l’agression de la RDC par son voisin le Rwanda via la rébellion du M23 qui occupe plusieurs villages et localités dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi. Les autorités congolaises attentent de la France qu’elle condamne clairement l’agression rwandaise.
“...Lorsqu’à travers le monde il y a un peuple qui est soumis à des contraintes de se déplacer parce qu’il y a un pays, en l'espèce le Rwanda qui lui a apporté la guerre, que la France aussi pose des gestes de solidarité notamment en disant à ceux qui emmènent la guerre chez nous pour nous piller de ne pas le faire, donc ça doit être clair », a dit Christophe Lutundula, VPM des affaires étrangères lors d'un briefing conjoint avec son collègue de la Communication et Médias le samedi 25 février dernier.
« La France est un pays membre permanent du Conseil de Sécurité, c'est-à-dire un des pays qui ont la responsabilité de la paix, de la sécurité dans le monde… nous sommes tous de la Francophonie, là aussi il y a la déclaration de Bamako, il y a une série de valeurs qui se trouvent dans ces instruments communs avec la France. Donc la France doit aussi se porter à la hauteur de ses responsabilités parce que ça ne me gène pas, il n'y a pas de Francophonie sans la France. Si la France est à côté des valeurs de la Francophonie, ça ne vaut pas la peine », a expliqué Lutundula.
En RDC, de nombreux analystes et membre de la société civile ont déjà dénoncé le silence de la Communauté internationale concernant les agressions du Rwanda dans l’est de la RDC. Macron tenterait-il de jouer sur les deux tableaux en s’occupant du volet sécuritaire de la RDC tout en restant derrière Kigali ?
À l’heure où les consciences se sont élevées en Afrique, les tentatives propagandistes et trompeuses de la France arriveront à duper les Africains ? Difficile de le croire en tout cas...
Ces petites tournées d’Emmanuel Macron se font dans un contexte où, sur le continent, les liens de la France avec l’Afrique provoquent de plus en plus de débats au sein d'une jeunesse soucieuse d'inventer un nouveau type de relations internationales, mais surtout, le développement et la propagation du sentiment pro-Afrique !